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Affaire des 81 kg de cocaïne: Les prisonniers suspendent la grève de la faim

par M. Nadir

Les condamnés de l'affaire des 81 kg de cocaïne, qui étaient entrés en grève de la faim à la mi-octobre pour voir écopé de 15 années de réclusion criminelle, ont suspendu leur mouvement, a-t-on appris d'une source proche du dossier. Outrés par «l'iniquité du verdict», les parents des condamnés avaient réagi, d'abord, en observant un sit-in devant le Palais de justice avant de prendre attache avec des organisations des droits de l'Homme pour dénoncer «le sacrifice de leurs enfants en lieu et place des véritables responsables du trafic», selon les termes de l'un des parents. «Ces personnes sont les victimes collatérales d'un conflit qui oppose trois institutions de sécurité», avait soutenu l'un des avocats lors du procès qui s'était tenu le 27 septembre dernier au pôle spécialisé d'Oran, en citant «la marine, la sécurité militaire et gendarmerie nationale.» Un appel avait été interjeté par la défense au lendemain de l'énoncé du verdict, et le procès en appel a été fixé pour le courant du mois de novembre à la cour d'appel d'Oran. Trente-et-une personnes avaient été, pour rappel, jugées par le pôle pénal spécialisé d'Oran pour détention, commercialisation, distribution de drogue suivant l'article 17 de la loi 04-18 portant prévention et répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes.

Lors du procès, les accusés avaient plaidé l'innocence et dénoncé des sévices dont ils auraient fait l'objet lors des interrogatoires dans les locaux des services de sécurité. Le représentant du ministère public avait requis 15 années de réclusion criminelle contre tous les accusés sans définir le degré de responsabilité de chacun.

Les avocats, eux, avaient plaidé la relaxe de leurs mandants en insistant sur l'absence de preuves matérielles justifiant la peine requise et en remettant en cause le dossier de l'accusation. Certains avocats s'en sont pris aux trois services de sécurité (gendarmerie, marine et sécurité militaire) qu'ils ont accusés «d'être derrière cette machination qui tend à sacrifier de pauvres innocents» alors que d'autres ont dénoncé la torture que leurs clients auraient subie. Seize accusés avaient écopé de 15 ans de réclusion criminelle, 8 ont été condamnés à 20 ans par contumace et 7 ont bénéficié de la relaxe.

L'affaire avait démarré par la découverte, en janvier 2015 près des îles Habibas, de 63 plaquettes de cocaïne par des pêcheurs qui ont alerté les services de sécurité. Une enquête avait été ouverte et avait, entre autres, déterminé que les caractéristiques physiologiques du produit stupéfiant étaient similaires à celles de quantités de cocaïne saisies dans quelques wilayas du pays. Plus de 30 personnes, entre civils et marins, avaient alors été interpellées et inculpées pour trafic de cocaïne.