Située juste en face du palais de justice en plein cœur de la vile d'Oran, la prestigieuse place Maître Thuveny, véritable pan de l'histoire contemporaine, végète dans la décrépitude au vu et au su de tout un chacun. Autrefois un agréable espace verdoyant de convergence où se donnaient rendez-vous jeunes et moins jeunes riverains, cette esplanade, dont la construction date avant l'époque coloniale, où trônait majestueusement à cette époque un kiosque à musique, transformé en une cafétéria bancale dépourvue d'esthétique, fait, hélas, peine à voir aujourd'hui et suscite un pincement au cœur chez les nostalgiques. Ce joyau urbain représentant l'un des points de repère de la cité éponyme de Sidi El Houari s'est malheureusement transformé en un immense parking sauvage, au même titre qu'une partie de la rue Mohamed Boudiaf (ex-rue de Mostaganem) et ce, sans que personne ne crie au scandale, ne serait-ce que pour rendre à César ce qui lui appartient.

Les raisons de cette cruelle déchéance, qui ne dit pas son nom, sont liées essentiellement à l'itinéraire du tramway qui, comble de l'ironie, n'emprunte même pas encore cette zone. Du coup, cette esplanade a considérablement perdu de son aura au même titre que sa ceinture d'espaces gazonnés et ses abords immédiats. «Une merveille d'Oran est en passe de disparaître sans que personne ne s'en soucie vraisemblablement. Il n'y a aucune excuse à ce massacre. Il est encore temps de tenter de redorer son blason en évacuant en premier le parking sauvage» se sont indignés des riverains du quartier Plateau St Michel, situé à proximité de la place qui est devenue un lieu de rencontre et de beuverie pour des marginaux, notamment à la tombée du soir où il n'est pas conseillé de s'y aventurer.

«Nous plaignons les habitants et les commerçants qui sont confrontés aux contraintes et autres désagréments découlant de la décadence de cette esplanade», ont encore déploré nos interlocuteurs. Le même son de cloche s'est fait entendre chez d'autres riverains domiciliés dans les alentours immédiats, qui signalent que «le peu de ce qui reste du gazon ceinturant cette place a été transformé en dortoir par des marginaux et un lieu pour cuver leur ivresse. Nous sommes outrés et nous revendiquons une opération à même de redorer le blason de ce prestigieux point de repère qui jadis faisait la fierté des Oranais». Toujours est-il que les revendications formulées par nos interlocuteurs, majorées avec le prestige de la place Maître Thuveny méritent d'être prises en considération par respect à l'histoire de tout une contrée oranaise.