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Johnny Hallyday : symbole de l'atlantisme français

par Abdelhak Benelhadj

«La plus grande rock star dont vous n'avez jamais entendu parler» (USA Today)

«Le poisson pourrit toujours par la tête.» Aphorisme chinois.

En novembre 2007, Nicolas Sarkozy annonçait à Washington le retour des forces armées françaises au sein de l'OTAN. Ce week-end, les obsèques de Johnny l'a illustré de manière spectaculaire. Elles ont réuni tous ceux qui tiennent la France pour un élément d'une totalité la pièce d'un puzzle, dominée par les Etats-Unis d'Amérique. Le « french rocker » est, avec toute une génération, le porte drapeau d'une vaste entreprise, dont la musique n'est qu'un instrument. Tout le reste est littérature et sensiblerie de mauvais aloi.

Jean-Philippe Smet a vécu. Il est mort à 74 ans. Paix à son âme. Toutefois, les funérailles endeuillées d'un chanteur, quels qu'aient pu être ses succès ou ses déboires, le deuil de ses fans, la sympathie qu'il peut leur inspirer, l'affliction d'une profession... ne seraient qu'événements dramatiques ordinaires d'une triste banalité si ses obsèques ne prenaient l'allure d'une tragédie nationale, magnifiée par l'élite politique du pays qui l'élève au rang de héros national.

Montée crescendo, la mort de Johnny, depuis son annonce le matin du mercredi 06 décembre à ses obsèques en l'église de la Madeleine, a pris des proportions qui rappellent les cérémonies d'une autre époque, pour des disparitions d'une dimension et d'une stature que la nation reconnaissante honore pour l'avoir grandie ou sauvée. Qu'on songe aux funérailles des maréchaux Foch (1929) ou Leclerc (1947) 1. Très vite, échafaudant une forte affluence, les architectes ébruitent la comparaison avec les obsèques de Victor Hugo (juin 1885), tempérée par des observateurs outrés ou prudents...

« Et, en même temps » un spectacle dérisoire et pour tout dire un peu ridicule par une sacralité surfaite, que le reste du monde a suivi avec étonnement et perplexité. Dès la nouvelle diffusée, le déferlement des réactions étonne et suscite interrogations sur les réels enjeux de ce tintamarre.

Pourtant, Johnny Hallyday n'est ni un modèle de vertu civique ou d'attachement citoyen à la France, encore moins le porte-drapeau - loin s'en faut - de la culture française.

Une précision à l'attention de tous les inconsolables côtés Rive Droite et Rive Gauche qui organisent, par médias interposés un vacarme assourdissant pour célébrer sa mémoire et mobiliser les Français : des milliers de personnes meurent tous les jours, un peu partout dans le monde y compris en France, dans des conditions infiniment moins confortables que ce qui arrive à leur idole. La France populaire qu'on présumait sur les Champs-Elysées ou sur le parvis de la Madeleine ce samedi était occupée à biens d'autres soucis.

Les Français ont été l'objet tout au long de cette semaine à une singulière mystification sur fond de perte de repères. Avec un gouffre béant ouvert entre d'un côté le lustre et la préciosité des discours et une scénographie sophistiquée et, d'un autre côté, la réalité habilement escamotée, d'un pays en grandes difficultés.

« Nous avons tous quelque chose de Johnny » E. Macron

Sa disparition a plongée dans la stupeur bien au-delà de ses proches, de ses fans, bien au-delà des artistes, des comédiens, des professionnels du music-hall, du cinéma, du théâtre..., la plupart des Français, à commencer par les politiques qui ne se consolent pas d'une perte qui dépasse le cadre de la musique. Les hommages n'ont pas cessé depuis l'annonce de son décès. Un « hommage populaire » pour Johnny, un « hommage national », pour Jean d'Ormesson, décédé la veille. Jamais la Cour des Invalides n'a connu tant cérémonies que ces dernières années.

L'inscription « Merci Johnny » est projetée tout le week-end 08 et 09 décembre sur la Tour Eiffel, ainsi que sur la façade de la salle de spectacle de Bercy, où seront disposés des livres d'or.

700 bikers sur leurs motos de luxe vrombissant, ceignent le convoi funéraire vers la Madeleine.

A Nice, la plus grande salle de concert, le Palais Nikaïa, sera rebaptisée « Nikaïa - Johnny Hallyday » et une chanson du répertoire du rockeur a été diffusée à l'entrée des joueurs sur la pelouse avant chaque match de Ligue 1 et Ligue 2 de ce week-end.

«Un héros français», lance le président Emmanuel Macron de passage « rapide » à Alger où on s'interroge sur l'objet réel de sa visite... Mais ça, c'est une autre histoire.

Françoise Nyssen, ministre de la Culture n'a pas peur des mots (sur twitter) : « Un artiste d'exception, une légende du rock et de la chanson, un visage de la culture en France nous quitte. Johnny Hallyday a su faire chanter, danser, pleurer notre pays tout entier. Il a su parler à toutes les générations. Il nous laisse une flamme qui brillera longtemps ».

