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Selon le ministre des Finances: «On ne connaît pas le montant de la masse monétaire de l'informel»

par Yazid Alilat

Le ministre des Finances Abderahmane Raouiya est optimiste: il a affirmé, hier mardi, que les banques disposeraient de liquidités suffisantes pour alimenter l'Economie nationale. Il a surtout confirmé que le gouvernement, en dépit de la crise des recettes pétrolières et la hausse des importations, escompte un taux de croissance de 4% en 2018, même s'il n'écarte pas des tensions inflationnistes dont le taux sera en moyenne de 5,5%. Un taux assez élevé, même si le représentant du gouvernement ne le relève pas, se contentant d'affirmer, à la radio nationale, que «nous avons tenu compte de l'ensemble des éléments pour déterminer ce taux». Quant au taux optimiste de 4% de croissance pour 2018, il a estimé qu'il permettrait «de mieux revoir l'année 2018 avec l'ensemble des secteurs, dont les services, qui devraient avoir un taux de croissance assez élevé». Selon le ministre des Finances, «la LF2018 a prévu une assez forte augmentation du budget d'équipement contre une baisse du budget de fonctionnement, le gouvernement, dit-il, poursuit la rationalisation des dépenses. Par contre, le budget d'équipement connaît une hausse conséquente pour contribuer à l'investissement dans les infrastructures de base notamment». «Cette politique, selon le ministre, permettrait dans les deux à trois années prochaines, d'atteindre un taux de croissance élevé et des déficits moindres». Sur le financement non conventionnel, il a souligné qu'avec ce dispositif, «on va financer l'ensemble de l'Economie nationale. Cela est suivi par une politique budgétaire stricte, rigoureuse et avec des réformes structurelles qui vont être mises en œuvre, dans les trois prochaines années, et qui permettraient d'avoir un taux de croissance plus élevé et un déficit moindre». Pour lui, le recours au financement non conventionnel «dans la conjoncture actuelle, n'était pas la seule option, mais la plus difficile à prendre, avec la mise en oeuvre d'une politique et une procédure adéquates». «La solution la pus facile, c'est le financement extérieur, mais le président a émis des réserves de fond pour dire qu'on ne devrait pas y recourir, avec l'expérience passée très douloureuse, et donc il fallait trouver une autre source de financement», avec, ajoute t-il, «des mesures pour éviter l'inflation». M. Raouiya, commentant la masse monétaire qui circule sur le marché parallèle a affirmé que «tout le monde en parle, mais on ne connaît pas, vraiment, le montant de cette masse monétaire», et donc, «il s'agit d'aller vers une économie qui se base sur ce qui est réel, et l'économie réelle est là, on la maîtrise mieux, et on peut réaliser nos recettes sur ce qu'on a», évacuant du coup le débat sur la masse monétaire à récupérer du marché informel. Même si, pour vaincre l'économie parallèle, il a suggéré de mettre d'abord en place «la digitalisation de l'économie numérique pour éliminer ce phénomène».

M. Raouiya a, par ailleurs, estimé que le taux de recouvrement fiscal annuel de 11% est «bon». «Nous avons mis en place une politique fiscale pour avoir un taux de recouvrement de 11%, chaque année. C'est énorme avec une économie qui a été en baisse ces dernières années, et cela veut dire que l'administration fiscale commence à mieux recouvrer, et maintenir ce 11% est quelque chose de fabuleux», et «on devrait avoir, en 2018, une économie beaucoup plus solide». Le ministre des Finances a, par ailleurs, expliqué que la LF2018 a été élaborée sur la base d'un baril de pétrole de 50 dollars, même si les prix étaient en hausse. Mais, «tout ce qui vient en plus des prévisions est le bienvenu, même s'il faut agir avec prudence», a-t-il ajouté, en commentant la hausse actuelle du brut sur les marchés internationaux. «On a mis le prix du baril à 50 dollars, nous préférons être dans cette prévision pour les 3 prochaines années, une prévision de prudence par rapport aux fluctuations du marché», précise t-il. Pour 2018, il est optimiste, affirmant qu' «on a eu une bonne fin d'année 2017 et 2018 on l'appréhende avec une bonne vision». Le ministre des Finances ajoute que «nous avons réduit le déficit de 2017, et on attaque 2018 avec un montant de 500 milliards de DA, qui permet de voir à court terme.» Pour cela, il faudrait, préconise t-il, «tabler sur une diversification de l'économie et les exportations». Sur la masse monétaire qui sera disponible, le ministre a expliqué que «pour 2018, le secteur bancaire disposerait de quelque 1000 milliards de DA, qui sont prêts à être injectés dans le circuit économique, dans les crédits bancaires, et les investissements.» «C'est une bonne chose après l'année 2017, qui avait connu un gros problème de trésorerie», a t-il commenté, avant de préciser que «cela a été rendu possible par l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit (planche à billets, Ndlr), qui permet de prendre en charge le financement de l'Economie». Sur le Partenariat public-privé, M. Raouiya a souligné que «ce n'est pas une privatisation», soulignant qu'il y a «un projet de loi, qui trace les fondements juridiques de ce partenariat, et c'est une bonne chose et cela reste dans les limites déterminées par la loi et les pouvoirs publics». Le ministre des Finances, qui a parlé de «participation» du secteur privé, a indiqué que les secteurs stratégiques comme le pétrole, l'énergie, les transports ne sont pas concernés par cette ouverture de capital. En fait, il a annoncé qu'il s'agit d'une prise de participation de 34% seulement, pour les investisseurs privés, alors que le secteur public garde la main sur 66% du capital d'une entreprise éligible, à l'ouverture de son capital. Sur les importations de carburants, le ministre a annoncé que «nous importerons une quantité de 5 millions de tonnes de carburants en 2018, soit une enveloppe de 355 milliards de DA qu'on devrait prendre en charge avec des subventions d'exploitation, qui s'élèveraient à 279 mds de DA, des subventions indirectes pour le secteur agricole». Enfin, sur la dernière mesure du ministère du Commerce de geler l'importation de certains produits, le ministre des Finances a estimé qu'«il y a des importations anarchiques, non essentielles, de produits non essentiels qui grèvent notre balance des paiements. On prend des dispositions pour réguler ces dépenses, c'est un gel de l'importation de certains produits».