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Le wali d'Oran, Mouloud Cherifi, se confie au «Le Quotidien d'Oran»: L'environnement, l'investissement, le vieux bâti et les JM 2021

par Houari Saaidia

Dans cet entretien exclusif pour «Le Quotidien d'Oran» le premier qu'il a eu à accorder depuis sa prise des commandes de la wilaya, fin-juillet, le wali d'Oran Mouloud Cherifi dresse un tableau synoptique sur la capitale de l'Ouest. Au gré du jeu des questions-réponses, le gouverneur de la ville surfe sur différents thèmes. Plan d'action, environnement et bien-être du citoyen, stratégie de développement, investissement sous version « à la mode » du PPP, logement public, processus du RHP, casse-tête du vieux bâti, cercle vicieux de la ?débidonvillisation', restructuration et aménagement des sites d'habitat précaire, future usine Peugeot d'Oran, réseau local de sous-traitance dans le montage automobile, projets structurants de la métropole d'Oran, les JM-2021, la fiscalité et la finance locales, la situation financière à la clôture de l'année budgétaire 2017 et le début d'exercice 2018? autant de dossiers évoqués par le wali d'Oran dans cet interview. Toujours avec ce langage terre-à-terre et cet esprit cartésien et pragmatique qui sont connus à cet énarque et licencié en Sciences éco.

Le «Quotidien d'Oran» : Cinq mois après votre installation à la tête de la wilaya d'Oran, votre prise directe avec la réalité, qui vous a, sans doute, permis de mieux cerner les spécificités de la capitale de l'Ouest et d'avoir plus de visibilité et de prévisibilité, vous amène-t-elle, aujourd'hui, à apporter quelques réglages sur la feuille de route que vous aviez tracée au départ sur la base d'un diagnostic préliminaire ? Y aurait-il eu, chemin faisant, un réaménagement partiel dans l'ordre des priorités ?

