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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

  Dimanche 1er octobre 2017 :

Les images-choc sur les massacres terroristes commis lors de la décennie noire et rouge diffusées vendredi 29 septembre 2017 par l'ENTV à l'occasion du 12ème anniversaire du vote en faveur de la Charte sur la Réconciliation nationale, n'ont pas été du goût d'une partie de l'opinion publique, de partis politiques et de réseaux sociaux, qui accusent le pouvoir de faire du «chantage à la terreur» pour faire passer sa politique d'austérité.

Ce n'est pas le point de vue d'Ahmed Ouyahia qui préfère voir dans ces images inédites et, certes, d'une insupportable cruauté, l'expression du devoir de mémoire à l'égard des victimes.

Tout en appelant à préserver la mémoire des victimes du terrorisme, le Premier ministre considère que ce document vise «à remémorer, par l'image, cette douloureuse étape, à rendre hommage aux victimes et à préserver leur mémoire»

C'est vrai, les images étaient insoutenables...comme était lourde la partie du commentaire louant bien plus le régime actuel, plus particulièrement le chef de l'Etat (un chantage sécuritaire ?), que ceux (services de sécurité, patriotes et citoyens mobilisés...) qui ont effectivement été sur le terrain à l'époque des faits et avaient commencé à éradiquer le terrorisme mais, à mon sens, il était absolument nécessaire de les diffuser afin que nul (parmi les personnes âgées) n'oublie et afin que les jeunes (pas les enfants, les images étant effectivement plus que traumatisantes) aient une «leçon d'histoire», certes crue mais vraie.

Lundi 2 octobre 2017 :

- Phrase du jour : «Le meilleur adage qui s'appliquera à notre devenir est le suivant : il n'y aura ni développement ni chaos. La communication envers les citoyens a beaucoup plus penché vers l'alarmisme. Il faut rétablir l'équilibre entre le devoir de vérité et l'espoir des citoyens sur leur devenir» (Abdelhak Lamiri, économiste, Chronique, in El Watan économie, p V)

Mardi 3 octobre 2017 :

- L'Université américaine de Stanford vient de classer les Algériens comme un des peuples les plus fainéants au monde (en compagnie de plusieurs autres pays ...musulmans, 7 au total et en 5è position) . Pour elle, «les Algériens préfèrent les revendications à l'effort au travail». Déjà, pour beaucoup d'entre les étrangers, l'Algérie est un pays «triste», au peuple «malheureux» et avec des dirigeants «analphabètes trilingues» (dixit un des anciens ambassadeurs américains à Alger). Déjà, bien d'autres tares ou lacunes énoncées contre les différents gouvernements algériens, soit par des officiels, soit par des ONG et des think tanks américains: lourdeurs bureaucratiques caractérisant l'administration algérienne, non-transparence concernant les transactions financières, économiques et commerciales, restrictions imposées en matière de droits de l'homme, de liberté du culte, violation à grande échelle des droits d'auteur et de propriété ! Trop, c'est trop...Une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays...à opposer à une recherche universitaire d'une Univeristé réputée ? Impensable. Premières retombées de la doctrine de Trump «sécurité contre concessions» ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Lobbying de ceux qui «nous veulent du bien» ? Pourquoi pas ! Propension de bien de nos décideurs (politiques et économiques) bien souvent à/ avec l'étranger, à être trop «bavards» et «creux» pour peu de résultats ? Absence de données statistiques nationales mises à la disposition des chercheurs et du public et pas de sondages sur les sujets qui «fâchent» ? Ça, c'est presque sûr.

Mercredi 4 octobre 2017:

- Le président de la République Abdelaziz Bouteflika est apparu en forme, à la vue des images diffusées par la télévision publique suite à la tenue du Conseil des ministres. Décryptage technique des spécialistes ! Il est apparu à quatre reprises dans un total de 28 secondes dans le sujet qui ne dure pourtant qu'une minute et 45 secondes.

Premier plan qui dure 6 secondes, le chef de l'Etat est montré en train de saluer les ministres avec sa main sur le torse.

Si le second plan qui dure 5 secondes n'est pas très expressif, c'est le troisième plan qui dure 12 secondes qui a attiré l'attention des observateurs. Le chef de l'Etat enlève ses lunettes avec ses deux mains ce qui démontre une motricité normale. Enfin, dans le dernier plan qui dure 5 secondes, le président regarde attentivement les dossiers. Mais, la voix reste toujours peu ou pas audible.

En tout cas, le président était plus visible et plus en forme que dans le précédant Conseil des ministres du 6 septembre dernier, dans lequel il n'était apparu à la télévision que trois fois pour une visibilité qui n'avait duré que 12 secondes dans un sujet de 2 minutes.

Jeudi 5 octobre 2017:

- Il faut le voir pour le croire et pour assister à l'état lamentable d'une partie du corps politique national (en tout cas celui officiellement agréé) qui, bien souvent, par opportunisme, par calculs, ou tout simplement par ignorance, tombe bien plus bas que les sujets ou personnes ou idées «coupables». Invitée d'une émission de la chaîne de télévision offshore «El Bilad», la présidente du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP) et députée, a qualifié Ferhat Mehenni, qui revendique «l'indépendance» de la Kabylie, de «terroriste» et estimé qu'il est «du devoir de l'État d'exécuter les traîtres».

