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Marx à Alger

par Rahal Redouane*

En complément des faits historiques rapportés par le professeur Marouf Nadir, dans sa contribution publiée dans ?Le Quotidien d'Oran' du 15 octobre 2017, je tiens à apporter quelques précisions méconnues quant à la présence de Marx à Alger, en 1881.

Marx qui vivait en exil à Londres avait 2 filles, l'une mariée à un député français «Lafargue) et l'autre à un médecin suisse installé à Alger.

Alors que si M'hamed Ben Rahal séjournait chez son ami et condisciple de lycée, le Docteur Ben Larbey, originaire de Cherchell et qui avait fait des études de médecine à Marseille comme fils d'ostage, fut contacté par son collègue, le médecin suisse que son beau-père Marx se trouvait chez lui et qu'il souhaitait rencontrer des intellectuels algériens, pour, en fait, mesurer si leur situation coloniale les a alinénés ou au contraire, ils sont restés attachés à leur culture et traditions.

Cette présence de Marx à Alger était motivée par deux considérations :

A Londres, les médecins ont décelé chez Marx un début de tuberculose. Pour le traitement de cette maladie, les spécialistes conseillaient leurs patients à séjourner dans un pays chaud. C'est pour cette raison que de nombreux Anglais séjournaient, régulièrement, à Alger et que certains d'entre eux, à demeure, en construisant des immeubles particuliers comme à l'instar de Mr Tremlky, dont le nom a été donné à un boulebard de la capitale où se trouvaient de nombreuses bâtisses construites par lui.

Or pour Marx c'était une aubaine inespérée du fait qu'il avait sa fille habitant à Alger et qu'il projetait surtout d'écrire sur la question coloniale pour son futur ouvrage ?la Guestion d'Orient'.

Une délégation fut constituée comprenant si N'hamed Ben Rahal, le Dr Ben Larbey et le Professeur Ben Smaya.

Lors de cette rencontre Marx fut impressionné par la maturité et la culture politique de si M'hamed et de ses compagnons. Dans les discussions si M'hamed aborda la question sociale en Islam que Marx ignorait.

Dans cet ordre d'idées, plus tard, lorsque dans ses écrits critiquant les religions, judaisme et chrétienne entre autres il n'a jamais abordé l'Islam.

A la question pourquoi cet oubli, Marx répondait que le peu de connaissance qu'il avait sur l'Islam lors de son séjour à Alger ne l'autorisait pas à faire des jugements hâtifs sur cette religion qui était, aussi, pour lui une philosophie sociale respectée et respectable.

A son retour à Londres Marx a continué à poser des questions sur l'Islam à si M'hamed. Des correspondances entre eux furent exposées à l'Instutut de Lénine, à Berlin, avant l'unification entre la RDA et la République fédérale de Bonn.

Ces précisions sont rapportées pour permettre aux chercheurs algériens que certains de leurs aînés n'ont pas démérité dans leur combat multiforme de toujours à savoir la libération de l'Algérie de l'emprise coloniale. Certains de ces aînés restent malheureusement ignorés où mal connus, mais les faits historiques sont têtus ; au tard la vérité fera jour pour la cohésion et la grandeur de l'Algérie.

*Avocat à la cour