Le wali d'Oran : L'action des pouvoirs publics se veut toujours énergique et continue. Ce n'est jamais une situation figée et statique à laquelle on est confrontée. Elle évolue dans le temps. Dès mon installation aux commandes de la wilaya, j'ai esquissé les grandes lignes de mon programme. Il correspond au plan d'action qui nous a été donné par les pouvoirs publics centraux. Un des premiers objectifs, c'est de créer de la richesse, au niveau de la wilaya. Pour ce faire, le wali doit jouer le rôle du chef d'entreprise. Celui du manager aussi. Dès lors, la wilaya ne doit plus être une entité administrative qui est là, à exprimer plus de besoins qu'à produire de la créativité et de l'initiative. Nous essayons de jouer ce rôle, ce qui nous amène à dire que la première priorité pour nous, c'est de relancer l'investissement, sous toutes ses formes. Nous sommes sur ce dossier à pied ferme. Cela nous a permis d'établir un premier diagnostic sur l'état des lieux de la wilaya, qui, comme vous le savez, est une ville cosmopolite, recelant beaucoup de richesses sur le plan touristique, sur le plan investissement dans les services, l'hôtellerie, la restauration, l'immobilier, etc. Aussi, en parallèle, c'est une wilaya qui constitue, actuellement, la base arrière et acquiert le statut de leader dans l'industrie automobile, que ce soit le montage ou la sous-traitance. Nous sommes en train de maintenir cette nouvelle vocation, tout en la développant, avec entre autres, le projet de création d'une zone industrielle à Tafraoui. Nous sommes dans les préparatifs. Nous avons bien avancé dans l'étude. Nous poursuivons, par ailleurs, la mise à niveau des trois zones industrielles existantes, celles de Bethioua et d'Es Sénia 1 et 2. Idem pour les 14 zones d'activité. Le 2ème point inscrit sur ma feuille de route, l'Environnement. C'est en fait la priorité des priorités. L'Environnement sous-entend, bien-sûr, le bien-être des citoyens, leur quotidien. Ce volet doit-être pris au sens large, incluant les thèmes sous-jacents de l'hygiène du milieu, la salubrité publique, l'aménagement urbain et, de manière générale, tout ce qui a trait au bien-être, le bien-vivre, le vivre ensemble, la convivialité? Sur ce chapitre, force est de constater, et je suis sincère dans mes propos, que la wilaya d'Oran, aussi bien autorités que citoyens ont hérité d'une situation des plus intéressantes. Mais qui nécessite forcément des améliorations. Sur le plan Environnement, Oran est une wilaya qui a beaucoup investi. Notamment dans les espaces verts et la gestion des déchets. Depuis mon installation, nous avons mené pas moins de 42 opérations de rattrapage de grande envergure, pour l'entretien du milieu, qui ont donné des résultats très probants. Nous avons, aussi, mis en place la force commune environnementale, installée à la DHA (Division communale de l'hygiène et de l'assainissement). Cette force intervient en appoint au dispositif municipal classique. Nous avons, également, lancé une opération de plantation de 50.000 arbres. Nous en sommes à 15.000. Plusieurs nouveaux espaces verts seront créés. Six piscines urbaines, que nous avons inscrites à l'indicatif du budget de wilaya, seront bientôt réalisées. Nous sommes en phase avancée pour le lancement des travaux d'un grand parc citadin à l'entrée de la ville, côté RN4 (route menant à l'Aéroport). Pour la décongestion de la circulation, une étude ficelée nous a été remise par la DTP que nous allons concrétiser par phases, du fait du montant colossal du devis. Toujours dans le registre Environnement, nous avons inclus tout ce qui est aménagement urbain. Dans ce cadre, nous avons entamé une opération de réhabilitation et de mise à niveau du périmètre de la Pêcherie d'Oran. Le premier acte est, certes, timide, avec la démolition d'un pâté de vieilles bâtisses sans aucune valeur culturelle ou patrimoniale, mais une fois le processus mené à bout, on sentira un gros changement. Nous allons ouvrir la Marina, port de pêche et quai de plaisance compris. J'en ai discuté avec les responsables de la Société de gestion du port de pêche d'Oran. Ils sont favorables à l'idée et vont me soumettre des propositions. Par ailleurs, ce point d'intersection est un vrai goulot d'étranglement, d'où un giratoire qui sera mis en place pour fluidifier le trafic, désengorger l'entrée de la ville, côté Corniche. D'ailleurs, pour tous les grands ronds-points de la ville, il y a une étude qui va nous permettre de mieux réguler le flux. Le dispositif préconisé sera prochainement, mis en œuvre. Le même constat positif peut-être fait en ce qui concerne la valorisation des déchets. Une opération a été lancée, en ce sens, et les communes ont été destinataires de subventions de wilaya pour l'acquisition de presse-papiers. Un grand centre de tri a été installé et qui sera non seulement, une référence à l'échelle locale et régionale, mais au niveau national.

Q.O.: S'agissant du sous-thème urbain qui relève du thème Environnement, selon la structure et l'articulation des axes de votre feuille de route, qu'en est-il de l'important dossier lié à la réhabilitation du vieux bâti de la ville ?

Le wali d'Oran : Effectivement, c'est un dossier important. Malheureusement, la mise en œuvre n'a pas été toujours à la hauteur de ce programme initié par le président de la République. Qu'on en juge sur la base des chiffres ! Le programme a été lancé, à Oran, en 2007, avec comme parc immobilier ciblé au tout début : 664 vieux immeubles. Après la finalisation de l'étude, l'objectif a été revu à la baisse : 203 édifices, soit moins d'un tiers. Or, sur les 203 immeubles, nous n'avons lancé, en travaux, que 49. En résumé, de l'objectif de 664 unités nous sommes descendus à 203, dont nous n'avons mis en chantier que 49.

Q.O. Problème de financement ?

