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Ouyahia à Oran: L'usine Peugeot c'est pour «bientôt»

par Houari Saaïdia

  D'entrée de jeu, Ouyahia insère ce petit message à l'égard des gens de la presse. « Laissez-les travailler (en s'adressant sur un ton sec à un agent du corps d'organisation qui faisait écran entre lui et les caméramans). Si la presse ne fait pas son boulot, c'est comme si je n'étais pas venu. Un non-évènement ». Ensuite, à un petit paragraphe introductif d'intervalle, ce message de félicitation à l'endroit d'Oran et des Oranais : « Mes plus vives félicitations ! Après Renault, c'est Peugeot qui s'installera bientôt ici ». Evidemment, la crédibilité -et l'intérêt même- de cette annonce « électoraliste » réside dans le fait qu'elle a été faite par le Premier ministre? dans la peau du leader du RND à l'occasion de ce meeting. Dans la même parenthèse de « compliments » qu'il a ouverte au préambule de son discours, il a félicité la même ville hôte pour « le futur nouveau complexe d'Arzew», en référence au projet initié par le groupe Sonatrach en partenariat avec Baker Hughes, GE Company (BHGE), qui viennent de créer une société mixte spécialisée dans la production d'équipements destinés à l'industrie du pétrole et du gaz et à la localisation des services associés.

Vantant comme à son accoutumée les vertus des dispositions politiques et économiques prises « à temps » par Bouteflika, dont notamment le remboursement anticipé des dettes extérieures et la mise en place du Fonds de régulation des recettes (FRR), le secrétaire général du Rassemblement national démocratique a soutenu que « l'Algérie n'est redevable d'aucun sou envers aucun pays, aucune banque, aucune institution financière ou monétaire ». « Sans ces mesures judicieuses, sans les réserves de change, sans les dispositions de rationalisation budgétaire prises sur fond de crise aiguë, nous aurions été dans l'incapacité d'assurer les salaires des fonctionnaires pour le mois de novembre en cours », a-t-il dit. Cette affirmation, il s'en sert comme d'un argumentaire pour contre-attaquer et discréditer certaines voix de l'opposition qu'il qualifiait tantôt de « commerçants de la politique » tantôt de « propagandistes ». « Ils disent où sont partis les mille milliards de dollars ? Que chacun d'entre vous leur réponde ! Celui qui a eu un logement public leur dit que son prix représente une toute petite part de ces mille milliards. Celui qui est sorti de l'université algérienne leur dit que le coût financier de son cursus en est une petite partie. Celui qui a mis sur pied son micro-entreprise leur dit la même chose, pareil pour les agriculteurs, les usagers de l'autoroute qui ne payent pas à ce jour le droit du péage, les malades qui se soignent gratuitement dans les hôpitaux? »

Et de caricaturer satiriquement : « Nous avons appris à l'école que le processus d'hibernation est un état d'hypothermie régulée permettant aux animaux, y compris l'ours polaire, de conserver leur énergie pendant l'hiver. Mais le printemps arrivé, ils se lèvent, sortent de leurs chez-soi et activent. Mais chez-nous, nous voyons bien qu'il existe des ours politiques qui hibernent toute l'année et ne se réveillent que lors des élections ». Les « pseudo-experts », pour s'en tenir à l'adjectif dépréciatif utilisé par le patron du RND, qui critiquent la nouvelle disposition de loi instaurée par le gouvernement, dont il est lui-même le chef, le recours au dispositif de « planche à billets » permettant au Trésor public d'emprunter à la Banque centrale sur fond de situation infernale des comptes publics due à la chute de cours de l'or noir, eux aussi ont eu leur part de la contre-offensive lancée par Ahmed Ouyahia. « Rendez-vous avec ces analystes à la fin d'année. On verra bien si ce dispositif nous mènera vers une forte et conséquente inflation, comme ils le prétendent sur un ton alarmiste ». Ces mêmes « propagandistes », a-t-il enchaîné, « essayent par tous les moyens de faire croire aux citoyens que la loi de finances 2018 qui sera examinée demain par le Conseil des ministres et devra paraître sur le Journal officiel dans deux mois, est porteuse d'une foultitude de lourdes taxes, alors qu'il n'en est rien ». « Là, je dois préciser que la seule augmentation envisagée, et elle n'est pas très importante, c'est celle qui concernera les carburants, car ce produit est importé et donc acheté en devises et il n'est question que de la compensation d'un dividende conséquent à la dépréciation de la valeur du dinar. Il y a aussi la taxe du notariat qui est pratiquement passée du simple au double, plus la taxe liée au permis de construire, qui ne sera ressentie pratiquement que dans le cas des promotions immobilières ». Et Ahmed Ouyahia de conclure son discours de meeting en annonçant qu'il y aura un programme de 300.000 logements d'ici à la fin d'année, plus un autre programme de même consistance l'année prochaine, ainsi que le retour imminent du crédit de soutien aux agriculteurs-éleveurs.