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Fruits et légumes: De nouveau la surchauffe

par Y. A.

  De nouveau la surchauffe des prix des produits alimentaires est constatée au niveau de l'ensemble des marchés des fruits et légumes, ainsi que plusieurs produits agroalimentaires. Même le prix du pain a été revu à la hausse dans plusieurs régions du pays, cédé à 15 dinars la baguette. Une situation de fait dénoncée par les syndicats et l'association de protection des consommateurs (APOCE), qui n'ont pas reconnu cette hausse du prix de la baguette de pain.

Le retour du froid, la neige et les intempéries semble avoir fait grimper par ailleurs les prix des produits agricoles frais au même rythme que la baisse de la température dans les principales régions de production.

?'Une simple goutte de pluie a fait flamber les prix'', lance un marchand de fruits et légumes. Car entre la journée de mercredi et celle d'hier dimanche, tous les produits du panier de la ménagère ont connu des hausses de plus de dix dinars en moyenne. Le poivron qui était cédé autour de 120 DA/kg était vendu hier autour de 140 DA/kg, soit une hausse de 20 DA. De même, la tomate, qui était en moyenne à 100 DA/kg mardi dernier dans les marchés huppés à Alger, était cédée hier entre 130 et 140 DA/kg, avec en plus une qualité douteuse du fruit. Pêle-mêle, les prix des produits agricoles étaient de 160 DA/kg pour la courgette, 60 DA/kg pour les artichauts, entre 75 et 80 DA/kg pour la pomme de terre de saison, 80 DA/kg pour le fenouil, 60 DA/kg pour l'aubergine et 140 DA/kg pour le chou-fleur. Bref, tous les prix des produits agricoles frais sont en hausse ces derniers jours.

Dans les milieux des marchés de gros, on justifie notamment ces hausses intempestives par les intempéries et les difficultés à aller aux champs et récolter les produits maraîchers. Une explication difficilement acceptable, car l'ensemble des produits maraîchers proviennent des régions du sud du pays où les cultures se font sous serres, hormis la pomme de terre.

Les prix des fruits ne sont pas en reste, puisque là également la surchauffe est palpable: entre 100 à 200 DA/kg pour l'orange, 140 DA/kg en moyenne la mandarine, 250 à 260 DA/kg la pomme locale ou 280 à 320 DA/kg pour la banane. Mais, si les hausses de prix périodiques des produits agricoles frais sont déclenchées pour la moindre conjoncture, il y a également des hausses moins médiatisées, comme celles des légumes secs et des produits céréaliers, farine, semoule et pâtes alimentaires entre autres produits de minoteries largement subventionnés.

L'accalmie dans les hausses successives des produits agricoles semble terminée avec l'installation de l'hiver, synonyme de difficultés d'accès aux champs, de hausse du coût de la main-d'œuvre agricole et des transports. Des indicateurs en somme qui confirment la hausse continuelle de l'inflation depuis les trois dernières années. Selon le dernier bulletin de l'ONS, l'évolution des prix à la consommation en rythme annuel a grimpé à 6% jusqu'à octobre 2017. Quant à la variation mensuelle des prix à la consommation en octobre, qui est l'indice des prix du mois d'octobre par rapport à septembre 2017, elle s'est établie en hausse d'un demi-point de base, soit 0,5%.

Globalement, au mois d'octobre dernier, en attendant les chiffres pour le mois de novembre, les prix des biens alimentaires étaient en hausse de 1% sous l'effet de la progression des prix des produits agricoles frais de 2% par rapport à septembre 2017, tirés essentiellement par la hausse des prix des fruits (+20%), la viande blanche (poulet) (+4,2%) et la pomme de terre (+5,3%). Si les prix des viandes sont restés relativement stables, les prix des œufs se sont affolés, avec une moyenne de 14 DA/unité. Les tendances inflationnistes de l'économie sont là, d'autant que ce sont les produits alimentaires en particulier et la nourriture en général qui sont le plus affectés par les hausses de prix, souvent soudaines et incontrôlées par l'Etat.

La loi de finances 2017 tablait sur un taux d'inflation de 4%. En 2016, l'année avait été clôturée avec une inflation de 6,4% contre des prévisions de 4%. Une hausse inquiétante du coût de la vie depuis 2013 et que le gouvernement ne semble pas maîtriser. A fin décembre 2015, l'inflation était de 4,8% contre 2,9% en 2014 et 3,3% en 2013.