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Le conseil supérieur de l'Education nationale sera une force de proposition

par Chaib Aïssa-Khaled*

Sur son agenda : la promotion de l'éducation culturelle universelle

L'enseignement du Saint Coran et des «Hadiths» en sera l'âme

Tout d'abord, pour que les choses soient claires, je tiens à informer mes lecteurs que la conception de ce texte est l'expression d'une intime conviction scientifique et non celle de mon appartenance à un quelconque parti politique parce que je n'émarge à aucun d'eux qu'il soit d'obédience islamiste ou d'autres tendances.

Il serait utile et nécessaire que le Conseil supérieur de l'Education nationale, s'il venait à être institué, inscrive à son indicatif, comme première proposition, la promotion de l'éducation culturelle universelle dont l'enseignement du Saint Coran, des «Hadiths» du Prophète Mohamed QLSDDSSL et de la «Sira Ennabaouya» en sera l'âme. De la sorte, il embrayera efficacement sur son rôle et l'accomplira avec perspicacité. Il l'accomplira avec perspicacité parce que cet enseignement «originel» engendre, par nature, cette liberté, cette tendance profonde qui pousse à l'action réfléchie, qui développe l'appétit de savoir, qui aiguise le besoin de vouloir et de bien comprendre pour bien exploiter ce qu'on aura compris. Il crée l'adaptation à ce qui est inconnu. Il a la noble tâche d'enseigner l'art et la manière de concevoir un environnement nouveau auquel présideront le respect d'autrui, le souci de l'authenticité et celui d'évoluer au rythme de l'international. Cela dit, la concrétisation de cet objectif exigera le concours des activités scolaires qui seront ordonnées autour des connaissances qui susciteront l'éveil graduel d'un esprit qui rejettera catégoriquement toute expression dogmatique.

L'enseignement du Saint Coran, les «Hadiths» du Prophète Mohamed QLSDDSSL et de la «Sira Ennabaouya» étant par essence cet espace civilisateur dans lequel s'élaborent, de mieux en mieux, le savoir-faire et le savoir-être indispensables à cet homme nouveau soucieux d'échapper aux tourments que suscite la part obscure du «moi»* qui est en lui et soucieux d'être utile à sa cité, il génère ce qui est communément admis comme culture universelle, ce pôle d'idées-forces où s'associent la science, l'art et la morale pour se continuer et non pour s'entrechoquer. Son action devant intervenir sur les mentalités, il incite l'esprit à la curiosité scientifique, à l'imagination intelligente, à l'audace culturelle. Il lui apprend à agir en fonction d'objectifs précis et motivés par le progrès social à réaliser, c'est-à-dire par la satisfaction des besoins de l'homme et par sa victoire sur les préjugés induits par l'ignorance. Il permet, donc, à tout un chacun d'acquérir la maîtrise de soi dans la gestion des approches qui l'aideront à déterminer le sens dans lequel devra évoluer une civilisation humaine porteuse d'un avenir, de mieux en mieux, accompli et à énergiser son ascension.

L'éducation culturelle universelle inspirée par cette rénovation pédagogique soucieuse d'évoluer en fonction des transformations qu'est en train de subir l'environnement socio-économico-culturel mondial, sa mission consistera à définir un projet de société avancé et structuré autour d'un consensus mobilisateur répondant aux ambitions nationales et en mesure de se déterminer en fonction des grandes mutations qualitatives imposées par le modernisme.

Désormais, cette école intelligente, bien pensée et bien réfléchie et dont le Conseil supérieur de l'Education nationale en fera son œuvre, sera une école plus aérée parce qu'elle ne fera pas dans la routine ni dans la coercition. Elle sera adaptée aux besoins du corps et de l'esprit. Elle dispensera un enseignement qui sera mené selon un rythme baignant dans l'actualité et s'inspirant des préoccupations de la jeunesse en particulier et de la société en général. Elle sera cette priorité au développement de l'efficacité des compétences générales et des qualifications spécialisées.

Valorisant le système éducatif national, elle actualisera les composantes pédagogiques telles que les méthodes de prospection, de ciblage des intérêts, d'utilisation des procédés et d'exploitation des programmes dans le but d'apprendre à l'esprit à s'accommoder de la vitesse à laquelle évolue le rythme international en matière de développement.

