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Harraga algériens en Italie: Alger et Rome se concertent

par Moncef Wafi

Les harraga algériens sont toujours d'actualité et, d'Espagne à l'Italie, le sujet devient tellement sensible qu'il est actuellement traité au plus haut niveau. Ainsi, et dans cette optique, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a rencontré, hier, son homologue italien, Angelino Alfano en marge de sa participation à la troisième édition de la Conférence internationale Rome- «Mediterranean dialogues», qui se déroule dans la capitale transalpine. Les deux hommes ont mis en évidence «l'impératif» d'une concertation «régulière» entre les deux pays en vue de juguler le fléau de la migration qui «continue de mettre en péril la vie de milliers de personnes». Les grandes lignes de cette entrevue ont été données à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui indique que les deux ministres ont évoqué la situation dans la région méditerranéenne.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 114.000 migrants ont débarqué en Italie. D'après les données du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les Algériens ont représenté 6% de l'ensemble des migrants qui ont rejoint l'Europe à travers mer entre juillet et septembre derniers, ce qui place l'Algérie au cinquième rang du classement des nationalités de migrants marins derrière la Syrie (15%), le Maroc (9%), le Nigéria (7%) et l'Irak (7%). Alors que le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido s'est avoué débordé par cet afflux sans précédent de harraga ; en Italie la question est devenue politique avec l'implication de Mauro Pili, député et fondateur d'Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde qui avait interpellé le ministère de l'Intérieur sur ce qu'il appelle «le nouveau débarquement criminel sur les côtes de Sulcis». «La route algérienne-Sulcis est de plus en plus la porte d'entrée des délinquants algériens et pas seulement», en qualifiant le couloir maritime reliant l'Algérie à la Sardaigne. Pili évoquait, à titre d'exemple, l'arrestation d'un clandestin algérien, débarqué à Calasetta, une commune située dans la province du Sud-Sardaigne, sur l'île de Sant'Antioco, identifié comme étant un fugitif, recherché selon des accords internationaux. «Ce trafic de criminels doit cesser», a notamment déclaré Pili qui indique qu'après avoir déjà dénoncé, ces dernières semaines, «le débarquement des terroristes», il confirme qu'il y a un plan pour noyer la Sardaigne de «criminel de toutes sortes». Rendant hommage au travail des forces de l'ordre, il avait appelé Rome à agir «sans perdre plus de temps».

Pili affirmait que ces vagues d'immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Il s'interrogeait alors sur le rôle des hommes politiques italiens en balayant d'un revers de la main l'hypothèse qui veut que la route entre l'Algérie et la Sardaigne soit occasionnelle et autogérée. Les arrivées massives des clandestins algériens consacrent un peu plus la thèse d'une nouvelle voie maritime tracée par les trafiquants qui se concentrent sur la route entre l'Algérie et la Sardaigne. Le fait même que les harraga rejoignent la côte à bord de petits bateaux en fibre de verre serait la preuve pour les enquêteurs d'un trafic bien organisé par des réseaux de passeurs et que les migrants arrivent près de l'île à bord de plus gros bateaux, comme un bateau de pêche ou même un navire, puis sont répartis sur de plus petites embarcations pour faire le reste du voyage.