Le wali d'Oran : En partie, oui, mais d'abord et surtout un problème d'étude à l'origine. Le processus de réhabilitation et de la restauration est connu pour sa complexité. Or, l'étude a été faite dans une certaine précipitation. Des opérations ont été lancées, sans maîtrise correcte et complète. Ce qui nous a amenés à ce bilan-là. Sur 5 milliards et 800 millions de DA d'autorisation de programme (AP), nous avons déjà consommé pratiquement 50%. Et nous sommes bien loin de l'objectif tracé. C'est une opération à laquelle je donne beaucoup d'importance et c'est la raison pour laquelle j'ai installé une cellule de suivi, au niveau de mon cabinet et fait appel à un ancien cadre de l'Urbanisme que j'ai chargé de la mission de coordinateur, entre les trois intervenants que sont, l'OPGI, la DUAC et la direction du Logement. 2018 sera une année charnière, dans ce processus, qui enregistrera un déclic. Autre dossier constituant une priorité pour nous, les Jeux Méditerranéens 2021. Il comprend le volet infrastructures, dont notamment le stade et le village olympique, le volet mise à niveau de structures sportives, au nombre de sept, piloté par la DJS et le 3ème chapitre relatif à l'aménagement du périmètre du site dédié aux jeux. Il y a bien évidement un aspect corollaire ayant trait à la mobilisation du monde sportif, des associatifs, des jeunes, et tout ce qui tourne autour, pour qu'il y ait une certaine cohésion. Dans ce sillage, nous avons mis en place, il y a quelques jours, un comité consultatif, qui se veut une force de proposition pour l'Administration. Ceci pour dire aussi, que nous ne voulons pas gérer le dossier des préparatifs aux JM-2021 de manière restrictivement administrative. Sur le plan administratif, nous sommes en état d'avance. Sincèrement, je n'ai pas d'inquiétude. Surtout pas en matière de finances, qui est bien disponible. Je ne clôturerai pas cette petite synthèse sans évoquer le dossier qui intéresse tous les Algériens, tous les Oranais : le logement. Je crois que nous avons été dans une large mesure à la hauteur de nos engagements. Pas plus tard que le 21 décembre, nous avons mené une opération, assez délicate, portant sur plus de 500 familles du quartier de Sidi El-Houari, en exécution d'un planning ciblant la remise de 6.000 logements. L'effort sera maintenu, en 2018, où nous comptons réceptionner 25.000 unités, dont 5.000 de location/vente (AADL) et 20.000 LPL. Il faut noter que la dernière opération s'est déroulée dans des conditions normales. Cela tient à une nouvelle démarche que nous avons adoptée. Nous allons continuer sur cette lancée, avec comme priorité de reloger tous les titulaires de pré-affectations, au nombre de 2.500, à travers les arrondissements de Haï El Badr, Es Seddikia, Sidi El Bachir, El Makari, El Mokrani , El Emir, Ibn Sina, El Hamri et Mediouni. Pour le grand site d'habitats précaires des Planteurs, sur les 11.000 logements qui lui sont destinés, 6.000 ont été déjà attribués et il reste à reloger les 5.000 autres ménages dans le cadre du programme consacré à ce bidonville. Cependant, nous avons pas mal de sites précaires non recensées auparavant (Ndlr : Au recensement de 2007, Oran comptait 9.500 habitations dans le bidonville des Planteurs, à lui seul, et 1.800 autres dans 47 sites précaires répartis sur 13 communes. En 2017, elle en compte 20.000 aux Planteurs et 21.083 sur les autres sites). Ces dossiers exigent de nous une certaine sérénité. Il faut les gérer, dans le calme. Je l'ai exposé devant le ministre de l'Habitat, lors de sa récente visite à Oran : nous avons 20.000 habitats précaires qui n'ont pas de programme pour les prendre en charge. Il y a aussi la pression sociale.

Q.O.: Vous entendez par là, certainement, les demandeurs de logement social ? Justement, comment traiter cette situation assez délicate qui recèle, en son sein, une sorte d'antagonisme, de conflit d'intérêt, de clivage social ? Pour faire bref, comment « concilier » le dossier de la Résorption de l'Habitat Précaire (RHP) ou du mal-logement avec le dossier des demandeurs « autochtones » de logement ? Comment résoudre cette équation à plusieurs inconnues ? Et comment sortir du cercle vicieux, de la spirale « bidonville » ?

Le wali d'Oran : Effectivement, c'en est une. C'est pour cela que j'ai, lors du dernier relogement, insisté sur le fait que tout immeuble vidé de ses occupants soit être rasé à terre, dans l'immédiat. Le problème ne se pose pas, en principe, dans les bidonvilles, à proprement parler. Là, il faut raser et occuper le terrain le plus tôt possible pour éviter la réémergence de baraques. Le problème se pose, en revanche, au cœur de la ville. Il ne faut pas perdre de vue qu'à Oran, comme dans les autres villes de l'Algérie, il y a la complexité du problème du vieux bâti. Nous sommes tenus par un double objectif : reloger et sauvegarder l'âme de la ville. Entre préserver et démolir pour empêcher la réoccupation, c'est une équation très difficile. Autant nous sommes vigilants sur le phénomène du squat, autant nous sommes regardants sur la préservation du cachet architectural et urbanistique de la cité. La problématique se complique davantage quand on a affaire, et c'est le cas très souvent, à des propriétés privées. On ne peut pas détruire un immeuble appartenant à un particulier. Dans ce cas d'espèce, nous mettons le maître des lieux devant ses responsabilités. Il faut qu'il restaure sa bâtisse par la force de la loi. Cela dit, nous devons rester très vigilants pour couper la route aux nouveaux arrivants. Je crois qu'avec un peu de sagesse et beaucoup de discernement, on va y arriver.