« Le taulier de la chanson française n'est plus. Un chanteur venu du peuple et que le peuple aimait » déclare Marine Le Pen, tentant de retrouver auprès des fans de Johnny l'audience qu'elle a perdue au cours des dernières présidentielles. N'est-elle pas après tout celle qui se déclare attachée plus que d'autres à la défense de la culture française, dont le rocker était selon elle porteur ? Cela ne l'a pas empêchée d'essuyer une rebuffade. La famille Hallyday a refusé la présence de la présidente du Front Nationale, renvoyée à ses propres contradictions.

Mélenchon a été plus avisé. Et, ayant bien saisi toutes les subtiles relations entre médias et politique, dit hautement pourquoi il préfère ne rien dire.2

Emmanuel Macron au seuil de la Madeleine surfait sur la vague, entre homélie laïque et consubstantiation républicaine (et tant pis pour M. Luther): « Johnny était au pays, parce que Johnny était beaucoup plus qu'un chanteur, c'était la vie dans ce qu'elle a de souverain, d'éblouissant, de généreux, c'était une part de nous-mêmes, c'était une part de la France ».

C'est à ces envolées qu'on distingue les chefs d'Etat instruits de ceux qui se contentent de la lecture de la Constitution et du Code pénal. À frayer avec le pouvoir, le cardinal Ratzinger partage avec E. Macron le sort des intellectuels qui se sont « salis les mains ».

Mais plus aucun doute : Le président français est bien une incarnation de Paul Ricœur.

Avec son manager, Sébastien Farran, Johnny tel un monarque, aurait prévu les moindres détails de la cérémonie à la Madeleine, des bikers à la musique rock jouée par son orchestre dont le guitariste et directeur musical Yarol Poupaud sur une scène montée sur le parvis de l'église.

Un travers d'époque : l'histoire s'écrit pendant que se produisent les événements et même avant leur avènement. À défaut de tuer la mort, on ne prévoit plus le futur, on le produit.3

En professionnel émérite, Johnny arrangea ses funérailles comme un spectacle à l'Olympia. Et tous les présents, aguerris à ce jeu, s'y sont prêtés avec bonhomie et complaisance, sans la moindre difficulté. Chacun dans le rôle qui lui était dévolu.

Outre les artistes, comédiens, acteurs, professionnels de la musique et du cinéma, il y avait là des ministres, des premiers ministres, des présidents, des hommes de marque... rarement rassemblés en un seul lieu, en une seule circonstance, tous communiant en une compassion convenue. Quelques absents remarquables, aussitôt oubliés...

Le long des Champs-Elysées et sur les voies qui menaient à l'église, figée, la foule se pressait.

Dedans, dehors, partout les caméras guettaient la moindre larme, la moindre émotion, le moindre signe de chagrin, conservés pour la postérité. La voix off des commentateurs informés, avisés, prévenants et pour tout dire très professionnels, expliquait et indiquait le sens qu'il convenait d'assigner aux images.

Sur le parvis de la Madeleine s'étalait la mine compassée tout ce que l'Amérique compte d'amis et de relais. La plupart d'entre eux sont aussi de fidèles soutiens du sionisme. Certains s'en vantent tout en déplorant que toute critique d'Israël est un crime antisémite.4

Johnny Hallyday, plus qu'un chanteur, apparaît comme un fait social et politique. On ne sait dans quelle mesure le personnage s'est ou non délibérément prêté au jeu. Mais on sait par ses « amitiés » acrobatiques qu'il y a peu ou prou contribué. Et tous y trouvaient leur compte.

Cela commence par le débroussaillage un écheveau de mythes autour de sa vie. Car il a tout fait pour brouiller les cartes.

En première approximation, on a voulu renvoyer le phénomène aux conséquences du baby-boom qu'a connu le pays aux lendemains de la dernière guerre. Une tranche d'âge autour de la vingtaine qui explose à la fin des années 1950 et au début des années 1960.

L'arrivée massive d'une génération nombreuse, urbaine, éduquée, exigeant de nouveaux services, exprimant de nouveaux besoins, va entraîner de profonds changements dans la société française.

Porté par la jeunesse, l'accent est mis sur ce que plus tard on appellera le « sociétal », une notion propre à se substituer au « social » et à faciliter la dépolitisation des citoyens, c'est-à-dire à cesser de penser la société et son évolution en termes de conflits structurels. Le sociétal s'articule autour de thèmes prégnant, conçus et approchés dans le cadre d'une expertise de type technocratique, hors de tout analyse politique : la protection de l'environnement, l'épanouissement de la sexualité, l'expansion des loisirs, la hausse de la consommation, l'émancipation des femmes, la marchandisation de la reproduction, la diversification des genres, l'évolution des conditions de travail, l'émergence de nouvelles technologies liées déjà à l'électronique, à l'informatique et à la numérisation, à l'automatisation des processus de production, l'ouverture multidimensionnelle sur le monde...

