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Football - Payés gracieusement avec l'argent de l'Etat: Des clubs défient la politique d'austérité

par Kamel Mohamed

Les salaires et primes de signature des joueurs et des entraîneurs annoncés à l'occasion du mercato hivernal s'apparentent à un véritable défi au pouvoir de la part du monde du football. A titre d'exemple, le salaire d'Abdelmoumen Djabou à Sétif avoisinerait les 400 millions de centimes. Or, Djabou n'est pas le seul à percevoir un salaire aussi mirobolant. Selon des statistiques fournies par la Ligue de football professionnel, plus de 80 joueurs évoluant dans le championnat de Ligue 1 touchent un salaire mensuel dépassant les 200 millions centimes (2 millions DA) et environ 20 joueurs perçoivent un salaire de plus de 300 millions (3 millions DA) par mois et moins de 20 joueurs de Ligue 1 touchent plus de 400 millions centimes par mois (4 millions DA).

Il faut relever que les salaires des joueurs ont connu des augmentations après l'instauration du professionnalisme dans le football en Algérie, en 2010.

Le professionnalisme est synonyme d'augmentation des salaires en Algérie, alors que les clubs sont restés déstructurés au même titre que le niveau. Il faut aussi relever que la quasi-totalité des clubs sont dans une situation de faillite financière, et il serait étonnant qu'ils offrent à leurs joueurs des salaires dépassant tout entendement. Cela se passe au moment où le pouvoir instaure une politique d'austérité pure et dure.

Alors que le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait révélé que les salaires des fonctionnaires n'allaient pas être versés le mois de novembre dernier à cause du manque de liquidités et de la fonte des réserves de changes, les clubs continuent d'assurer des salaires colossaux aux joueurs. Au moment où le gouvernement a décidé de suspendre l'importation de plus d'un millier de produits et supprimer les licences d'importation des véhicules, les présidents de club choquent les Algériens en offrant des salaires en milliers d'euros à des joueurs binationaux d'un niveau tout juste moyen pour ne pas dire faible. Certains présidents de club qui osent défier le pouvoir, traînent des affaires en justice, alors que d'autres ont été condamnés dans des procès à des peines de prison ferme. Certains de ces présidents bénéficient de l'immunité parlementaire, alors que d'autres agissent dans l'impunité totale. Aussi, ils offrent des salaires qui contrastent avec la situation économique et financière du pays et la politique d'austérité prônée par le gouvernement. Est-il logique de priver les citoyens de chocolat et autres produits, alors que les joueurs de football sont gâtés avec l'argent de l'Etat. En ce sens, l'ancien président de la Ligue nationale de football et ancien vice-président de la FAF, Mohamed Mecherara, avait déploré que des présidents de club offrent de tels salaires aux joueurs. Mecherara, qui est un expert comptable de formation, avait fait observer que cela serait compréhensible si ces présidents de club offraient ces salaires de leur propre argent. Or, il s'agit de l'argent de l'Etat qu'ils distribuent aux joueurs sans qu'ils ne soient contrôlés ou qu'ils rendent des comptent. C'est, en plus, un argent qui échappe au fisc et au contrôle de l'Etat. Le gouvernement d'Ouyahia, qui prive les Algériens de milliers de produits, est donc interpellé pour intervenir et arrêter cette gabegie à ciel ouvert.