Q.O.: Plus qu'un antidote anti-bidonvilisation, la régularisation, la structuration et l'aménagement des sites d'habitat précaire apparaissent comme étant la solution parfaite, sur tous les plans et à tout point de vue. La ville gagnerait à se réapproprier ces espaces et les intégrer -ou les réintégrer- dans son organisme urbain. Dans cette optique, qu'en est-il du Plan d'aménagement du site de Planteurs-Ras El Aïn ? Y a-t-il un projet ou ce n'est qu'une belle idée, une vue d'esprit ?

Le wali d'Oran : Il y a tout un plan d'occupation des sols (POS) pour ce périmètre, mais nous sommes confrontés à une certaine réalité d'ordre réglementaire. Ce site relève, pour une bonne partie de sa superficie, du domaine forestier. Dès mon arrivée à Oran, j'ai chargé l'Agence foncière et l'OPGI de mener une étude au sujet des terrains pouvant être récupérés après les démolitions. J'ai, en effet, requis cette étude car la meilleure façon d'occuper ces assiettes, c'est de les restructurer et les aménager. Je suis très sceptique à l'idée d'un reboisement du site après sa débidonvillisation. Ça fait dix ans qu'on parle d'opération de plantation. Mais où est cette opération de reforestation ? Je suis un amoureux de la verdure et un fervent défenseur de la nature. Je voudrais bien qu'au lieu et à la place de ces horreurs architecturales il y'ait une forêt urbaine. J'ai à cœur de voir celle-ci régénérer, renaître de ses cendres. Mais je crois au concret, à l'action. Où est cette opération ? Inama taatou bil maarouf : L'obéissance doit être par la raison. A l'impossible nul n'est tenu. Après déménagement, j'ai demandé à l'Agence foncière de mener une étude pour projeter des petits ensembles immobiliers, du semi-collectif et du collectif pour ré-urbaniser le site. J'étais confronté, malheureusement, au problème du domaine forestier. Il faut passer par un conseil ministériel. J'ai fait une démarche en ce sens. Les petites poches foncières ne présentant aucune contrainte juridique, elles sont insignifiantes. Il est impossible de convaincre un promoteur immobilier, en lui disant : allez venez, je vous donne 500 m². Si c'est à meubler, il faut meubler le tout. Pas des petites cases ça et là. On va voir comment donner une suite à ce dossier, surtout avec les promoteurs publics. L'option des trois P, le partenariat public-privé, est une sérieuse option. Je suis en train de prospecter une solution de PPP, dans le cadre du vieux bâti. La clé du voûte est la suivante : vous avez un vieil immeuble. Vous ramenez un promoteur et vous le lui dites : tenez, je mets à votre disposition cette bâtisse. Vous prenez en charge les 4 ou 5 ménages qui y habitent et au lieu des 4 étages, je vous autorise à aller sur 12. Il y a un calcul à faire évidement par le promoteur. Mais je crois que c'est une transaction gagnant-gagnant. Tout le monde y trouve son compte. Voilà une manière de reconquérir le terrain. Il y a deux actions qui peuvent restructurer le vieux bâti : l'action du temps ou l'action de l'homme. On est entre les deux. Mais de la à dire qu'on va s'y attaquer de façon énergique, ce serait des propos vaniteux.

Q.O.: Puisqu'on y est, le PPP qui est dans l'air du temps à en juger du discours politique, est-il déjà présent dans la wilaya d'Oran ? Figure-t-il sur votre plan de relance de l'investissement, sur votre stratégie économique ?

