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Cantine et médecine scolaires

par Ali Derbala*

«La santé dépend plus des précautions que des médecins». Bossuet

L'école relaie la famille dans son rôle socialisateur de l'enfant. Les conditions de vie en famille, principalement l'habitat en grands immeubles et cités, favorisent plus le rôle socialisateur de la bande que celui de l'école [1]. Les enfants souhaitent avoir des camarades pour jouer, pour se mettre en valeur et se concurrencer, pour discuter et même pour manger ensemble en partageant les mêmes substances nutritives. Durant la vie scolaire, une importance cruciale doit être accordée au confort et à la santé des élèves.

1. Cantine scolaire

Avec la cherté de la vie, beaucoup de denrées appétissantes sont devenues rares dans les ménages telles la viande, poissons, fromage, beurre, chocolat à tartiner, pâtisserie, fruits de saison ou fruits exotiques etc. Les écoliers, collégiens et lycéens ont besoin d'être nourris par de l'alimentation car il faut d'abord «faire vivre» nos enfants. Il faut leur destiner de la nourriture de choix. En raison de la longueur de la matinée, et dans un souci de la santé des élèves, il est nécessaire de leur distribuer du lait ou du lait au chocolat à l'heure de la récréation de 10h. Durant les trois saisons d'automne, d'hiver et de printemps, autrement dit du mois de septembre à juin, il leur faut de vrais repas chauds et suffisants suivis de dessert. Ils ne doivent pas se contenter de «goûters» ou de «sandwiches». Dans les grandes villes, la campagne, les douars, les hauts douars, il faut que les cantines scolaires se développent, s'accroissent et deviennent utiles. Les enfants nécessiteux doivent manger au moins une fois par jour, à l'heure des déjeuners et se rassasier à leur faim. Cela est possible quitte à imprimer encore une fois l'argent de leurs budgets. Cet argent est un bon placement et non un dégrèvement car il faut nourrir 9 millions d'élèves, la force de notre pays pour notre futur ou notre avenir. Manger ensemble, le riche et le pauvre, nouera sûrement de bonnes relations entre les élèves, qui auront mangé la même «bouffe». Nos enfants ne doivent en aucun cas apprendre à se mépriser les uns les autres. La vie en commun entre élèves de différentes catégories sociales a un heureux effet. Une grosse majorité d'enfants des banlieues et campagne compose la clientèle de ces cantines. Ils seront heureux de savourer tous les bons plats qu'on leur proposera et qu'ils n'ont pas chez eux. Les camarades constituent le stimulant majeur de l'adaptation morale, physique et intellectuelle aux normes sociales L'alimentation est un facteur déterminant pour la santé des élèves. Ce n'est pas toutes les écoles publiques qui servent à déjeuner. Le déjeuner doit être préparé selon un «régime alimentaire» qui est constitué de calories, de protéines, de calcium et de fer. Un repas complet sera composé de potage, plat de viande ou de poissons, légumes, dessert, pain et pâtisserie. Les enfants dont les parents travaillent sont souvent livrés à eux-mêmes pendant de longues heures de l'après-midi. Il faut leur organiser des séances de sport, musique, dessin, culture générale, etc.

2. Médecine scolaire

Par l'organisation indispensable de consultations médico-pédagogiques, beaucoup de maladies des enfants seraient dépistées. Une alimentation insuffisante entraîne à la fois un retard dans la croissance corporelle de l'enfant et un retard dans le développement de son système nerveux, ce qui est la cause d'un retard mental absolument certain. Les troubles de l'ouïe constituent le moins fréquent des troubles sensoriels signalés toujours par les maitres. Ils atteignent garçons et filles dans la même proportion selon des études statistiques fréquentes. La santé bucco-dentaire est encore importante car les caries dentaires peuvent provoquer des maladies cardiovasculaires, des complications circulatoires et même des problèmes gastriques. Les dents doivent être soignées avant leur dommage. Chez l'enfant, la prévention des caries, des gencives enflammées et saignantes est menée juste en ayant des habitudes quotidiennes, se brosser les dents pendant 2 à 3 minutes après chaque repas. Les installations sanitaires et le gymnase relèvent d'une grande importance pour la vie quotidienne des élèves à l'école. Normalement, après chaque séance de gymnastique, les élèves passent à la douche chaude ou froide et cela selon les saisons. La bonne aération des salles de cours est plus que nécessaire, c'est vital. L'insuffisance de la respiration chez les enfants amène à des désordres graves et importants, du genre hypertrophie des amygdales, déformation du palais, infection chroniques de certaines muqueuses du nez, etc. Certains élèves ont la peau boutonneuse des adolescents privés de fruits et de légumes.

3. De l'accommodation dans la lecture d'ouvrages pédagogiques

Les troubles de la vue sont les plus fréquents des troubles sensoriels décelés par les instituteurs. Selon Pascal, trop de distance et trop de proximité empêche la vue. L'accommodation est l'un des deux mécanismes de l'adaptation de la pensée aux caractéristiques d'une réalité intérieure ou extérieure par rapport à l'individu ou un groupe pensant. C'est une activité visant à approprier, à conformer, la relation individu-réalité intérieure ou extérieure aux données et conditions de cette réalité. On dira par exemple qu'un élève s'accommode bien aux mathématiques modernes [1]. Si l'accommodation, l'adaptation de l'oeil aux diverses distances de vision est véritablement responsable de la myopie, on ne comprend pas pourquoi les personnes qui passent des heures devant la télévision, lisent des journaux et des livres, ou bien sont devant l'écran de leur microordinateur, ne sont pas toutes myopes. Les enfants occidentaux penchés sur leurs cahiers deviennent souvent myopes. Au Vanuatu, petit archipel du Pacifique, où il n'y a à voir que le ciel et la mer, pas un seul myope ! Les seuls moments où ces personnes s'accommodent, c'est lorsqu'ils réparent leurs filets de pêche où quand ils regardent le poisson au fond de leur écuelle. Avec la télévision et la lecture, le monde moderne fait à l'homme des yeux toujours plus grands, toujours plus myopes. C'est parce que la rétine, et non le cerveau, «voit» des images floues et cherche à «mettre au point», en ordonnant à l'oeil de s'agrandir, donc de devenir myope.

A Taiwan, la majorité de la population locale souffre de myopie. Les jeunes enfants commencent à apprendre les idéogrammes et la calligraphie dès l'école maternelle. Les Lapons du nord de la Finlande passaient plus de temps à contempler les lointaines aurores boréales qu'à observer de près les pierres ou les lichens ; aujourd'hui, ils vont à l'école et apprennent à lire, bref ils doivent accommoder [2].

Conclusion

Il est difficile de trouver un coeur brave au-dessus d'un ventre vide. Nous vivons dans un pays où les enfants subissent encore la malnutrition. En parler constitue presque un blasphème. Rien ne saurait remplacer les amitiés qui se nouent spontanément entre enfants sur les mêmes bancs de l'école. En plus de la cantine et la bonne santé, il faut attacher une importance à la formation des bonnes habitudes sur le plan de la politesse ou du civisme. De notre temps, quand le maitre entrait dans la classe, tout le monde se levait. Les rapports entre élèves et maitres doivent être basés sur la cordialité et le respect.

*Universitaire

Références

1. Coudray Léandre. Lexique des sciences de l'éducation. Camaraderie et vie sociale, p.21, Editions ESF. 1973.

2. Jean-Michel Bader. La lecture rend-elle myope ? Science & vie, N° 873, Juin 1990, pp.64-71.