En tout état de cause, il est des hommes qui, bien que bien armés intellectuellement mais, parce que mal lotis culturellement, manquent de ce savoir-faire et de ce savoir-être. Ils subissent, alors, les flagellations des forfaits majeurs et celles des dénis intolérables générés par la pauvreté de l'esprit et l'impuissance de la personnalité. Pis encore, ils n'arrivent pas à émerger et se contentent de n'avoir de contact avec le progrès que par des liens de consommation. Ils s'astreignent à dépérir au profit de l'émergence d'instincts insolites. En conséquence, ils s'engloutissent, chacun à sa façon, dans des conflits qui les opposent à eux-mêmes à telle enseigne qu'ils deviennent paradoxalement convaincus qu'ils sont parfaits, irréprochables, puissants, au-dessus de tout soupçon, sereins. Ce paradoxe aidant, ils finissent par adopter une attitude d'autodéfense contre un monde qu'ils considèrent hostile. Ils s'investissent alors dans des comportements marqués non seulement par une volonté égoïste et une fierté mal placée, mais aussi par une peur intense au point où, faute de mieux faire, ils se résolvent à cacher leurs intentions. Mieux encore, angoissés à l'idée de perdre le contrôle sur ce qui les entoure, ils s'en font une fausse conception. Moralité, ils ne peuvent affronter le rigorisme de la raison, la sévérité de la vérité, l'impartialité de la justice, la rigueur de la justesse et la gestion de la puissance. Se contentant de confondre le bien avec leur volonté, ils sont réduits à de vulgaires humanoïdes. Ils ne peuvent échapper aux diktats que génèrent les choses de la vie*. Pour eux et en petite nature, progresser dans leur existence, c'est, tout simplement, accroître leur confort matériel.

(*Les choses de la vie : elles se répartissent entre la servitude et la liberté, entre l'injustice et l'équité, entre la faiblesse et la puissance)

Cependant et combien riches et puissants et parce qu'ils ignorent que ce sont le savoir-faire et le savoir-être que distillent le Saint Coran et les « Hadiths » du Prophète Mohamed QLSDDSSL qui distribuent les cartes de la richesse et de la puissance, ils répriment, voire méprisent la réflexion et ses objectifs, sacralisent l'ignorance et les maux qu'elle engendre, refusent d'élaborer leurs intuitions et n'admettent pas qu'il y ait entre les hommes un avenir commun. Socialement marginalisés, ils se limitent à nourrir une platitude culturelle démesurément indigente qui fait d'eux de vulgaires mammifères qui n'arrivent pas à s'horrifier des affres des laissés pour compte. Mal armés socialement parce que démunis de ces outils, ils désarment alors face aux conditions de l'amarrage aux exigences qu'impose le troisième millénaire.

A propos de l'amarrage aux exigences du troisième millénaire

Provoquer cet avènement, c'est par conséquent faire en sorte que s'expriment les perspectives d'une éducation culturelle universelle qui apprend aux hommes à se déterminer de l'intérieur d'eux-mêmes au lieu de se limiter à y survivre en se faisant les victimes expiatoires de leurs conditions pour certains et les chantres de la négation de l'humain, pour d'autres. Cette éducation culturelle universelle ne peut être rien d'autre que celle que sous-tendra un enseignement formationnel* du Saint Coran et des «Hadiths » du Prophète Mohammed QLSDDSS. Elle leur apportera, sans aucun doute, la preuve de leur validité.

(*Enseignement formationnel : c'est un enseignement que l'enseignant ne dispensera pas avec pour seul souci de «s'écouter parler», mais qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention / intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle.

Fécondant le sentiment par la raison, cet enseignement apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Il permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise. Il est non seulement une science mais aussi un art, une action pratique.)

Dans cette perspective, sous le patronage du Conseil supérieur de l'Education nationale, l'école intelligente s'assignant pour mission de la promouvoir, elle en fera cette latitude dont devra être nanti l'esprit pour pouvoir extrapoler ses aspirations du présent sur un idéal futur, pour pouvoir participer au règne de l'ordre et de la justice avec perspicacité et sans détour, pour pouvoir accomplir le pas libérateur avec conviction mais circonspection.

