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Alger: Echauffourées entre médecins résidents et policiers, des blessés

par Yazid Alilat

Grande tension hier mercredi devant l'entrée principale du CHU Mustapha Pacha d'Alger, à la Place du 1er Mai, avec des échauffourées entre médecins résidents et forces de l'ordre.

Après plusieurs journées de protestations et de grèves organisées dans les différents CHU du pays, qui n'ont donné aucun résultat, des centaines de médecins résidents ont répondu à l'appel d'un rassemblement national mercredi contre le silence du ministre à leurs revendications. Ils étaient des centaines venus de plusieurs wilayas pour forcer le ministère de la Santé à reprendre le dialogue sur les principales revendications de l'organisation des médecins résidents.

Mais, l'intervention des forces de police et la fermeture de l'accès principal du CHU Mustapha Pacha ont vite fait de dégénérer et mener à des interventions musclées des policiers, selon des témoins. Un premier bilan établi hier vers 14 heures faisait état de plusieurs manifestants blessés, dont un dans un état grave, qui a été évacué par ses camarades. Les médecins résidents protestataires se sont d'abord rassemblés à l'intérieur de l'hôpital, puis, lorsqu'ils ont tenté de sortir dans la rue, ils en ont été empêchés, les portes de l'enceinte de l'hôpital Mustapha Pacha ayant été fermées par les policiers des forces anti-émeutes, déployés en grand nombre. Un draconien dispositif de sécurité a été mis en place, empêchant quiconque d'entrer ou de sortir du CHU. Quant aux patients, ils ont dû attendre que la situation se calme, alors que certains ont pu accéder à l'enceinte hospitalière par ses portes secondaires, dont celle proche de la rue ex-Horace Vernet. Pour autant, le verrouillage des deux portes principales du CHU Mustapha Pacha a entraîné des accrochages entre médecins résidents et forces de l'ordre, qui ont fait usage de leurs matraques. En face, les jeunes médecins résidents, scandaient ?'BAC+12'', ou ?'ulc smah ulc''. Aux environs de 14 heures, les médecins résidents étaient toujours bloqués à l'intérieur de l'hôpital, alors qu'ils voulaient sortir vers la place du 1er Mai manifester leur colère de ne pas avoir été entendus par le ministère de la Santé.

Le bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA), a déjà organisé plusieurs sit-in et grèves cycliques depuis novembre dernier pour appuyer ses revendications. Sur le cahier, les revendications portent notamment sur le service civil, un statut pour cette catégorie de médecins et la pédagogie. Le Camra suggère, pour le service civil, sa suppression et son remplacement par des mesures incitatives. « C'est important, car quand vous êtes affectés dans une wilaya et que les conditions professionnelles sont déplorables, avec des logements insalubres, vous ne pouvez pas vous concentrer sur votre travail », avait expliqué au Quotidien d'Oran une jeune résidente du CHU Frantz Fanon de Blida. Elle a confié que ?'nous ne sommes pas vraiment considérés par la tutelle''. ?'Quand on demande une couverture sociale, on nous dit que nous ne sommes pas encore salariés. Mais, quand on s'absente, on nous tape sur les doigts'', explique cette étudiante en psychiatrie, avant d'énumérer la longue liste des revendications des médecins résidents, en particulier le problème de la prise en charge, dans le sud du pays et, surtout, le service civil, en plus du service militaire pour les hommes. En fait, la grogne des médecins résidents couve depuis plus de deux mois, et s'est accentuée avec l'échec des discussions avec le ministre de la Santé Mokhtar Hesbellaoui. Ce qui a donné lieu à des grèves cycliques, qui n'ont pas réussi à ouvrir la voie à un dialogue serein.