En réalité, Johnny s'il est bel et bien dans l'ordre politique, il est le parfait alibi pour masquer des enjeux infiniment plus importants.

Mais qui est donc Johnny Hallyday ?

Début des années 1960, un journaliste demande à Johnny de parler de lui, de sa famille.

Réponse : «Hallyday, c'est mon vrai nom. Mon père est américain et ma mère française ». (RTF, Discorama, 1961)

En 1959, le premier 45-tours de Johnny Hallyday portait la mention suivante au recto : « L'Américain de culture française »

Tout est là. Le travestissement est planté.

La réalité est à des années-lumière.

Fils d'Huguette Clerc (1920-2007), mannequin de cabine, et de Léon Smet (1908-1989), acteur, chanteur et danseur belge, Jean-Philippe naît à Paris, le 15 juin 1943.

À sa naissance, il ne porte pas le nom de son père, mais celui de sa mère. Début 1944, Léon Smet abandonne sa femme et son fils âgé de huit mois. Le 7 septembre 1944, à la demande d'Huguette, le couple se reforme le temps d'un contrat de mariage et d'une reconnaissance en paternité, puis Léon part définitivement. À partir de cette date, l'enfant se nomme officiellement Jean-Philippe Smet.

Sa mère, fait élever son enfant par sa tante paternelle Hélène Mar, aidée de ses filles Desta et Menen, devenue la marraine de Jean-Philippe le jour de son baptême le 10 septembre 1943.

Après 1945, dans une France marquée par la guerre, privé de son père, Jean-Philippe sera traité de « fils de boche », de « bâtard » ou de « fils de divorcé », « stigmates sociaux que la légende de Johnny va (plus tard) récupérer pour les convertir en signes positifs ».

À partir de fin 1946, il vit à Londres durant deux ans. Desta épouse Lee Lemoine Ketcham, un danseur américain connu sous le nom de scène de Lee Halliday. Le trio de danse acrobatique, Desta, Menen et Lee, se produit à travers l'Europe jusqu'en 1949. Le trio devient ensuite duo : Desta et Lee se font alors appeler « Les Halliday ».

Avec un « i » !

Comme on le voit, le nom de « Halliday » est une contrefaçon au second degré. Johnny a hérité non d'un nom mais d'une mystification dont furent victimes des millions de fans à sa suite.

Sa vie intime, matrimoniale et la naissance de ses enfants parsemés au grès de sa carrière, n'est pas très différente de celle de la plupart de ces « artistes » dont toute la vie est organisée autour de leur métier et de sa représentation où la gestion de l'image occupe à tout instant.

Ces professionnels du paraître n'ont qu'une seule vie dans laquelle le recto est identique au verso, ni inconscient ni profondeur, comme dans la tragédie grecque : on est ce que l'on paraît. La pierre de touche sur laquelle Hollywood, inspiré par l'Ancien Testament et le Pentagone, a été fondé.

Sans intérêt pour personne, refoulé, très loin des « unes », des micros et des caméras, sous la pression de l'industrie du disque, de la télévision, du cinéma... des impératifs des tournages, des festivals, des représentations..., le cadavre sort du placard et c'est quelques fois le drame : Elvis Presley, Michael Jackson, Dalida, Mike Brant, Nino Ferrer, Romy Schneider, Patrick Dewaere, Marilyn Monroe (peut-être...)... y laisseront leur vie.

Le personnage joué par Louis Jouvet dans « Entrée des artistes » (Marc Allégret, 1938) a eu des mots définitifs sur cette question.

«Chanteur Populaire» ? Why not ?

Johnny a parcouru avec plus ou moins de bonheur ce labyrinthe, une prison sémiologique dont beaucoup comme on le voit ne sortent pas indemnes. Sa vie matrimoniale, c'est fréquent en ces milieux, a été particulièrement chahutée :

Cela commence par Sylvie Vartan et la naissance de David, en août 1966. Puis son divorce en 1980, son idylle avec Nathalie Baye et la naissance de Laura. Suivent les péripéties de son histoire avec Adeline Blondieau, dite « Dadou » qu'il épousa deux fois en 1990 et en 1994. Cette union marque la fin de son amitié avec son père Long Chris (alias Christian Blondieau) qui « l'accepta très mal ». Adeline l'accusa de l'avoir violée (à 14-15 ans alors qu'il en avait 465) et gagna contre lui un procès en diffamation en juin 2016.

Le 05 avril 1996, Sarkozy marie Johnny avec Laetitia rencontrée dans un restaurant japonais de Miami. En 2008, le couple adopte Jade et Joy, Johnny ne l'a pas oublié et renvoie l'ascenseur en le soutenant dans ses campagnes électorales.

Il compte aussi parmi ses fans Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Patrick Balkany ou Jacques Chirac. A l'Elysée, avec le président, ils ont partagé un coq au vin arrosé à la Corona. Ce qui ne l'a pas empêché de sympathiser l'espace d'un dîner organisé par Valérie Trierweiler avec François Hollande ou de s'afficher à la Fête de « L'Huma » avec (« J'aimais bien le bonhomme, on se comprenait. » confiait Georges Marchais). Robert Hue, rocker à ses heures, ne l'a pas renié non plus, bien au contraire.