Corroborant le fait que la culture universelle, parce qu'animée par les préceptes que véhicule le Saint Coran et par la morale qu'enseigne les «Hadiths » du Prophète Mohammed QLSDDSSL, est un capital idéo-spatio-temporel, (qui ne se fige pas dans un temps qui passe), et qui ne subit pas le problème des idées, l'école intelligente fera en sorte qu'elle soit le moyen éducatif exponentiellement utile, nécessaire et suffisant à promouvoir parce qu'elle est, d'abord et par essence, le socle sur lequel se définira l'utilité des idées et devienne la rampe de lancement de leur exploitation et parce qu'elle assure, aussi, à tous l'accès à un outil essentiel dans la vie, la conscientisation et le pilotage des préoccupations de soi et la compréhension de celles des autres. L'école intelligente émargeant à cette logique, elle fera en sorte qu'elle soit la matrice de l'idéal de demain et apprendra aux hommes à :

- transcender leurs dilemmes ;

-réanimer leur conscience humaine de façon lucide et engagée en vue de s'investir dans la promotion d'une idéologie éducative et culturelle de laquelle surgiront des femmes et des hommes qui sauront faire avec la puissance et la complexité que créent les choses de la vie ;

- approfondir leurs investigations en quête de solutions de mieux en mieux cernées et de mieux en mieux adaptées aux difficultés qui les assiègeront pour ne pas se laisser prendre à l'illusion et s'abandonner à des mythes simplistes. A ce propos, le cursus scolaire s'étalant sur les cycles primaire et moyen sera réservé au «hifdh El Kor'an». Parallèlement à cette mission, une éducation morale inspirée par les hadiths du Prophète Mohammed QLSDDSSL et «la Sira Ennabaouya» remplacera ce porte-à-faux appelé éducation islamique, actuellement dispensée. De la sorte, à l'issue du cycle moyen, les élèves, ayant accompli la rétention des soixante «Hizb» du Saint Coran, auront comptabilisé le capital linguistique nécessaire à la compréhension et à l'assimilation du capital cognitif qu'ils seront appelés, à l'avenir, (et je reconnais le pléonasme), à structurer dans leurs champ aperceptif, d'une part et seront nantis d'autre part d'un capital culturel qui leur permettra d'évoluer sans gêne et sans complexe au rythme de l'international et d'un capital moral qui les empêchera d'agréer ou de céder à l'instinct insolite.

La légitimité de la culture universelle ainsi réfléchie et ainsi pensée est un inéluctable

Ne se figeant pas dans un temps qui passe et se raffermit, de jour en jour, dans une période post-industrielle où l'homme pressentit la possibilité d'un monde meilleur au sein duquel il devra valoriser sa fonction sociale, développer son harmonie avec les choses de la vie, parachever son état d'équilibre et trouver des solutions nouvelles pour réformer un mode de vie enraciné dans la turpitude de traditions devenues archaïques et fort peu adaptées aux exigences de la modernité, l'éducation culturelle universelle inspirée par le Saint Coran et les hadiths du Prophète Mohammed QLSDDSSL, ne peut être l'apanage des seules sociétés humaines développées.

Appelée, par conséquent, à le libérer, (l'homme), de ce qui tend à devenir cette seconde nature qui amalgame la haine, le mépris et l'indifférence qui l'assiègent, elle :

-appellera sa conscience à des critiques sans complaisance afin qu'elle ne «flotte» plus entre les déterminations du passé et le déterminisme qu'exige d'elle le présent. Désormais, il saura s'amarrer aux idées justes, celles qui lui serviront dans sa lutte contre l'immobilisme ou l'obstruction de la pensée, contre l'ineptie de l'esprit et l'inertie du jugement, contre la platitude ou les égarements du raisonnement ;

-l'obligera à refuser de travestir les messages en se contentant de remplacer un «a priori» par un autre ;

-l'initiera à évacuer les passions confuses et les plaisirs éphémères promoteurs incontestés de la dépravation de l'âme et de la perversion de la conscience ;

-le protègera contre les périls que lui réservent les actions et les idées extrémistes ;

-l'habituera à lester le temps pour ne pas en faire une succession d'intervalles vides.

La dynamique culturelle qu'elle animera, ne pouvant être la résultante d'efforts isolés et imprécis, mais accomplis en commun et de façon ordonnée et coordonnée, elle forgera l'unité nationale pour la rendre compacte et réfractaire aux motifs de la division quels qu'ils soient, cette cause de l'arriération qui a entraîné le peuple algérien à mordre dans son corps pour enfin s'épuiser en futilités. Eclairé, celui-ci irradiera alors de complétude. Il saura à la vie une saveur nouvelle. Il existera de droit. L'Algérie aura tout à gagner, et la puissance et la bonté.

La perpétuation des lois et des règlements qui régissent les conditions qui s'imposent aux hommes afin qu'ils maîtrisent la puissance et la complexité que leur créent les choses de la vie, leur assigne le devoir de se référer à ce que dicte l'éducation culturelle universelle ainsi conçue et comprise à ce sujet et qui, de fait, en fera des citoyens conscients, volontaires et solidaires pour un mieux-être collectif. Des citoyens éduqués et libres.

