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Session criminelle: Trois ans de prison pour des blessures ayant entraîné un handicap

par M. Nadir

Le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné, jeudi dernier, le nommé B. Kada à la prison pour s'être rendu coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné un handicap permanent sur la personne du jeune J. El Hadj.

Les faits de cette affaire remontent au 03 août 2016 lorsqu'une altercation éclate entre B. Kada, 36 ans, et J. El Hadj, la vingtaine, deux voisins de Plateau St-Michel. Altercation à l'issue de laquelle le plus jeune est évacué aux urgences de l'hôpital où il est soigné pour des blessures, faites au couteau, à la main et au genou. Après avoir été opérée, la victime s'en sort avec 60 jours d'incapacité et une mutilation de la main gauche qui lui entraîne un handicap permanent.

Les circonstances de la dispute sanglante restent mystérieuses : selon El Hadj, son agresseur l'a pris en traître, le frappant avec un couteau de boucher, parce qu'il lui demandait d'arrêter de proférer des grossièretés dans le voisinage : «Quand je lui ai demandé de cesser de dire des gros mots, il est rentré chez lui et est revenu avec le couteau», a répété la victime à la barre.

Faux, rétorque l'accusé selon lequel il a été agressé par la victime avec l'aide de son frère et ses amis : «C'est vrai que j'ai eu une altercation avec lui mais il s'est attaqué à moi avec l'aide de son frère et leurs amis. C'est là où j'ai vu rouge. Je suis rentré chez moi chercher n'importe quelle arme et je suis revenu avec le couteau mais je ne l'ai pas pris en traître, par derrière, comme il le prétend», a-t-il déclaré au tribunal en exprimant ses regrets de s'être laissé emporter de la sorte : «Mais il a insulté ma mère et cela, je n'ai pas pu l'accepter.»

Appelés à témoigner, deux frères de l'accusé ont eu des déclarations différentes. Le premier, Mohamed, a affirmé qu'il n'était pas sur les lieux, qu'il avait été alerté par sa famille après l'agression et qu'il avait retrouvé son cadet à l'hôpital : «Non, c'est lui qui a porté assistance à son frère avec des amis», a répliqué l'accusé. Le second, Brahim, a également nié avoir été présent sur les lieux de la dispute, ce que l'accusé a confirmé depuis le box des accusés.

Estimant qu'on n'a pas le droit de régler un différend avec une arme de boucher, le représentant du ministère public a requis sept ans de prison contre l'accusé.

L'avocat de la défense commencera d'abord par s'élever contre l'usage de «couteau de boucher» par la victime et le ministère public : «Rien ne prouve qu'il s'agit d'une arme de boucher ? Ou l'arme en question ? Mon client parle d'un petit couteau, pourquoi mettre sa parole en doute ?». Il est vrai que l'accusation n'a pas jugé utile de présenter l'arme du crime comme pièce à conviction : «On ne peut donc pas affirmer qu'il s'agisse d'u couteau de boucher même si les blessures causées à la victime suggèrent l'usage d'un couteau de moindre importance», a continué l'avocat en mettant en doute la gravité du préjudice subi par El Hadj. Il affirmera que celui-ci est capable de se servir de sa main, de conduire une moto : «La vérité est que mon client a aidé la victime à trouver du travail dans une école. Mais lorsqu'il en a été congédié, il s'est mis en tête que Kada était derrière ce licenciement. Alors, il s'en est pris à lui !», a-t-il encore ajouté en demandant la plus grande clémence pour son client «qui n'est pas un criminel».

A l'issue des délibérations, le tribunal criminel condamnera l'accusé à trois ans de prison ferme et 1 million de dinars de dommages et intérêts au bénéfice de la victime.