« Il est apolitique, c'est-à-dire a-politique de droite », écrivit un jour François Jouffa dans « Marianne ». Et en matière de jonglerie, Marianne et son patron s'y connaissent. Car se dire a-politique et de droite, ce n'est pas un choix, c'est un pléonasme.

Les dictatures ont au moins une qualité : elles font l'économie de l'hypocrisie.

Une longue carrière de délinquant fiscal

La naissance de la star n'est pas passée inaperçue.

- François Mauriac s'indigne du « delirium tremens érotique »

- Edgar Morin invente l'expression « yéyé ».

- Le mot le plus rigoureux vient sans doute du Général de Gaulle : « Johnny Hallyday ? Mais si ce jeune homme a de l'énergie à revendre, il faudrait l'envoyer casser des cailloux ! » C'était le 21 juin 1963, lorsque 150 000 jeunes (quand la police en attendait 5 000) affluent vers la place de la Nation pour un concert géant qui finit dans le chaos le plus total.

Depuis Johnny s'est fait de nombreux amis. Il en a dans tous les camps et tous les partis politiques, sauf à Bercy. En pleine campagne électorale de soutien à Nicolas Sarkozy en 2006, Johnny a été accusé de vouloir par ce biais échapper au fisc français en cherchant à obtenir la nationalité belge. « Ma filiation me lie de façon certaine à la Belgique, pays de mes racines », avait-il fait valoir alors dans une lettre manuscrite adressée aux députés chargés d'examiner sa demande, soulignant qu'il aurait pu lui aussi « être belge le jour de (sa) naissance, en 1943, s'il n'y avait pas eu de discrimination, à cette époque, entre les enfants légitimes et ceux nés hors mariage ».

En réalité, prétendaient ses détracteurs la star était motivée par une domiciliation à Monaco, où les Belges jouissent, contrairement aux Français, d'une fiscalité très clémente. Ayant été abandonné par son père, Johnny n'avait jusque-là jamais exprimé publiquement un intérêt pour lui ou pour la Belgique. Bien le contraire. Ecoutons-le évoquer son père dans Télérama en 2014:

« De lui, je n'ai connu que les pires aspects. L'abandon petit, puis les factures ou les frais d'hôpitaux à régler, la déchéance. On le trouvait ivre mort, écroulé au milieu de la rue. C'était dur, douloureux de n'avoir que ça de lui. Le manque de père a hanté ma vie ».

Après 21 mois d'attente et alors que les parlementaires belges doutaient de la « sincérité » de sa démarche, Johnny Hallyday avait fini par renoncer en octobre 2007 et s'expliquer : « Je suis Français. Je reste Français. J'ai changé d'avis. On m'a assez traîné dans la boue, avait-il expliqué, ajoutant: « Je me suis demandé ce qu'avait fait, après tout, mon père pour moi. J'ai eu le temps de réfléchir... Je suis très bien comme je suis! ».

Le rockeur n'a pas été le seul à songer à la nationalité belge. Les amateurs d'« optimisation fiscale » sont légion. En septembre 2012, Bernard Arnault, PDG du groupe français de luxe LVMH a demandé la nationalité belge, mais assurait aussitôt ne pas avoir de raison fiscale à cette démarche. Lui aussi, devant le tollé qu'a provoqué son projet, a fini par renoncer.

L'idole des jeunes n'était donc pas un contribuable modèle. Toute sa carrière est émaillée de procès intentés par l'administration fiscale. Dès 1975, après sa tournée Johnny Circus, il doit plusieurs millions de francs au fisc. Il fait de partir aux les Etats-Unis mais quelques mois plus tard, il est de retour pour être condamné pour fraude à 10 mois de prison avec sursis et 20 000 francs d'amende.6

En 2000 il est astreint à payer 20 millions de francs. En 2007, il se déclare résident à Gstaad, en Suisse. Mais comme il n'a pas respecté la règle qui oblige un résident fiscal à habiter au moins la moitié de l'année en Suisse, il perd perdu son statut fiscal avantageux.

Finalement, il s'envole en 2014 pour la Californie où les taux d'imposition sont bien inférieurs à la France. Il sera néanmoins condamné cette année 2017 à 139 000 euros d'amende pour revenus dissimulés via le Luxembourg.

Là non plus Johnny ne souffre pas de solitude. Le sport le plus prisé en ces contrées riches et cossues, ce n'est pas le football. C'est l'évasion fiscale.

Son dernier voyage est conforme à sa vie : la petite île des Antilles de Saint-Barthélemy est le paradis des vacanciers, mais c'est aussi le paradis des gros contribuables qui veulent échapper à l'impôt. Pour ceux qui y sont résidents depuis cinq ans, pas de TVA, pas d'ISF, pas d'impôts sur le revenu, ni d'impôts sur les successions. Sa famille ne sera pas importunée par les percepteurs.

