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Le chantier ne fait que commencer

par Adjal Lahouari

  Au terme de ce match contre le Nigéria, certains observateurs ont été catégoriques. Pour eux, c'est la fin d'un cycle, celui qui a permis à l'équipe nationale algérienne de briller au Mondial 2014 sous la houlette de Vahid Halilhodzic, et qui a suscité le respect général. Pour d'autres, en revanche, «cette équipe est promise à un avenir radieux», comme l'a affirmé Madjer, lequel a ajouté «avoir retenu beaucoup de choses positives» tout en reconnaissant que «tout n'a pas été parfait». Dans ce dernier avis, il a tout à fait raison, car de nombreuses lacunes persistent au sein de cette formation, même si on doit prendre en compte les nombreuses défections survenues avant cette rencontre. Le staff technique, renforcé avec la présence du duo Ighil-Menad, a un grand chantier devant lui, et il faut reconnaître qu'il a entamé sa mission à une période très difficile, après les revers subis et l'élimination de la Coupe du monde de Russie, sans oublier les turbulences ayant affecté le groupe. Il est certain que les cadres qui poussaient l'équipe se trouvent encore dans un creux de vague pour le moins surprenant. Comment expliquer en effet que des éléments performants avec leurs clubs soient transparents avec l'EN ? A l'exemple de Brahimi, incorrigible avec sa manie de garder à l'excès le ballon. De Mahrez qui, en dépit de la classe que tout le monde lui reconnaît, n'arrive plus à inquiéter les défenses adverses comme il le faisait il n'y a pas si longtemps. A ce propos, Madjer a tenté de défendre ce joueur, en invoquant la fatigue. Si un professionnel est fatigué au mois de novembre, c'est à désespérer de tout. Ou encore de Slimani qui rate deux occasions très nettes, lui le buteur par excellence. Or, une équipe qui ne marque pas est fatalement exposée au danger. C'est ce qui est arrivé vendredi soir au stade Chahid Hamlaoui avec ce but né d'une double faute qui révèle les lacunes au niveau de la formation de base des deux joueurs en cause. C'est Chafaï qui dégage dans l'axe alors qu'il fallait botter le ballon sur un côté. C'est Chaouchi qui était trop avancé et qui se fait lober par le tir du Nigérian Ogu. Bouclons le cas de ce keeper qui, en dépit de sa grande expérience, persiste à relancer le ballon en force vers le camp adverse, à tel point que c'était de gardien à gardien à plusieurs reprises, la possession du ballon ayant été réduite à zéro par ces grands coups de pied. Au fait, n'y a-t-il pas un entraîneur spécialisé au sein de l'EN ? Sur le plan collectif, il y a du boulot pour Madjer qui, à l'inverse de ses prédécesseurs, est conscient de ce manque criard face au style plus cohérent des Nigérians. Toutefois, il faut relever quelques courtes séquences où l'on a entrevu ce «jeu à l'algérienne» qui a disparu depuis deux années au moins. Madjer a surpris plus d'un en matière de positionnements des joueurs. A l'exemple de Ferhat qui a évolué au milieu alors qu'à l'aile droite, il est beaucoup plus à l'aise. Par ailleurs, le coach national a expliqué que le remplacement de Nessakh était d'ordre tactique. Il n'empêche que dans le dernier quart d'heure, l'EN a évolué avec trois avants-centres, Slimani, Hani et Bounedjah, leurs zones d'évolution n'étant pas claires à nos yeux. Le premier s'est énormément dépensé. A sa décharge, il était souvent isolé. Le second mérite mieux que son statut de remplaçant, son entrée ayant coïncidé avec le sursaut algérien. Quant au troisième, et tout comme Mandi, il a tout intérêt à travailler son jeu de tête, ces joueurs ayant eu de nettes opportunités d'inscrire des buts. En définitive, ce qu'il faudra retenir de positif, c'est que les joueurs ont fait preuve de volonté et de combativité. Et cela s'est vu avec leur ferme intention d'aller chercher la victoire en pressant haut face à des adversaires qui voulaient confirmer leur supériorité dans ce groupe. Cela a donné lieu à une véritable bataille du milieu. Madjer a déclaré «être fier de ses guerriers». Souhaitons-lui qu'il soit encore plus fier de ses joueurs, ceux qui reviennent aux sources du football collectif et efficace. Or, connaissant les conceptions de Rabah Madjer, on peut dire qu'il y a tout de même de l'espoir. Pour le moment, il est au stade de la recherche des meilleurs éléments aptes à appliquer sa conception du football et doit, à notre avis, bénéficier du facteur temps.