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Yémen : l'ex-président Saleh a été tué Algérie-France: Le gaz de schiste et les lobbys

par R. Ghania Oukazi

  L'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a été tué, ont déclaré lundi les rebelles Houthis, quelques jours après la rupture de l'alliance entre ces deux camps rebelles ayant entraîné des affrontements meurtriers dans la capitale Sanaa.

La mort de l'ex-président yéménite, 75 ans, pourrait constituer un tournant majeur dans le conflit qui ensanglante le pays depuis son départ du pouvoir en 2012. Au centre de la "pire crise humanitaire au monde" selon l'ONU, la guerre au Yémen avive les tensions régionales autour de la rivalité entre l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, accusé par Ryad de soutenir militairement les rebelles Houthis, ce qu'il réfute. "Le ministère de l'Intérieur (contrôlé par les Houthis) annonce la fin de la milice de la trahison et la mort de son chef (Ali Abdallah Saleh) et d'un certain nombre de ses éléments criminels", a affirmé la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah, en citant un communiqué. Son décès et les circonstances de cette mort n'ont pu être confirmés de manière indépendante à ce stade. Une vidéo remise à un journaliste de l'AFP par les rebelles Houthis montre le cadavre de ce qui semble être l'ancien président Saleh.

Cette annonce intervient alors que M. Saleh et les rebelles chiites Houthis ont vu leur alliance scellée il y a trois ans voler en éclat au cours de la semaine écoulée. Des combats font rage depuis mercredi dans la capitale Sanaa, que les deux parties rebelles contrôlent conjointement depuis 2014 au détriment du gouvernement internationalement reconnu d'Abd Rabbo Mansour Hadi réfugié à Aden, dans le sud. Ils avaient fait jusqu'à lundi matin au moins 100 morts et blessés --des combattants mais aussi des civils--, selon des sources de sécurité et hospitalières. Dans un développement spectaculaire, Ali Abdallah Saleh avait même tendu la main à l'Arabie saoudite samedi, proposant à Ryad de "tourner la page" en échange d'une levée du blocus qui étrangle la population. Les Houthis avaient dénoncé une "grande trahison".

Face à la fin de l'alliance rebelle, l'actuel président Hadi a de son côté "donné pour ordre à son vice-président Ali Mohsen al-Ahmar, qui se trouve à Marib (100 km à l'est de Sanaa), d'activer la marche (...) vers la capitale", a annoncé lundi un membre de son entourage. Baptisée "Sanaa l'Arabe", l'opération --à l'issue plus qu'incertaine-- consisterait, selon le membre de l'entourage de M. Hadi, à prendre la capitale en tenailles sur plusieurs fronts, notamment à l'est et au nord-est. Selon des sources militaires loyalistes à Marib, sept bataillons ont reçu l'ordre de marcher sur Sanaa sur le front est. Outre le soutien de la coalition sous commandement saoudien, les militaires loyalistes se sont assurés l'appui des tribus de Khawlane qui contrôlent l'est de Sanaa, ont ajouté les mêmes sources. Afin d'affaiblir les Houthis, le gouvernement Hadi a dans le même temps annoncé sa volonté d'offrir une amnistie à tous ceux qui cessent de collaborer avec ces rebelles. M. Hadi "proposera prochainement une amnistie générale à tous ceux qui ont collaboré avec les Houthis et décidé de se rétracter", a déclaré le Premier ministre Ahmed ben Dagher à Aden, la grande ville du sud sous contrôle du gouvernement reconnu internationalement. Cependant, à Sanaa, les Houthis donnaient l'impression lundi de prendre le dessus sur les forces de M. Saleh, selon des journalistes sur place.





Annoncée avec enthousiasme par le Premier ministre, l'exploitation du gaz de schiste tend à poser un sérieux problème de souveraineté à l'Algérie.

Convoitée par les Américains et les Français, l'exploitation du gaz de schiste algérien, si elle ne le sera pas «pour demain», pose déjà de sérieux problèmes de concurrence sur fond de velléités de mainmise étrangère sur les ressources naturelles du pays, voire sur son sous-sol. Bien qu'annoncé par Ahmed Ouyahia dès sa prise de fonction de 1er ministre, ce recours à une énergie de substitution au pétrole a fait dire au ministre du secteur, Mustapha Guitouni, que «le gaz de schiste, ce n'est pas pour demain, dans 5 ou 10 ans (?)». Des experts spécialisés dans le secteur affirment, cependant, que des études continuent toujours d'être menées. «Ce sont des études qui doivent nous fixer en premier sur les capacités de l'Algérie en la matière et sur les techniques d'exploitation les plus adaptées et les plus rentables ainsi que sur leurs conséquences sur l'environnement», nous disent-ils. Classée 3e réserve mondiale par des institutions internationales spécialisées, l'Algérie semble avoir déjà fait son choix. «Les dirigeants ont déjà opté pour la méthode américaine mais ce n'est pas simple, il y a des concessions à faire», nous expliquent ces experts. L'on apprend ainsi que les Américains ont certes accepté «volontiers» de coopérer dans ce segment de l'énergie mais exigent de l'Algérie de lui céder 75% du marché. Les concessions sont donc de taille et non de forme. «Une telle exigence remettrait en cause jusqu'au principe de la souveraineté nationale que les responsables algériens ont de tout temps mis au devant de toute négociation et ce, quel qu'en soit le domaine», nous expliquent nos interlocuteurs.