Ses fans à revenus modestes, qu'on a attendris toute cette semaine, apprécieront.

Que Johnny ait bien ou mal géré ses affaires, qu'il ait pu être un dépensier compulsif, qu'il ait été mal été conseillé ou qu'il ait mal négocié ses contrats avec l'industrie du disque... ne réduit en rien le constat ci-dessus.

Copié-collé.

La France américaine.

Dans foulée de Johnny, plus d'une génération ont été mobilisées pour faire de la France une vaine copie de l'Amérique.

Tous les moyens ont été mobilisés pour cela : de Hollywood Chewing-gum à Coca Cola en passant par le Western, le cinéma et le roman noirs, la quincaillerie domestique qui va du frigo à la machine à laver, de la superette à l'aspirateur... il y a matière à inspirer des complexes à un Vieux continent obsolète, dévasté par la guerre que le Plan Marshall va s'occuper de reconstruire en contrepartie de sa souveraineté.

Avec plus de 50% du PIB mondial juste à la fin des années quarante, les Etats-Unis (moins de 5% de la population) ont pris un siècle d'avance sur le reste du monde.

Mis seuls les naïfs ne se sont pas aperçus de la facture exorbitante que la planète a payé et persiste à le faire, pour que 20% de la population mondiale puisse poursuivre un pillage et un gaspillage de ressources rares, à menacer les équilibres essentiels de la biosphère pour continuer à vivre au-dessus de nos moyens.

On ne comprendrait pas grand chose à Johnny et à toute cette génération si on ne les tient pas pour ce qu'ils sont : d'abord des produits ripolinés selon les principes de base du « Mix » et mis sur le marché de l'acculturation peu ou prou programmée par des élites et essentiellement dans un but idéologique, politique et économique.

Le travestissement est une seconde nature chez les saltimbanques et les ventriloques. Mais pas seulement... Détournant la tradition des « noms de scène », une génération de chanteurs français s'est engouffrée dans la mode de l'américanisation de leur nom :

Dick Rivers (alias Hervé Forneri7), Eddy Mitchell (Claude Moine), Richard Anthony (lbrahim Richard Btesh8), James Fawler (Gérard Roboly9), Willy Lewis, (William Taïeb10), Frank Alamo (Jean-François Grandin), Antoine (Pierre Muraccioli)... Claude François dont de très nombreux succès étaient des adaptations de chansons américaines a lui aussi versé dans cet art de la farce et attrapes. Le nom de ses « claudettes » s'inspirait d'ailleurs des choristes de Ray Charles depuis 1958 (« The Raelettes », précédemment « The Cookies »).

Sans compter tous les milliers de « ratés », des gloires anonymes qui se sont inutilement déhanchés comme des malades dans les bals et les émissions improvisées pour les sélectionner, dont la promotion a été négligée par les magazines spécialisés. On a achevé beaucoup de chevaux.11

A ces schizophrènes professionnels, il fallait des gourous et des usines. Eddie Barclay, lance de très nombreux artistes entre les années 1950 et les années 1980 moyennant des techniques éprouvées aux Etats-Unis où il se rend souvent.

À la Libération, Édouard Ruault américanise son nom en Eddie Barclay, se crée un look à la Clark Gable et fonde une des premières discothèques de Paris (le « Barclay's club ») sur le modèle des « clubs » américains rue Pierre Charron et à Saint-Germain-des-Prés. Son club devient rapidement un des plus hauts lieux parisiens de jazz du « Tout-Paris » partagé après les années 1980 avec Saint-Tropez où il organise des fêtes fastueuses et interminables...12

E. Barclay n'était pas le seul. Philippe Labro a joué un rôle plus proche encore auprès de Johnny. Il a pris une parole affectée à la Madeleine en tant qu'ami dans l'intimité de la famille. Labro est le premier à écrire les textes d'un album entier pour Hallyday. Il est au cœur d'une toile consanguine (France Soir, RTL, Europe1, TF1, Antenne 2...) qu'il partage avec beaucoup d'autres dont la trajectoire personnelle est similaire à la sienne.

Il a raté son baccalauréat mais pas son américanisation. A 18 ans, une bourse Zellidja lui permet d'étudier à la Washington and Lee University de Lexington en Virginie. Il en profite pour voyager à travers tous les États-Unis. « Je n'ai pas eu besoin de demander la permission à qui que ce soit, parce que c'était un instinct, qui reposait sur un désir, une curiosité d'Amérique, que j'avais depuis toujours. Elle venait de mes lectures d'enfance, du cinéma, de la libération de la France. » « J'ai eu 18 ans sur les routes américaines. Et j'ai vécu une aventure qui a totalement changé ma vie, qui a déterminé ma carrière et peut-être même mon caractère ».

Il est de retour en France deux ans plus tard avec une chevalière aux armes de son université américaine ? qui ne quitte jamais son annulaire gauche.

