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Sahara occidental: Mohamed VI persiste et signe

par Monce F Wafi

Rabat persiste et signe dans son entreprise de colonisation, réaffirmant par la voix de son roi qu'aucun règlement du conflit du Sahara occidental n'était possible «en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara». Dans un discours télévisé, à l'occasion des 42 ans de la «Marche verte», Mohamed VI a déclaré, ce lundi, rejeter toute solution au dossier sahraoui autre que l'autonomie tout en maintenant «son engagement d'adhérer à la dynamique actuelle voulue» par le SG de l'ONU, Antonio Guterres.

Rappelons que le rapport du patron onusien, présenté le 10 avril dernier aux membres du Conseil de sécurité, a souligné son intention «de relancer le processus de négociation avec une nouvelle dynamique». Comme son prédécesseur, il a appelé à «une solution politique mutuellement acceptable». Pourtant, Guterres est présenté comme un proche de Rabat «où il bénéficie de la sympathie de certains cercles du pouvoir», particulièrement après avoir officialisé le chiffre de 90.000 Sahraouis établis à Tindouf contre les estimations des 160.000 soutenues par la direction du Polisario alors qu'il occupait le poste de haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (2005/ 2015). Le royaume a également indiqué vouloir coopérer avec l'envoyé personnel du SG de l'ONU, l'ancien président allemand, Horst Köhler, nommé en août dernier en remplacement de l'Américain Christopher Ross, peu apprécié du Makhzen.

L'ancien directeur général du FMI a effectué sa première tournée dans la région le mois dernier et devra présenter prochainement un compte rendu de sa tournée devant le Conseil de sécurité à New York.

Mohammed VI a aussi signifié le «refus catégorique» de son pays de «tout dépassement, de toute tentative de porter atteinte aux droits légitimes du Maroc», balayant de la main «toute proposition obsolète visant à écarter le plan de règlement des paramètres référentiels retenus», c'est-à-dire une autonomie sous régence marocaine alors que les Sahraouis revendiquent le droit à l'autodétermination. «Le problème n'est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d'arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir», dira-t-il encore.

Ces certitudes inaliénables du voisin marocain ont été la grande interrogation du moment après le retour de Rabat au sein de l'Union africaine (UA). Si un consensus diplomatique s'était imposé, à l'époque, et si Rabat n'avait plus posé ses conditions de retrait du Polisario de l'UA, les questions persistaient alors sur les réelles intentions des Marocains. Eux qui ont toujours refusé de reconnaître la RASD, qui occupent encore 80% de ses territoires et surtout qui jouent la carte économique du Sahara comme moyen de pression politique sur l'Europe, ne sont pas près de changer de cap. Si aucune condition n'a été émise, aucune garantie n'a été non plus donnée.

«Nous espérons que le Maroc va tendre la main à la RASD», avait déclaré un membre de la délégation mauritanienne. Si les Sahraouis étaient un temps optimistes, les déclarations de Sa Majesté ne leur laissent aucun doute sur demain.