Le wali d'Oran : Le partenariat public-privé a été approuvé et scellé, il y a quelques semaines, dans le cadre de la Charte sur le partenariat sociétaire signée lors de la dernière réunion tripartite Gouvernement-UGTA-Patronat. Il y a certains secteurs, dits stratégiques, touchant à la souveraineté de l'Etat qui ont été mis de côté. Certains secteurs nostalgiques, entre guillemets, qui relèvent, exclusivement, de l'Autorité de l'Etat. Mis à part ces secteurs, je crois que c'est bien d'ouvrir le partenariat public-privé. Nous attendons les instructions, puisque ce n'est que le premier jalon de la démarche, pour voir quel est le procédé et quels sont les secteurs concernés. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les opérateurs économiques, qu'ils soient publics ou privés, ont un objectif de rentabilité. Il faut qu'ils y trouvent leur compte, leur profit. Avant de mettre son argent dans un projet, l'investisseur passe par une longue phase d'analyse et d'évaluation, d'étude de rentabilité économique et financière, etc. Ce n'est pas, pour caricaturer un peu, en disant aux investisseurs : tenez c'est le PPP, installez-vous ! Attendons pour voir de quoi il en retourne. Il y a certains secteurs où le retour d'investissement est lent. Dans le créneau de la production de l'électricité, ouvert au partenariat public-privé, par le secteur de l'Energie en 2002, aucun investisseur n'est venu. Mais ça peut bien réussir dans certains secteurs, comme l'immobilier par exemple. Le segment du vieux-bâti, pourquoi pas ? Encore une fois, attendons pour voir les mesures de mise en œuvre.

Q.O.: Le PPP est là, bien présent dans le secteur de l'industrie automobile, en tout cas. Après Renault, c'est Peugeot qui va débarquer sur Oran. Quoi de neuf sur ce projet ?

Le wali d'Oran : En effet, le contrat d'accord est déjà signé entre les partenaires algériens et français de la SPA Peugeot Citroën Association (Ndlr : l'Entreprise nationale de production de machines-outils, Algérie-PMO Constantine, à concurrence de 20% du capital, le Groupe privé Condor, à hauteur de 15,5%, l'opérateur pharmaceutique algérien Palpa Pro, à concurrence de 15,5%, et la partie française pour 49% du capital de la société). En ce qui nous concerne, nous autorités locales, nous avons mis à la disposition du projet une assiette de 120 ha, située à El-Kerma (précisément à El-Hamoul) par le biais du Conseil national de l'investissement (CNI), relevant du ministère de l'Industrie et des Mines, charge à cet organisme de finaliser les démarches par le biais du Fonds national de l'Investissement (FNI). Le dossier suit son cours. Nous, on a fait ce qui nous été demandé pour le moment : la mise à disposition d'un foncier approprié.

Q.O.: Et pour l'usine de montage Renault. Le réseau local de sous-traitance est bien en place ? Le taux d'intégration est significatif ?

Le wali d'Oran : Il avoisine les 14% actuellement. Il y a des entreprises privées qui sont la short-list du fabriquant Renault. C'est vrai que les normes et les exigences du constructeur automobile sont difficiles. Cela n'empêche pas qu'il y a beaucoup de sous-traitants dans la lignée. Ceux-ci sont appelés à se développer davantage. Nous, en tant que pouvoirs publics, mettons à la disposition de ces PME-PMI qui gravitent autour de l'usine, un foncier dans le voisinage immédiat. Nous sommes convaincus que ce segment connaîtra un développement très rapide.

Q.O.: Dans un tout autre registre, celui de la fiscalité locale, qui demeure la principale ressource des collectivités locales en plus des concours de l'Etat. Le taux de recouvrement fiscal reste faible, globalement. L'exemple le plus édifiant est la Corniche oranaise, qualifiée, peut-être un peu exagérément, de véritable « paradis fiscal ». Etes-vous d'accord là-dessus ?

Le wali d'Oran : Je ne disconviens pas. Il est inadmissible que des communes côtières comme Mers El-Kébir, Bousfer ou El-Ançor aient des budgets déficitaires.

Q.O.: Où se situe la faille, selon vous ?