La principale usine qui fabriqua ces chanteurs fut EMI Group, la maison de disque créée en mars 1931 sous le nom de « Electric and Musical Industrie »s, par la fusion de la filiale anglaise de Columbia Records et de la Gramophone Company/HMV.13

Encadrés par d'autres machines éditoriales destinés à fabriquer des générations de fans (et des électeurs) : Au coeur du dispositif, le mensuel « Salut les copains » appuyé sur les « radios périphériques » (d'abord Europe 1 qui l'avait lancé comme émission, RTL et Radio Monté Carlo).

La France gaullienne était bien encerclée, soumise à un containment serré jusqu'au 24 janvier 1985, à la fin du monopole d'État. 15 ans plus tôt le général avait quitté la scène et les socialistes avaient entamé le Bad Godesberg dès mars 1983. Merci Mitterrand !

Johnny apparaît comme un rejeton de l'après guerre qui a débarqué avec beaucoup d'autres le 06 juin 1944 sur les plages de Normandie pour « libérer » la France de l'occupation nazie et de proposer aux Européens un nouveau modèle de civilisation. Ce dont la France contemporaine - phénomène récent14 - n'oublie pas de célébrer, éperdue de reconnaissance. En 1984 et en 1994, F. Mitterrand sur les plages de Normandie (en compagnie de R. Reagan et de la reine Elisabeth II) a prononcé deux discours. Dans les deux, les généraux américains ont été célébrés. Sauf celui du seul général de cette époque qui vaille pour la France. Depuis N. Sarkozy, F. Hollande (et demain E. Macron in inglish) tout en gratitude, honorent l'événement.

Johnny est une copie dont on a vainement tenté de faire l'original qu'il n'est jamais réussi à devenir. Car ce n'est pas pour cette raison qu'il a été inventé : En Amérique on célèbre les Américains, pas les « Hallyday » dont la principale mission est de contribuer à fabriquer à l'échelle mondiale des consommateurs de l'« American way of life » dans une guerre Est-Ouest qui commençait alors. L'idée était évidemment d'entraîner derrière lui la jeunesse française dans cette quête vaine et illusoire d'une identité d'emprunt.

Illusoire parce que l'Amérique de Johnny n'a aucune réalité : c'est un fantasme, une collection d'images d'une utopie qui a été confectionnée pour asservir les coeurs et les esprits.

Malheureusement, ces images jurent avec la réalité : les « Indiens », les bisons, la nature de ce continent avaient été exterminés par une colonisation sauvage, massacres transfigurés dans les Western qui formateront l'imaginaire d'une jeunesse qui s'ennuie15, via la figure customisée d'un « lonesome cow-boy » destinée à une consommation mondialisée. Dans « Mon Amérique à moi » Johnny la résume très bien : une collection de clichés, de poncifs usés jusqu'à la corde, à l'usage des benêts. Comme ceux des « Lucky Luke » dont l'exportation sur les autres rives de l'Atlantique a lamentablement et logiquement échoué.

Le quotidien Libération qui lui a consacré le jour même de sa mort, un dossier spécial, a bien résumé la situation : « Des Etats-Unis au Japon, les médias étrangers ont relayé la nouvelle de la mort de Johnny Hallyday. Avec une difficulté : faire comprendre son immense popularité en France à des publics n'ayant souvent jamais entendu parler du rocker français. »

«C'est difficile d'expliquer le phénomène Johnny aux étrangers. C'est un bon chanteur, mais il existe beaucoup de chanteurs. C'est un caméléon, un performeur, un acteur, plutôt qu'un grand musicien original ; un pirate des styles d'autres gens.» écrit à son tour Arnold Turboust dans le New York Times.

Méprise illustrée par ce titre d'un article d'USA Today datant du début des années 2000 consacré à Johnny : «La plus grande rock star dont vous n'avez jamais entendu parler».

Johnny est revenu sur Terre à la suite d'une déroute cinglante qu'il a subie le 25 novembre 1996 à Las Vegas. Un fiasco qui illustre le malentendu.

Il donne un concert à l'Aladdin-Hotel-Casino, devant 6 à 7.000 fans venus de France et ayant acquitté un forfait de 7.300 francs pour deux jours à Las Vegas et l'entrée au concert. Un avion d'Air France a été spécialement affrété pour eux. Les Américains suivaient distraitement du coin de l'oeil l'étrange équipée de « The french Elvis Presley » qui organisait un concert aux Etats-Unis et s'était efforcé de ramener ses fans avec lui. Finalement, le rockeur dépité, victime d'une trachéite, n'apparaît pas en grande forme et laissera fans et critiques sur leur faim.

A l'église de la Madeleine, la cérémonie s'est achevée sur un air de blues et personne ne semblait avoir discerné la discordance, la césure incroyable qu'il y avait entre ce gospel incongru et la Madeleine improvisée en temple pentecôtiste d'Alabama ou de Louisiane, par ailleurs maintes fois instrumentalisée.