Il est vrai que l'animateur lui a demandé, insidieusement, si l'action de Ferhat, fils de chahid, membre fondateur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme et du RCD, relève du terrorisme. Le piège journalistique habituel !

«Oui, c'est du terrorisme, c'est un terroriste ! ... Quelqu'un qui se rend en Israël, ennemi des arabes et des musulmans, n'est-il pas un traître ?», s'interroge-t-elle avant qu'un autre invité de l'émission, A. Rezagui, universitaire, ne lui fasse la remarque : «Donnez l'information et laissez les gens faire leur opinion (?). Est-ce que alors les gens de Ghardaïa sont des terroristes ?».

Pour Naima Salhi qui, par ailleurs revendique la polygamie et bien d'autres choses de la même veine conservatrice, Ferhat est un «malade mental» qui «n'a aucune relation avec l'Algérie». «Il est du devoir de l'État d'exécuter les traîtres (?). Je ferais une intervention à l'assemblée pour appeler l'État à arrêter ce traître et criminel», a-t-elle annoncé. Elle pouvait se suffire de rejeter les idées de Mehenni....mais tomber dans une telle outrance...Du véritable terrorisme médiatique et verbal qui ne peut que faire le jeu de la violence!

Vendredi 6 octobre 2017:

- Rachid Nekkaz n'arrête pas de faire «son» buzz, diffusant des vidéos de son visage en sang et son évacuation à l'hôpital après avoir été , dit-il, «agressé par le fils de Amar Saâdani»...à Paris (à Neuilly sur Seine), dans la cour de l'immeuble qui abrite l'appartement de l'ancien Sg du FLN...se trouvant pas très loin de celui de l'actuel Pdg de Sonatrach. Mais, au fait, qu'y faisait-il ? Manifester et dénoncer la corruption et les détournements des responsables algériens qui ont su placer leur (sic !) argent à l'étranger ! Une démarche qui ne date pas d'aujourd'hui... et qui commence à lasser, démontrant une certaine inefficacité.

Celle empruntée par une association...britannique, de lutte contre le blanchiment d'argent est bien plus efficace et sans grands dangers : elle organise, à Londres, des «tournées», en car, des maisons et appartements de luxe soupçonnés d'avoir eté mal acquis par des Nigérians (le président Buhari, élu en 2015 sur la promesse d'éliminer la corruption, a demandé en 2016 le rapatriement de quelque 31,5 mds usd volés au Nigéria et qui ont atterri à Londres) et Africains...Des «Klepto tours» ! L'année dernière, ce sont les fortunes illégales de milliardaires russes qui étaient «visitées». D'autres pays sont programmés. Méthode plus sécurisée, menée pacifiquement mais efficace.

Samedi 7 octobre 2017:

-«Au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils peuvent avoir des postes là-bas». Emmanuel Macron «assume sur le fond» ses propos polémiques tenus mercredi en Corrèze au moment où des salariés d'une usine manifestaient. Il reconnaît toutefois qu'il n'aurait pas utilisé le mot «bordel», un «mot familier», dans le cadre d'un déplacement officiel.

Donc, le chef de l'Etat «ne retire rien sur le fond» de ses déclarations faites mais il «n'emploierait pas, dans un cadre officiel, le mot bordel, qu'il a utilisé dans une discussion officieuse», a précisé un proche. Problème ! Pour un... «officiel» de haut rang...et en «visite de travail» qui plus est, où se termine l'officiel et où commence l'officieux ? Ce qui rejoint l'autre question-clé à poser à nos hommes publics en dehors du domicile : où se termine la vie privée et où commence la vie intime ?

Ces propos polémiques (nouveaux ? pas si nouveaux dans le paysage politique français et, bien souvent, au niveau le plus élevé de l'Etat ou au sein des Assemblées) sont, bien sûr, dénoncés par des responsables de l'opposition (eux-mêmes fans de gros mots). «C'est de l'arrogance»...«C'est un président qui ne supporte pas la moindre contestation». Il ne faut pas omettre de signaler que nos hommes politiques ne sont pas indemnes de reproches pour ce qui concerne leur langage...Certes, pas de «gros mots» (sauf entre hommes et entre amis...ou au CNRA avec Ben Bella) mais, bien souvent, avec des mots assez gros ! Ainsi, A. Ouyahia a été accusé, lors de la présentation de son plan d'action gouvernemental d'avoir eu, à l'encontre de l'opposition, «des propos et un verbe violents», avec un «accent guerrier et belliqueux». Commentaire d'un ancien président de l'APN : «Il a répondu «à l'algérienne». C'est tout dit ! Ah, oui : Au Maroc, on a assisté à une vraie bagarre générale au Congrès de l'Istiqlal...». Insultes, jets de chaises et d'assiettes...

