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Industrie: Une production de 450.000 véhicules par an dans cinq ans

par Yazid Alilat

  L'arrivée du constructeur français Peugeot en Algérie avec un investissement de 120 millions d'euros et les premières voitures du groupe prévues en 2018 redonne des couleurs au marché national de l'automobile.

La signature dimanche à Alger de l'accord de création de la joint-venture selon la règle des 51/49% pour la réalisation d'une usine de montage de véhicules de la marque au Lion rassure sur la volonté du constructeur de s'installer, après des années d'hésitation, sur le marché algérien et d'attirer les équipementiers automobiles.

Le PDG du groupe mécanique au ministère de l'Industrie et des Mines, Bachir Dehimi, a estimé que cette annonce est de nature à relancer le marché algérien de l'automobile et de la sous-traitance. Avant Peugeot, il y avait donc VW, Renault, Hyundaï et Mercedes. «Le marché de l'automobile a beaucoup évolué en Algérie, il y a pas mal d'investisseurs intéressés de s'implanter en Algérie. C'est la démonstration d'une attractivité certaine», a-t-il souligné dans un entretien hier lundi à la radio nationale. «Les dossiers sont en cours, les choses avancent très bien», a-t-il affirmé. Sur le cahier des charges que le ministère compte mettre en place pour le secteur de la construction automobile, il a souligné qu'«il est un outil d'encadrement et ne sera en aucune manière un obstacle. Les conditions prévues s'adressent aux professionnels», a-t-il relevé. Il rappellera qu' «il y a (dans ce cahier des charges) l'intégration, les sous-traitants, l'exportation et la formation». «Cela va accompagner le développement de cette industrie».

D'autre part, M. Dehimi a assuré qu'«il n'y aura pas de contraintes pour les partenaires. Le cahier des charges sera bientôt prêt». Sur les «importations déguisées» à travers le montage de véhicules, M. Dehimi dira qu'«il ne faut pas parler d'assemblage, mais de montage, un processus qui n'est pas simple. Cela nécessite des investissements et de la formation».

Par ailleurs, il a insisté sur le volet de la sous-traitance, avec l'arrivée d'équipementiers pour créer l'environnement industriel de l'activité de montage de véhicules en Algérie. «L'usine Renault d'Oran est à 30% d'intégration. Il faut parler de la sous-traitance automobile, qui a besoin du volume, et avec cinq constructeurs, on aura dans cinq ans 450.000 véhicules produits par an. Et là, les sous-traitants vont venir pour des joint-ventures». Selon M. Dehimi, 450.000 véhicules/an en Algérie correspond à la capacité de production des cinq constructeurs, alors que les besoins du marché intérieur sont de 300.000/an véhicules. «L'excèdent ira vers l'exportation». Pour M. Dehimi «il est évident et obligatoire d'aller vers l'exportation» et que (l'exportation) de voitures est «une nécessité économique».

Pour 2017, il a indiqué que les constructeurs automobiles déjà installés sur le marché algérien produiront quelque 120.000 véhicules, dont 60.000 par l'usine Renault d'Oran. Avec six mois d'existence, Volkswagen va terminer l'année à 25.000 ou 30.000 véhicules, a-t-il annoncé. Donc, «il y aura une offre qui tournerait autour de 120.000 véhicules» à fin 2017. En 2018, avec l'entrée en production de l'usine Peugeot, l'offre de véhicules sur le marché algérien va passer à 150.000 unités.

Par ailleurs, M. Dehimi a affirmé que «dans quatre ans, le potentiel de production ira vers les 450.000 véhicules, et le développement de l'industrie automobile va permettre aux sous-traitants d'aller vers l'exportation, et c'est une opportunité pour les investisseurs dans la sous-traitance d'exporter leur produits». Actuellement, les cinq constructeurs automobiles présents sur le segment du montage en Algérie sont tous installés dans l'ouest du pays dans un rayon de 100 km, compris la future usine de Peugeot.

Par ailleurs, sur le projet de Peugeot, M. Dehimi a parlé de 100 milliards de dinars de chiffre d'affaires que le constructeur va réaliser en Algérie «d'ici quatre à cinq ans». Les modèles que devrait monter Peugeot sont, selon M. Dehimi, au nombre de quatre ou cinq. Il s'agit de la C-Elysée, la 301, la 208 ou un véhicule utilitaire et éventuellement un pick-up. «Le modèle, ce n'est pas un problème, et c'est le marché qui en décidera», a-t-il affirmé. Le montant du chiffre d'affaires que devraient réaliser les autres constructeurs sur la même période devrait être de 400 milliards de DA, a-t-il estimé.

Selon le PDG du groupe mécanique au ministère de l'Industrie et des Mines, «en Algérie, les avantages ne vont pas aux constructeurs, mais à la société mixte créée. Aucun pays au monde ne peut faire des investissements sans avantages». Mais, «il ne pourrait y avoir d'avantages octroyés sans qu'ils soient réglementés ou prévus par la loi», a-t-il précisé. «Ce sont des avantages normatifs, nécessaires pour le démarrage du projet et destinés à la société mixte et pas au constructeur», a-t-il ajouté. Enfin, M. Dehimi a souligné que la règle des 51/49% n'est plus «une contrainte aux investissements. Nous avons réalisé une dizaine de partenariats, et ce n'est pas à l'ordre du jour. Les partenaires l'acceptent sans problème, et c'est un avantage, car l'entreprise bénéficie d'avantages nationaux, et les emplois sont garantis».