Le wali d'Oran : A plusieurs niveaux. Les responsables sont nombreux. En premier lieu, au niveau de l'Assemblée élue locale. Les communaux doivent jouer leur rôle, notamment dans la valorisation et la rentabilisation de leur patrimoine municipal. Les biens mais aussi les services. Ce qui est loin d'être le cas, dans l'ensemble. C'est pourquoi, j'ai instruit le directeur de l'Administration locale (DAL) d'être au chevet de ces communes déficitaires. Il a pour première mission de diagnostiquer la situation propre à chaque commune. Il faut d'autre part reconnaître cet état de fait : le citoyen a une grosse part de responsabilité. Il fait preuve d'ingéniosité pour fuir au Fisc. A nous de trouver le bon remède.

Q.O.: Dans le registre des projets structurants. La question de la pénétrante autoroutière du port d'Oran a été tranchée ? La nouvelle Corniche supérieure sera-t-elle enfin au rendez-vous cet été ?

Le wali d'Oran : Pour la liaison Port-Autoroute Est-Ouest, le point relatif à l'ouverture de la desserte, une fois mise en service, à la ville et donc au trafic automobile, a été tranchée localement. Nous sommes partisans d'une connexion de cette autoroute de contournement avec le réseau routier de la ville. Et je suis convaincu que le ministre des TP et des Transports adhère à cette idée. J'ai chargé la DTP de me présenter au conseil exécutif une étude sur la jonction de cette pénétrante avec le centre-ville, à hauteur de la frange maritime. Il y a deux variantes : soit via le rond-point de Zabana, soit via le tunnel de la Pêcherie. Dans ce cas, la pénétrante se frayera un chemin dans l'enceinte du port pour en ressortir du côté de la Pêcherie. Pour la nouvelle Corniche supérieure, j'ai signifié un ultimatum ferme pour la livraison du projet à la mi-avril 2018. Elle sera ouverte avant la saison estivale.

O.O. : Pour les Jeux Méditerranéens. Le temps n'est-il pas un peu serré, selon vous. Etes-vous engagés dans un contre-la-montre. Ressentez-vous une certaine pression à trois années du rendez-vous ?

Le wali d'Oran : La pression, on la ressent et on fait avec tous les jours quand on est responsable d'une ville, a fortiori lorsqu'il s'agit d'une métropole telle qu'Oran. Pour les JM-2021, je suis à l'aise, je n'ai pas d'inquiétude. Cela ne m'empêche pas, pour autant, de dire qu'on a perdu assez de temps. Le projet du village olympique a été avalisé en 2015. Nous sommes en 2018 et rien n'a été fait. Il a fallu que j'intervienne pour ramener une délégation du MJS, conduite par le ministre lui-même, pour valider, officiellement, l'option et certains aspects techniques. Nous avons, quand même, affaire à des instances internationales, on ne badine pas avec les normes. Pour le stade, le projet est inscrit en 2007. Dix ans plus tard, il est encore en chantier et je me retrouve rattaché à la décision de certains ministères pour ce qui est de la pelouse et de la piste d'athlétisme.

Q.O.: A la clôture de l'année budgétaire 2017, quel est l'état d'évolution de la situation financière de la wilaya, paramètre qui reflète son état de santé et indicateur fiable sur la qualité de la gestion publique ?

Le wali d'Oran : A fin août 2017, on avait une dette cumulée de situations impayées de 13 milliards de DA datant de l'exercice 2016. Elles ont été régularisées à 100 % en un temps record. Suite à quoi, nous avons demandé une enveloppe complémentaire. Le taux de consommation des crédits est de l'ordre de 91% à la clôture de l'année budgétaire 2017, c'est une performance historique pour Oran dont je ne peux que me réjouir, au même titre que le règlement définitif de toutes les dettes accumulées, dans les dernières années envers les entreprises de réalisation. C'est l'effort de toute une équipe. Un travail de fourmi. Le volume des dépenses de la wilaya est, actuellement, à plus de 32 milliards de DA pour atteindre plus de 40 milliards de DA, le 20 janvier prochain, délai supplémentaire pour rembourser les dépenses. Un chiffre jamais enregistré dans la wilaya qui nous permet d'exécuter à l'aise les programmes économiques. Les dettes des communes ont été, toutes, remboursées et les nouvelles Assemblées locales doivent évaluer la situation avec sagesse en réfléchissant à des projets de développement, afin de créer une plus-value à l'économie locale. Pour la préparation des JM-2021, on a pu mettre de côté une bonne cagnotte spéciale à partir de crédits alloués à la wilaya dont les priorités d'usage sont laissées à notre appréciation.