La
pratique de la pêche artisanale a carrément explosé dans la contrée d'Aïn El Turck depuis la fin de la
saison estivale et ce, à la faveur des bonnes conditions météorologiques, avec
notamment une mer calme et l'absence de vent. C'est généralement après le
crépuscule que des grappes de jeunes et moins jeunes pêcheurs à la ligne font
apparition sur les récifs et autres rochers essaimés sur les rivages des plages
qui jalonnent cette côte. Ils ne quittent les lieux que quelques instants avant
les premières lueurs de l'aube. Chacun d'entre eux a
son endroit de prédilection favori. Ces deux dernières années, le quai
d'accostage de Cap Falcon est également le lieu le plus fréquenté par les férus
de la pêche à la ligne. Les embarcations des petits pêcheurs ont également levé
l'ancre. Elles sont des dizaines essaimées au large des côtes de ladite contrée
dès la tombée du soir. Mettant à profit la pleine lune, les petits pêcheurs se
donnent à cœur joie ces deux derniers jours pour piéger une diversité d'espèces
de poissons dans leurs rets, qui abonde la nuit à une profondeur moindre par
rapport au jour, en cette période de l'année. Les prises de la pêche artisanale
de la nuit sont par la suite exposées encore fraîches à la vente le lendemain
matin sur des tréteaux de fortune sur les places et dans certains endroits des
communes d'Aïn El Turck, de
Bousfer et d'El Ançor.
Notons que cette activité, quelque peu lucrative, attire de plus en plus de
jeunes et moins jeunes riverains, demeurant dans les communes d'Aïn El Turck et issus de
différentes couches sociales. Pour les uns, et ils sont majoritaires, il s'agit
tout simplement d'un savoir hérité de leurs proches tandis que pour les autres,
c'est une passion qu'ils ont découverte en fréquentant des pêcheurs. Ils sont
cependant unanimes à déclarer que ce sport de loisir leur permet notamment de
joindre l'utile à l'agréable. « La pêche nous rapporte un appréciable apport
financier et nous permet en plus de garnir notre cuisine avec du poisson frais
», a résumé avec humeur un pêcheur de la localité côtière de St-Germain, située
sur le territoire du chef-lieu. « La période de disette a été très difficile
pour nous autres petits pêcheurs, qui étions obligés d'accepter de menus
travaux de bricolage pour subvenir à nos besoins et ceux de nos familles, nous
tentons de colmater les trous qui sont apparus dans nos petits budgets », a
expliqué en substance un jeune féru de la pêche artisanale du quartier de Sidi
el Bahri, dans la commune d'Aïn
El Turck. Selon des témoignages concordants formulés
par des pêcheurs en activité sur cette côte, l'abondance du poisson d'une
espèce spécifique, comme la rascasse, le Saint Pierre, la daurade, la mabré et la murène entres autres, à cette période de
l'année, argumente l'affluence des embarcations de différentes dimensions, qui
se manifeste généralement à la tombée du soir. Les fonds marins rocheux, qui
s'étendent au large des localités de Cap Falcon, les Coralès,
le lieudit la Madrague dans ladite daïra ou encore celles de Cap Blanc et Madagh, sur le territoire de la commune d'Aïn El Kerma, où rodent des bancs de poissons à la
recherche de nourriture, constitue le lieu privilégié pour la grande majorité
des férus de la pêche artisanale. Ceux qui sont mieux équipés poussent leurs
embarcations jusqu'au large de l'île Paloma et/ou celles des côtes de la région
d'Aïn Témouchent où le
poisson abonde encore plus, selon des pêcheurs invétérés. Les autres, qui sont
plus au moins nombreux, qui ne disposent que d'un strict minimum en équipement
nécessaire à cette activité, qui met parfois leurs vies en péril, ne
s'aventurent pas au-delà des côtes de la daïra d'Aïn
El Turck. D'autres déclarations ont été formulées à
ce propos par un amateur de la pêche sous-marine du mérou. « La chasse
sous-marine le soir est plus indiquée pour le mérou. Son abondance en cette
période sur nos côtes minimise un retour bredouille », a confié notre
interlocuteur. Toujours est-il que la disponibilité de poissons frais ramenés
par ces pêcheurs suscite le bonheur de la ménagère, choquée par l'envolée du
prix de la sardine, qui a flirté ces derniers jours avec les 900 dinars le kilo
avant de se stabiliser à 400 ou 500 dinars pour le même poids. Il importe de
noter qu'un certain nombre de ces petits pêcheurs, en activité sur ledit
littoral, ont bénéficié d'une aide de l'Etat dans le cadre de la formule de
l'emploi de jeunes, tandis que d'autres, encore plus nombreux, ayant été
déboutés dans leurs requêtes, ont puisé dans leurs maigres économies pour
acquérir leurs équipements et d'autres ont dû s'associer pour financer leur
matériel nécessaire à cette activité, qui présente certains risques.