Progressiste, l'éducation culturelle universelle sous-tendue par les préceptes du Saint Coran et par la morale que véhiculent les hadiths du Prophète Mohammed et «la sira Ennabaouya», ne peut être que l'éducation des dispositions de l'esprit à l'éveil de sa conscience de manière à ce qu'il puisse s'amarrer à ce que les hommes ont en commun, la conscience universelle, cet outil dont doit être nantie la société humaine pour entretenir une âme collective d'une part et, d'autre part, pour définir et promouvoir les schèmes mentaux et intellectuels nécessaires à son épanouissement.

Education de la fonction sociale de l'homme par essence, elle attise en lui ce loyalisme qu'on appelle le sentiment du devoir dont la rigueur dépend de la vigueur avec laquelle il aura été suggéré par l'école. Education de son autorité par nature, elle lui apprend à étayer sa volonté et à sentir en lui cette force qui l'anime et sans laquelle, il ne saura l'idée de sa mission sociale parce qu'il ne saura matérialiser cet essentiel que suppose la vie en commun.

Respectueuse des legs établis et ne voulant rien bouleverser, elle (la culture universelle ainsi pensée et ainsi réfléchie) se chargera de développer en chacun de saines traditions de penser et d'agir. Elle y forgera une personnalité faite de dignité, de liberté et de raison. Elle y affinera le sens de l'exactitude, de la rectitude et de la franchise. Elle y structurera ce qu'il y a de meilleur et de proprement humain.

Désormais, tout un chacun saura s'autogérer et faire par conviction ce qu'il doit accomplir par dépit ou sous la contrainte. Désormais, tout un chacun saura canaliser ses carences et se sentira devenir la force motrice de sa liberté effective et engagée et de sa responsabilité indifférente aux fantaisies. Désormais, tout un chacun saura se faire une idée claire et sans bavure de ses objectifs et des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre, défendre à chaque instant la netteté de ses idées et la fermeté de ses principes et réaliser son état d'équilibre.

Réaliser son état d'équilibre, cela suppose que cette culture universelle acquise aux esprits, soit un processus qui permet à la sensibilité de se conjuguer dans la raison. Appelant à la sensibilité, elle éclairera la raison, hiérarchisera les passions et régulera les émotions. Pour cela, elle sollicitera l'intelligence spéculative cette intelligence qui mettra à nu la vérité, la rétablira dans sa légitimité et animera l'esprit pour qu'il démêle, au moyen d'une démarche intellectuelle critique et autonome, le vrai du faux, le légal de l'illicite, le réel du factice, l'essentiel du secondaire.

Cela dit, en cette fin de siècle la société algérienne est projetée, avec frénésie dans un monde en pleine turbulence et où la sensibilité ne se conjugue plus dans la raison, où les idéologies s'affrontent dans la discordance, où les dialogues s'agitent et où la propagande fait tout pour asservir l'humanité, à l'indiscipline et à l'indigence du comportement. Une culture délestée de tout slogan propice à l'émergence d'instincts réducteurs s'impose donc pour lui permettre de :

-s'élever des croyances périmées, des préjugés tenaces et des jugements hâtifs qui ont tendance à s'entrechoquer pour féconder l'ignorance, l'anarchie et la déshumanisation ;

-se rendre capable de collaboration efficace pour que prévale la décision réfléchie sur l'apriorisme ;

-communier avec les obligations d'ordre légal et moral qu'exige la décence ;

-se soustraire à toute forme de dogmatisme pernicieux ;

Le temps est, par conséquent, venu pour les Algériennes et les Algériens de choisir entre la liberté et la servitude et de s'engager dans le chemin qui honore et qui glorifie. En s'universalisant sous les auspices du Saint Coran et des hadiths du Prophète Mohammed et de «la sira Ennabaouya», la culture algérienne deviendra cet espace stratégique où l'esprit ne sera pas contrarié par la survie de ses anciennes manières de penser, où il prendra conscience que son autonomie ne trouvera son expression éloquente que s'il apprend à se mêler au monde, à s'extraire de l'invincible chantage de la routine, à développer des champs culturels exempts d'incertitudes, à condamner le misonéisme, à ne plus se contenter de concepts grossièrement formés, à se rapprocher de plus en plus de ce qu'il ignore. Sa raison ne dérivera plus de la puissance de connaître vers la vulgaire passion d'admettre.

*Directeur départemental de l'éducation - Ancien professeur-chercheur INRE - Auteur de 12 ouvrages