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Le président bouteflika, les partis au pouvoir, l'administration et l'opposition (Suite et fin)

par Chaïb Aïssa-Khaled *

A propos des «politiques» made in chez nous. Quand bien même ils émargent au pouvoir, ils ne pourront plus cacher indéfiniment leur incapacité d'embrayer sur la mise en œuvre de ce développement global et cohérent, de l'absence duquel souffre d'ailleurs le peuple et qui reste la cause profonde du marasme qui l'agresse en se résolvant à opposer à la démocratie une attitude de répulsion parce qu'ils considèrent qu'elle est une gêne infligée à leur autoritarisme sclérosant. Agissant de la sorte, ils n'ont fait que subvertir le sens réel de la gouvernance génératrice du développement durable, équilibré et équitable, prôné par le Chef de l'Etat.

Mieux encore, ils ne pourront plus dissimuler leur incapacité à «faire» le sort du peuple, tel qu'ils le prétendent, et drapés dans des performances immatérielles que distille une logique factice et dont le fonctionnement n'a fait que grossir l'immunité du process rentier. Effectivement, leur logique politique animée par le seul souci de manipuler l'opinion des citoyennes et des citoyens pour les embrigader, n'a fait qu'ériger ces derniers en comptables rédempteurs des frustrations qu'ils leur ont provoquées.

Parce que le Président Abdelaziz Bouteflika fait dans la promotion de l'Etat citoyen, ils ne pourront plus faire dans celle de l'Etat policier, cette forme d'entreprise qui a carrément fait fi de l'intérêt des peuples afin qu'ils demeurent une vulgaire cheville ouvrière et sans plus.

Parce que le Président Abdelaziz Bouteflika s'applique à mettre en place un modèle de gouvernance ouvert et transparent, nanti d'une volonté politique ferme, à l'écoute de la société et disposé à répondre efficacement à ses préoccupations majeures, ils devront comprendre que la confiance s'établissant et devenant une monnaie d'échange, celle-ci se sentant alors concernée, elle réagira positivement et collaborera pour que s'accomplisse le rêve national. Cela dit, il leur importe de cesser d'évoluer dans des attitudes mégalomaniaques et de perpétuer, aveuglément et sans remords, le chaos qu'ils ont par petites touches réussi.

Le Président et l'opposition

Pour pouvoir faire avec la mondialisation qui s'accélère et qui s'intensifie, ce « vaste mouvement qui emporte le monde » -Président Abdelaziz Bouteflika. Le Chef de l'Etat appelle la classe politique algérienne à promouvoir le pouvoir citoyen, parce qu'il est l'émanation de la volonté populaire, parce qu'il est le seul capable d'écarter les risques de marginalisation et d'exclusion de tout un chacun et le seul habilité à développer une coopération confiante et fructueuse entre tous qui s'engageront dès lors à relever le défi qui, lui, est subséquent, l'assistance multisectorielle mutuelle. Dans cet ordre d'idées, il n'est pas pour une classe politique qui occulte ce qu'elle doit avoir en commun avec son peuple, (œuvrer à la valorisation des atouts de l'Etat-nation). Or, il se trouve que l'opposition fait dans une autre logique, une logique subversive animée par le seul souci de manipuler la colère populaire et qui, perçue comme une dérision par la vox populi, n'affecte pas le discours politique en vogue malgré les critiques proférées à son endroit.

Moralité, est-ce la faute au Président Abdelaziz Bouteflika si l'opposition n'a pu s'imposer ? Est-ce de sa faute si ses discours ne sont que des coups d'épée dans l'eau ? Est-ce de sa faute si l'inadéquation entre ses visions confuses et souvent figées et les réalités changeantes du terrain, ont fait que sa présence comme son absence sur la scène politique ne suffisent pas à influer sur le cours des événements dont l'accélération va plus vite que sa capacité à s'adapter aux circonstances ? Est-ce de sa faute si parler aujourd'hui de l'opposition, c'est s'imposer un exercice de style pour faire du néant une entité quantifiable ? Est-ce de sa faute si à chaque rendez-vous électoral, les religieux et les laïcs, les démocrates et les radicaux, les recyclés du pouvoir et les professionnels de la politique « prennent le même train mais ne descendent jamais à la même gare » ? Est-ce de sa faute si les espoirs des coalitions conjoncturelles pour la recherche d'un candidat consensuel qui porterait leur emblème, ne se sont jamais accomplis ?

Pour le Président Abdelaziz Bouteflika comme pour tout Chef d'Etat soucieux du bien-être de sa cité et de son peuple, le développement économique et social de l'Algérie est un impératif primordial qui concerne l'ensemble de tous ses citoyens appelés d'ailleurs à contribuer à l'édification d'un Etat structuré et solide, orienté vers l'investissement dans l'homme et dans son génie propre en vue de plus de performance et de compétitivité, cela suppose que l'opposition, faisant dans le jeu démocratique, doit être l'émanation du consensus citoyen. Cela signifie qu'elle ne doit pas se perdre dans le flou des conjectures et oublier ce que devra être sa mission originelle : atteindre les objectifs de développement en menant une lutte politique soutenue et efficace contre tout ce qui empêche l'aboutissement des ambitions et des aspirations des citoyens, pour que s'accomplissent leurs besoins et pour que soient laminées leurs contraintes.

