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Nouvelle formule «Ijara Tamlikia» de la Cnep-Banque: La grande désillusion !

par Sofiane M.

  Très attendue par de nombreux citoyens, qui espéraient acquérir un bien immobilier avec un crédit sans intérêt, l'annonce des premiers détails de la nouvelle formule Ijara Tamlikia de la Cnep-Banque a refroidit bien des ardeurs. Cette formule de location-vente ou leasing, qui est un financement alternatif par lequel la banque acquiert un bien immobilier choisi par le client et le lui donne en location en contrepartie du versement des loyers, est d'ores et déjà qualifiée de «désavantageuse» pour les salariés.

L'espoir de centaines de milliers de salariés d'acquérir un logement a laissé place au désenchantement. Les simulations proposées au début de cette semaine par les agences de la Cnep-Banque aux clients potentiels ont démoralisé les plus optimistes. «Un client avec un salaire de 60.000 dinars, qui veut acquérir un logement de 800 millions de cts, a droit à un prêt remboursable sur 30 ans de 326 millions de cts. Il devra verser mensuellement 23.093 dinars pour rembourser son crédit», affirme un directeur d'une agence Cnep-Banque. Ce client payera, au total, 831 millions de cts plus son apport initial de 474 millions de cts pour acquérir un petit appartement. Ce bien immobilier reviendra à ce salarié à un milliard 305 millions de cts. Pour un autre salarié qui touche 30.000 dinars, la simulation tourne au cauchemar. «Ce petit salarié n'aura droit qu'à un petit crédit de 163 millions de cts remboursé à 12.000 dinars par mois sur 30 ans», précise la même source. Il devra payer, au total, 430 millions de cts pour restituer ce petit crédit, soit presque le triple du montant du crédit. En outre, ce petit salarié devra avoir un apport initial en cash de 637 millions de cts. Autre exemple, un salarié, qui gagne 10 millions de cts par mois, a droit à un crédit plafonné à 611 millions de cts pour l'acquisition du même bien avec une mensualité de remboursement de 45.000 dinars, ajoute ce cadre de la Cnep-Banque. Après 360 mensualités de remboursement, ce salarié va payer, au total, un milliard 619 millions de cts pour un logement qui coûte sur le marché 800 millions de cts. «Cette formule de leasing n'est pas intéressante pour un salarié. Ma collègue s'est rapprochée d'une agence avec son mari pour demander un crédit d'un milliard de cts, mais elle a rapidement changé d'avis après la première simulation. Elle devra verser pour ce crédit une marge bénéficiaire à la banque de 700 millions de cts. Le logement lui coûtera ainsi 1,7 milliard de cts sans l'apport initial», affirme ce père de famille visiblement découragé. Il n'est pas le seul à être déçu de cette nouvelle formule. La révélation des détails des simulations sur Internet a déchaîné les internautes. Nombreux ont perdu leur sang-froid et se sont adonnés à des critiques acerbes de cette formule. «C'est la montagne qui a accouché d'une souris», écrit un internaute. Un autre regrette : «Notre rêve se volatilise. Il n'y a plus d'espoir dans ce pays (?). Pour un appartement de 800 millions, on paye 45.000 dinars/mois; au bout de 30 ans, on rembourse le double du prix de ce logement. C'est du vol» ! Et un troisième de s'interroger : «Est-ce que c'est une formule islamique» ? Cette formule de location-vente regroupe trois contrats pour être conforme aux principes de la loi islamique, car dans cette formule, la banque n'applique pas de taux d'intérêt mais prend une marge de bénéfice. Il y a d'abord un premier contrat d'achat par lequel la banque achète un bien immobilier auprès d'un promoteur. Une fois devenue propriétaire, la banque signe un deuxième contrat de location avec son client, moyennant paiement des loyers. Au terme des mensualités, la banque cède le bien immobilier à son client par un troisième contrat de cession. Outre le remboursement du crédit sur 30 ans, le client devra supporter d'autres charges et notamment l'assurance catastrophes naturelles, multirisque habitation et l'assurance décès.