Que des Français rendent hommage à un rocker hexagonal, rien de choquant. Que la République en fasse un symbole de l'identité française, au moment même où les Français s'interrogent sur leurs repères dans une actualité mouvante et une conjoncture économique et sociale structurellement déficitaire, il y a matière à question.

En chantant en français Johnny représentait une étape, une transition qui devait aboutir à la situation actuelle : comme en Norvège, aux Pays-Bas ou au Danemark, les Français chantent directement en anglais et accompagnent dans cette langue la transformation du pays en simulacre de l'Amérique.

L'Italie a inventé le « western spaghetti », la France a eu son Johnny. Mario Girotti s'est déguisé en Térence Hill, Carlo Pedersoli, s'est glissé dans la peau de Bud Spencer et ainsi beaucoup d'Européens se sont faits passés pour des Américains, non pour devenir Américains, mais pour vendre l'Amérique à leurs propres concitoyens.

Langue unique, pensée unique.

Toute cette affaire montre à quel point le principe d'exception défendu à Bruxelles, censé protéger la culture française, est un attrape-nigaud. Un piège dans lequel, tête baissée, les « élites » de ce pays sont en train d'impliquer leurs concitoyens.

* Lorsque Christine Ockrent faisait ses premiers pas journalistiques aux Etats-Unis à la fin des années 1960, au sein de la chaîne de télévision NBC, elle déclarait avec la conviction du converti que la langue française n'était pas adaptée aux médias modernes.

C'est peut-être vrai. Mais est-ce bien pertinent de placer à des fonctions aussi élevées dans l'audio-visuel public (aujourd'hui à France Culture) une femme qui a une si piètre opinion de la langue de son pays ?

* En mars 2003, à Bruxelles dans la salle du conseil européen, le baron Ernest-Antoine Seillière, qui avait abandonné la présidence du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) pour celle du patronat européen, prenait la parole en tant que président de l'Union des industries de la communauté européenne (Unice) et en présence du président Chirac, a osé ce préambule : « Je vais parler en anglais, la langue des affaires ». A ces mots, le président français s'était levé et avait quitté la salle. Pour y revenir à la fin du discours de ce représentant éminent de son pays. Cette incartade n'eut aucune conséquence.

* Alain Lipietz rapporte dans Marianne du 1er novembre 1999 : « Stupeur à Bruxelles ! Lors de sa première audition devant la Commission Économique et Monétaire du Parlement Européen, Christian Noyer, le vice-président (français) de la Banque Centrale Européenne, distribue et lit un discours ? En anglais ! Aucun pays de l'Euroland (sauf l'Irlande) ne parle pourtant anglais. »

* De nombreux conseils d'administrations de sociétés françaises se tiennent exclusivement en anglais en France alors qu'il n'y a aucun anglophone monolingue dans la salle.

* Valérie Pécresse, ancienne Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de 2007 à 2011, a contribué de manière décisive à introduire l'anglais comme principale langue de travail dans les universités. Les publications, les cours, les méthodes de travail, l'organisation devaient très vite passer aux normes anglo-saxonnes. La soumission de l'université française au Processus de Barcelone a accentué cette tendance, censée améliorer le classement des établissements français vu de Shanghai. Ses successeurs, en particulier Mme Geneviève Fioraso (qui a une maîtrise en anglais), ont poursuivi avec un zèle suspect la réalisation de cet objectif.

* N'est-ce pas E. Macron (à la suite il y a quelques années de Jean-Marie Messier) qui il y a quelques mois, doutait de l'existence d'une culture française ?

* L'enseignement des langues étrangères est une grossière mystification. Elle se résume de plus en plus, dès la maternelle, à l'enseignement (pauvre Shakespeare) du globish. La diversité linguistique va dans le même sens que la biodiversité. Elle s'appauvrit jour après jour.

* La francophonie et l'UNESCO ne sont plus que des instruments politiques qui abusent la multitude de francophones du reste du monde qui ne se rendent nullement compte que c'est la France et se dirigeants qui cessent de défendre leur langue. Dans les institutions internationales ce sont souvent les Africains qui poussent les représentants de Paris à s'exprimer dans leur langue.

* Le français n'est plus obligatoire en Suisse, en déclin dans le reste des autres pays de l'Union et quand un étranger veut parler à un Français il passe directement à l'anglais.

* L'enseignement des langues européennes est en déclin rapide en France et les familles sont incitées à choisir l'anglais en première langue. Bientôt il n'y aura plus de seconde, si ce n'est à titre décoratif ou de curiosité. Comme en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis.