Dans cet ordre d'idées et pour que son projet politique soit mis en débat, elle n'a plus le droit de barboter dans des idées farfelues ou de trébucher à reculons. Il lui importe d'élargir ses perspectives pour susciter l'engagement de la population, de consolider ses rangs, de constituer des organisations-relais pour assurer une extension continue de son audience populaire ou tout au moins, l'entretenir.

Il considère que sa stratégie-tactique devra être revue car comment arriver au pouvoir si elle n'arrive pas à définir un projet politique global, rassembleur et adapté aux conjonctures saillantes tant au plan national qu'au plan international et que faire du pouvoir si elle n'arrive pas à se distinguer par un projet de développement durable ascendant sur le peuple ? Autrement dit, pour se construire une base électorale et accéder au pouvoir, il importe à ses leaders de cesser :

- de s'encoconner dans ce charisme qui ne leur ressemble pas et de se confondre dans leurs fantasmes désarticulés, qui leur ressemblent;

- de s'embourber dans leurs contradictions;

- de se mettre en retrait de leurs ambitions maladives le temps d'apprécier le contour de la solution;

- d'investir dans le mécontentement populaire qu'elle incite d'ailleurs à coup de discours fallacieux et de bilans complaisants.

Il leur importe par contre de :

- disposer d'argumentaires nouveaux à opposer aux circonstances nouvelles;

- susciter des adhésions à des thèses créatrices de renaissance.

En somme, il considère que sa stratégie-tactique devra être revue car comment arriver au pouvoir si elle ne cesse pas d'être une opposition de circonstances et de rendez-vous et si elle ne devient pas une opposition alternative qui ne fera plus dans la désertion ou dans l'abandon de poste mais qui jouera son rôle, celui d'ingrédient qui pimente la vie politique en Algérie.

N'ignorant pas que dans un monde où le rythme des mutations du progrès est fortement accéléré, les pouvoirs qui opposent à la démocratie une attitude de répulsion, le Président Abdelaziz Boutefliika inspiré, comme il l'est de nature, par le mouvement progrès / civilisation qui est en train de faire le sort des nations, et soucieux comme de coutume de l'amélioration continue de sa gouvernance en matière de développement humain conformément à cette norme universelle qui recommande de faire du développement humain le centre des stratégies globales à adopter pour qu'aboutisse son accomplissement, ne cessera de veiller à ce que l'équilibre socioéconomique soit rétabli avec le maximum de circonspection, à ce que l'inflation ne soit plus en tête d'affiche, à ce que la paupérisation des classes moyennes cesse de s'ériger dans des allures grandioses, à ce que la croissance économique décolle, à ce que le taux de chômage ne soit plus hideux, à ce que la structure du marché du travail ne soit plus bouleversée, à ce que la fiscalité s'impose tant aux petites bourses qu'aux grosses fortunes, à ce que la sécurité sociale ne soit plus absente, à ce que la couverture sanitaire réponde exponentiellement aux besoins sociétaux, à ce que le système éducatif soit des plus performants, à ce que le cyclone de la mondialisation n'aspire plus l'ambition citoyenne, vivre et évoluer au rythme de l'international.

Mesurant les attentes de son peuple, il ne cessera de se mettre du côté du droit, de la justice et de la liberté et d'abattre les écueils qui se dressent sur la voie du renouveau national parce qu'ils ravinent ce fossé de la méfiance, attisent ce raz-le- bol, surchauffent cette exaspération, animent cette détresse et provoquent cette incertitude que la classe politique et l'administration ont élevée au rang de fatalité, abusant de la sorte et démotivant la société qui, faute de mieux faire, s'est résignée à nourrir le dépit et l'amertume.

Il inscrit ces écueils ostentatoires dans les dépenses pour les besoins de la magnificence, pour manager la gestion populiste de l'économie, pour tenter de provoquer une euphorie sociale et la maintenir et pour les usages outranciers de l'instrument bureaucratique. Il les inscrit aussi dans les coûts du fonctionnement en matière de ressources consommées par des postes oisifs, par des semblants de management et de contrôle, par le gaspillage des ressources et des compétences, par les jeux éhontés de transferts qui favorisent et engraissent la prolifération des foyers de la corruption, par la surfacturation des projets liés à l'ineffectivité des dispositifs de contrôle de l'exécution des marchés et qui prennent des proportions démesurées.

Tout en faisant de l'édification du projet démocratique le nord magnétique de sa gouvernance, il ne cessera de parer les institutions de l'Etat algérien de leur légitimité profonde en mettant fin aux discrédits qui les maculent et aux dérives de tous ordres qui ont affaibli la conscience nationale de son peuple. Il rendra au respect mutuel ses convictions, sa notoriété à la compétition pacifique des idées et des programmes, leur intangibilité aux actions publiques de développement économique et social, leur pleine efficacité aux droits constitutionnels, leur garantie. Il fera en sorte que la moralisation de l'Etat porte en elle la réponse aux revendications de la société pour la justice, la dignité, la solidarité dans l'effort et les sacrifices.

* Directeur de l'Education de wilaya - Professeur chercheur INRE