Pressions, lobbys et souveraineté nationale

Des «tentatives» de négociations devaient être engagées avec les grandes firmes françaises «mais les Algériens sont restés très hésitants», est-il noté. Interrogé lors de sa rencontre avec la presse à Alger sur les possibilités de Total d'investir dans le gaz de schiste, François Hollande, alors président de la République française, avait répondu : «Pas seulement le gaz de schiste, il y a aussi d'autres domaines (?)». Les malheureux événements, qui avaient secoué la région d'In Salah déjà avant même que les choix de l'exploitation de cette ressource ne soient définitivement fixés, obligent les autorités à plus de précautions et de vigilance. «Nous devons approfondir la réflexion à ce sujet, cela y va de la sécurité du pays», estiment nos sources. L'Algérie continue de subir les pressions de puissants lobbys français pour plier sur la question. En attendant ou en parallèle, le directeur de CACI France (Chambre algérienne de commerce et d'industrie) a reconnu récemment, sur un plateau de télévision nationale, qu'il peine à avoir un siège à Paris pour loger CACI France. «Nous avons commencé à réfléchir sur la création de CACI France, Mourad Medelci et moi, il y a 19 ans, mais le lobby qui n'aime pas l'Algérie, qui est implanté là où vous savez, nous a mis des bâtons dans les roues», a avoué Kaci Aït Yalla. «CACI France existe mais elle n'a pas le label de chambre de commerce, on n'a pas encore eu l'agrément alors que la chambre de commerce française en Algérie a eu tout de suite son agrément», affirme-t-il.

Montebourg, Messoud Amoulay, Chevènement?

«En Algérie, la France a des lobbys qui l'aident», glisse calmement un représentant d'une organisation patronale qui était sur le plateau. «CACI France est une chambre virtuelle, le jour où on aura des locaux et un budget, je ne sais pas ce qui va se passer, ce sera une fusée», a souligné Kaci Aït Yalla. Le directeur de CACI France a reconnu quand même qu'il y a des personnalités françaises qui «aiment l'Algérie comme Arnaud Montebourg, Chevènement, Messoud Amoulay de Béchar...». Du cran que d'évoquer publiquement une personnalité française comme Messoud Amoulay, ce juif séfarade né à Béchar au temps de la colonisation. Amoulay est connu par tous les dirigeants algériens, du passé, du présent et probablement de l'avenir. Dans l'épisode de l'été qui a mis en avant Abdelmadjid Tebboune, le nom de Messoud Amoulay a été sorti comme étant «un appui à tout responsable qui sollicite son aide». Réputé être bien «introduit» dans les milieux français et algériens, richissime homme d'affaires de grande notoriété, spécialisé dans la joaillerie et le cristal ainsi que d'autres créneaux, et bien que fatigué quelque peu par le poids des années, Messoud Amoulay continue à être toujours cette carte que de hauts responsables algériens en poste ou «en réserve de la république» brandissent pour «l'ultime coup de main». L'on se demande alors comment Kaci Aït Yalla n'a-t-il pas réussi à le convaincre de l'aider à lui débrouiller un siège et un budget à CACI France ? Aït Yalla a déclaré, dimanche, qu'il remontait lundi (hier) sur Paris pour préparer la participation de Ahmed Ouyahia à la réunion de la Commission mixte algéro-française qui se tiendra, ce jeudi 7 décembre, en présence du Premier ministre français Edouard Philipe. «On va aider notre 1er ministre bache nhamroulou oudjhou», a-t-il noté.

«La France a des lobbys en Algérie qui l'aident»

Le responsable de CACI France ne sera donc pas là pour accueillir le chef de l'Etat français qui arrivera ce mercredi matin à Alger. La visite se confirme puisque les services de la Présidence de la république ont accrédité des journalistes pour la conférence de presse qu'Emmanuel Macron va animer le même jour à 16h à l'hôtel El Aurassi. Mais avant, de l'aéroport, il ira déposer une gerbe de fleurs au pied du sanctuaire des martyrs de Riadh El Feth. Vers 11h, il marchera de la Grande Poste vers la place Emir Abdelkader et fera un saut dans la librairie du Tiers Monde jouxtant le Milk-bar. Par contre, il n'aura pas droit à la rencontre qu'il a tant souhaitée avec les étudiants. «La rencontre a été annulée, lui qui voulait donner sa conférence dans un grand amphithéâtre», affirme un haut responsable, qui ajoute : «Et c'est mieux ainsi !» Mais interrogeons-nous, pourquoi alors c'est le branle-bas de combat au niveau de la fac centrale pour la nettoyer et la repeindre ? «Ça permettra aux étudiants d'avoir une fac bien rénovée, ils pourront ainsi profiter de tous les réaménagements entrepris», répond-il en riant. Il est probable que les autorités algériennes ont décidé d'annuler la rencontre avec les étudiants pour éviter «tout incident qui mettrait mal à l'aise les deux parties». Réputés avoir «les nerfs à fleur de peau», en cas de mauvaise plaisanterie de la part de Macron comme il l'a fait à l'université de Ouagadougou, il n'est pas sûr que les étudiants algériens laissent passer sans réagir?

Le Président français aura des audiences avec les responsables algériens, en premier avec Ouyahia. Il déjeunera à la résidence «Les Oliviers» de l'ambassade de France à El Biar. Il sera reçu par le président de la République à Zéralda dans l'après-midi. Après sa conférence de presse, il dînera en principe à Alger pour s'envoler dans la soirée vers Doha, la capitale du Qatar.