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La dialectique algérienne la plus complexe : élus, responsables, experts et peuple

par Benallal Mohamed

La commune est un Etat en miniature

Les responsables, les élus, le peuple et les spécialistes scientistes sont les histrions synergétiques permettant d'actionner le moteur de la démocratie, qui ne se résume pas seulement en une élection transparente et conforme aux règles prescrites. L'élection appartient à une unité souveraine qui est le peuple, celui qui vote.

Le peuple décide en général de l'action politique par l'intermédiaire de ses élus à travers des institutions gérées par des responsables d'organisation administrative à tout niveau conformément aux règles prescrites, la commune étant la base de l'ordre, de la discipline, de la morale, des valeurs, la justice et la jauge de la démocratie.

Le sens, la raison, le droit et l'intelligence

Ce quartette créé des distensions entre ses membres et ses institutions, quand le sens prédomine, il y a forcément la transparence et le respect scrupuleux des règles, des procédures synergétiques et des lois, ainsi la raison mène au droit et au bon sens, par conséquent l'intelligence ne trouvera point de refuge. Parfois ce sont les spécialistes scientistes qui mènent la barque d'un pays par le biais de son exécutif. On les nomme des «technocrates» qui consistent à gérer rationnellement les pouvoirs des élus à travers une unité culturelle (mise en place d'un système économique créateur et efficace -politique et social par l'éducation, la littérature, la philosophie, les sciences, les techniques, l'architecture, la musique, l'industrie?)

L'association est la sève du peuple

Le peuple est structuré par une multitude d'associations politiques, économiques, sociales, culturelles et sportives. Ce sont les éléments vivants de la société dite civile qui représentent l'étalon mesure de par sa nature malheureusement, leurs absences laisseront un vide que la nature n'aime pas, et il se trouve que le peuple soit trompé sans arrêt par des élus corrompus, des ripoux qui ne pensent qu'à eux, qu'à leur avenir, leur carrière et leur fortune. Ils sont déconnectés de la réalité, de la moralité, du contexte.

Il est certain et même vrai qu'en démocratie tout le monde, qu'il soit instruit ou intelligent, participe d'une manière ou d'une autre à la décision. Les élus décident en principe avec des informations et analyses apportées par les experts ; Il n'est pas admis que les experts selon leur éthique décident pareillement au conseil d'administration d'une entreprise. Les actionnaires qui composent ce conseil élaborent une stratégie (feuille de route) portant sur l'organisation, sur les dispositions internes, des relations hiérarchiques et fonctionnelles, ainsi que sur la qualité du personnel et le processus du travail engagé.

Pour une bonne gestion, le pilote doit se conformer aux règles

Les responsables de l'entreprise constituent le comité de pilotage (exécutif) pour faire face à évolution de l'entreprise (concurrence, marchés, coûts, emplois, législation, fournisseurs, banques?)

Au niveau local l'assemblée délibère pour mieux s'occuper des affaires de la commune. Au niveau national l'assemble légifère pour mieux organiser par des règles les rapports sociaux. Le système ne pourrait fonctionner que dans la mesure où le contrôle se fait par le peuple autant que les jugements se font également au nom du peuple dans un Etat dit de droit seulement.

Le peuple est l'étalon mesure

Il appartient au peuple de s'engager à contrôler la faisabilité des promesses électorales. Il s'agit de mettre un mécanisme référentiel qui permettra de mesurer les normes de valeurs et de la morale (mensonge-loyauté?). Il est inacceptable de prendre le peuple tout le temps pour une victime en bradant unilatéralement son patrimoine tout en le mettant également en péril et en faillite. La politique économique de privatisation devrait passer par la décision référendaire du peuple et pas des zigotos. Il est de même pour le choix du système ou sans la consultation du peuple on privatise les biens publics pour mieux transférer la richesse du peuple vers des individus qui ne connaissent ni règles ni lois, et mettre le passif du pays au dos du peuple.

Un peuple ne devrait pas se considérer comme un jouet ni mettre sa volonté entre les mains sales de candidats véreux. Nos élus n'ont pas d'idées et pas de pouvoir, ils ne savent pas décider dans des situations extrêmement contraignantes dans lesquelles les marges de manœuvre sont malléables. Dans les traditions des pays dits démocratiques les partis de gauche font tout leur possible pour faire des changements de règles dans les institutions au profit du peuple vers plus d'égalité, plus de bien-être, plus d'idéal afin que l'Etat accepte, la gauche historique était porteuse d'idées révolutionnaires, neuves, capables de bousculer les piliers de l'Etat pour un idéal tout en sauvegardant les équilibres macro-économiques, politiques et sociales internes. Aujourd'hui les partis dits de gauche refusent et s'opposent aux réformes et aux transitions qui mènent vers une situation bien meilleure.

Les médias sont les yeux du peuple

Les médias sont accusés de tous les maux pour leur immobilisme, sinon leurs alliances avec les sources de la rente. Les lobbys se forment à tout les niveaux de la structure de l'Etat où l'argent sale fait sa nouvelle loi de transfert des biens publics en biens privés. Ces nouveaux lobbys sont plus forts que l'Etat en volume financier, peut-être même en volume et surface patrimoniale. L'intérêt des lobbys se moque de la démocratie tant qu'il est mis à l'abri de l'Etat.

Enfin la dialectique entre décideur populaire, décideur technocrate, décideur politique, décideur institutionnel et autre décideur devient un peu plus complexe lorsque les élites font leur sieste qui dure. Un dicton bien de chez nous dit : «C'est au moment fort de la chasse que le chien lui prend l'envie d'uriner».