* La norme linguistique n'est pas seule à basculer. Toutes les autres normes suivent le même chemin via l'adoption du TAFTA : le droit, les codes et règlements, l'informatique, l'électronique, l'économie... L'euro (dès 1979, avec le SME) a été formaté sur le modèle du dollar tel qu'il avait imaginé à Bretton Woods. Même le calibre des armes (dont le 5.56 du FAMAS, abandonné récemment au profit d'un fusil d'assaut allemand) est aligné sur les normes américaines. Comment pouvait-il en être autrement dès lors que les armées françaises ont été placées sous commandement américain et oeuvrent discrètement un peu partout dans le monde où Washington a décidé de déplacer ses pions. Comme on le voit, il s'agit moins ici de la mort d'un grand rocker que du naufrage culturel français

A chaque épisode de sa longue histoire quand il prend à leurs « élites » de raconter aux Français des histoires qui ne leur appartiennent pas, les conteurs se trompent de légende, de roman national et de héros. Ce qui est vrai pour la France l'est tout autant pour bien d'autres nations (réalistes, pragmatiques...) qui ont consenti au... consentement.16

Les réveils sont toujours été très douloureux.

Johnny est mort. Vive Johnny !

Les amis, proches parents de Johnny et les industriels qui l'ont fabriqué rêvent de Graceland.

Les prémisses d'une nouvelle religiosité se mettent peu à peu en place.

Reliques, statues, cérémonies, processions, pèlerinages, culte païen aux Dieux des sans-dieu et des « sans-dents ». Un hommage sacral va être rendu à une figue de sainteté fabriquée de toutes pièces.

Johnny va être une bonne affaire pour les commerçants du divertissement, le marchandisage des colifichets, des breloques, des icônes, des jouets, des poupées et autres reliques.

Disparu la veille du 06 décembre d'Ormesson n'a pas eu de chance. Il était inquiet que l'histoire de Jean Cocteau qui a eu la mauvaise idée de mourir le même jour que Edith Piaf, se répète.

Elle s'est répétée.

Son immortalité pèsera peu face à celle de la rock star. L'académicien sera bien plus vite oublié. Il l'est déjà. Comme ce qui fait un peu la France.

Notes :

1- A noter : Ni Clemenceau ni C. de Gaulle n'ont voulu d'obsèques nationales.

2- « Donc moi j'ai rien à dire sur le sujet (...) en tout cas moi j'ai pas plus à dire que ceux qui sont en train de me regarder ». (AFP le J. 07/12/2017 à 09:49). « Ce n'est pas parce qu'on n'a rien dire qu'on est obligé de le faire savoir », disait le malicieux Pierre Dac.

3- Le cinéaste Claude Lelouch n'a pas perdu le sens des réalités. Alors que le cercueil arrivait devant l'église, le réalisateur a ostensiblement dégainé son téléphone pour immortaliser la scène, le sourire aux lèvres. Un travelling en gros plan sans aucune gêne en passant devant les amis et la famille endeuillée, pendant que le cercueil sortait du corbillard. Saisi à son tour ar les caméras de TV, il faisait lui-même l'événement qu'il filmait. Outre sa démarche cavalière, on ne savait plus très bien de quel côté du miroir d'Alice se situait l'importun, égaré dans on ruban de Möbius.

4- La déclaration de D. Trump à propos de la capitale d'Israël, le jour du décès de Johnny Hallyday et la visite impromptue dimanche de Netanyahu à Paris, rapprochaient ce qui pouvait paraître éloigné.

5- Il est heureux que le scandale Weinstein ait été largement étouffé par la mort de Johnny et par le système médiatique.

6- gala.fr, vendredi 8 décembre 2017.

7- Fils d'un commerçant boucher de Nice.

8- Fils de Ezra lbrahim Btesh, juif et originaire de la province d'Alep en Syrie

9- Guitariste du groupe « Les Chats Sauvages » et frère du guitariste solo John Rob.

10- Le premier batteur du groupe « Les Chats Sauvages », né le 1er juillet 1944 à La Marsa (Tunisie).

11- « On achève bien les chevaux » Sydney Pollack, 1969. Le film inspiré du roman de Horace McCoy, 1935.

12- Lire son autobiographie « Que la fête continue », publiée par les éditions Robert Laffont en 1988, 239p.

13- En 1936, la filiale française est créée sous le nom « Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi ». Ces entreprises passeront de main en main, tout récemment entre la banque américaine Citigroup et Vivendi qui a acheté Universal Music Group en 2000.

14- De gaulle s'explique sur son refus entêté dans une conversation avec Alain Peyrefitte. «Le débarquement du 6 juin, ç'a été l'affaire des Anglo-Saxons, d'où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s'installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s'apprêtaient à le faire en Allemagne !

« Ils se seraient conduits en pays conquis. C'est exactement ce qui se serait passé si je n'avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération ! « Et vous voudriez que j'aille commémorer leur débarquement, alors qu'il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n'est pas là !

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu'aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n'a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder ! »

15- Pierre Viansson-Ponté a écrit un article paru dans le quotidien Le Monde le 15 mars 1968 devenu célèbre, Quand la France s'ennuie, dans lequel certains voient l?annonce des événements de Mai 68 (Lamartine avait usé de la même formule sous la Monarchie de Juillet). http://www.lemonde.fr/le-monde-2/article/2008/04/30/quand-la-france-s-ennuie_1036662_1004868.html

16- Cf. Noam CHOMSKY, Edward HERMAN (2009) : La fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie. Contre-feux, Agone.669 p.