Quant aux chefs d'Etat français, ils se sont toujours signalés pour leur laisser-aller langagier. La vulgarité faite France, c'est mondialment connu. Il n'ya pas que la cuisine raffinée ! Exemples : «Tenez, monsieur, vous n'êtes que de la merde dans un bas de soie». (Napoléon 1er à Talleyrand ? 1809) et «L'Europe n'est plus qu'une vieille putain pourrie dont je ferai tout ce qu'il me plaira», «Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre» (attribué à Charles de Gaulle à propos des Français, après la signature de l'armistice par Pétain - 1940), «On va nettoyer au Kärcher la cité» (Nicolas Sarkozy en visite dans la cité de la Courneuve ? 2005), «On va vous débarrasser de la racaille» (Nicolas Sarkozy en visite à Argenteuil ? 2005), «Casse-toi, pauv' con ! » (Nicolas Sarkozy à un homme ayant refusé de lui serrer la main ? 2008), «Les sans-dents». (François Hollande cité par Valérie Trierweiler à propos des pauvres - 2014), «Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien» (Emmanuel Macron ? 2017) «Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes» (Emmanuel Macron ? 2017)

Dimanche 8 octobre 2017 :

- Dans une publication sur sa page Facebook l'auteur algérien Yasmina Khadra réagit au pamphlet de Rachid Boudjedra, «Les contrebandiers de l'histoire» dans lequel il critique son roman «Ce que le jour doit à la nuit» et l'accuse de falsifier l'histoire. Dans ce qu'il appelle «Lettre à Rachid Boudjedra», le romancier qualifie les propos de Rachid Boudjedra de «diatribes» et répond à chacune des accusations formulées contre lui. Dommage !

Il est vrai que notre paysage intellectuel (et politique...si l'on revient seulement sur la «réponse».. intellectuellement incompréhensible pour ne pas ditre inadmissible...de N. Boukrouh à l'appel politique des trois de nos Anciens que sont A. T-Ibrahimi, A. Ali-Yahia et B. Benyellès, s'opposant à un 5e mandat de A. Bouteflika...accusés de «plagiat» et traités de «mesquins». Pas moins ! ) a, depuis deux décennies -le néo-libéralisme, assez matérialiste, ayant multiplié les «querelles d'egos», exacerbé les tensions et les relations inter-personnelles- tout pollué. Il est vrai que les Appareils d'Etat -grands manipulateurs devant l'Eternel et peu soucieux des équilibres sociétaux- ne font rien pour atténuer les chocs, parfois même les encouragent (en décorant et en favorisant les uns, en marginalisant certains ou en ignorant d'autres, en récompensant les proches, en pénalisant les opposants...)

Lundi 9 octobre 2017 :

- Scandale au service presse de l'ONU. La découverte, à la lecture de comptes rendus...sur le Sahara occidental, d'une manipulation faisant attribuer des propos à des intervenants (en quatrième Commission), venus témoigner leur soutien à la cause sahraouie, allant jusqu'à leur attribuer des propos pro-marocains qui, alors qu'ils n'avaient même pas encore pris la parole (le comble de la com institutionnelle qui devient de la pure propagande!). Protestations...suivies d'excuses présentées par le Secrétariat de l'Organisation... qui a, dit-on, ordonné l'ouverture d'une enquête...Wait and see ! Mais, ne pas se faire trop d'illusions. En effet, selon le représentant du Front Polisario, «c'est un dérapage planifié par ce service de l'ONU, envahi d'agents marocains qui sont allés à l'extrême falsification en m'attribuant des propos pro-marocains, alors que je n'ai pas encore pris la parole».

Un précédent grave, selon notre ministre des AE. Une erreur commise volontairement ou bien par inadvertance ? Non, une suite habituelle à des pratiques validées des «envoyés spéciaux» marocains qui ont réussi, par le biais de lobbies ou directement, à inflitrer et à influencer, parfois avec violence, bien des rouages en faveur de la marocanité du Sahara occidental, du «plan d'autonomie ...et, toujours, contre l'Algérie.

- Un site (français) électronique d'informations (sur l'Algérie) n'est plus accessible en Algérie...Bloqué ? Pourquoi ? On a voulu en savoir plus : Paraîtrait-il (info ? intox ?) en raison de la publication de deux caricatures aux traits naïfs, dont l'une, tout en critiquant la diffusion par la télévision algérienne d'une émission sur les victimes du terrorisme, pourrait apparaitre comme franchement révoltante et relevant de la provocation car visant le peuple dans son entier...qui se fait [censuré !]...par ceux qui le dirigent. Le dessin n'est pas suggestif. Il est très cru... Pornographique. Paraîtrait-il en raison de plusieurs articles anti- ????. Paraîtrait-il en raison de la publication de trop d'infos et autres commentaires et analyses trop orientés... Aujourd'hui, après plusieurs jours de «blocage» qualifié par les autorités de «technique» n'ayant rien à voir avec une quelconque censure, tout en nous interrogeant sur les raisons réelles, le débat sur la liberté de la presse est relancé. Celui des sites électroniques d'information off-shore aussi !

A suivre