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Guelma: Zighout Youcef, 61 ans après

par Mohammed Menani

La célébration du 61ème anniversaire de la mort du martyr Zighout Youcef a été marquée, samedi dernier à la wilaya de Guelma, par l'inauguration d'une stèle érigée dans la commune de Bouhamdane, au lieudit Beni Ahmed sur les monts Bouarbid s'étalant sur la zône frontalière avec la wilaya de Skikda. Ce site historique, au maquis très dense, avait abrité en février 1956 une réunion de coordination de l'état major de la wilaya II sous la houlette de Zighout Youcef dit Si Ahmed. Le conclave avait pour but d'examiner la situation sur le terrain, tenant compte des effets et des répercussions de l'action populaire du 20 août 1955 et se préparer à la rencontre nationale des cadres dirigeants de la révolution algérienne, qui fut tenue à Ifri le 20 août de la même année. Parmi les membres présents, nous relevons Sâad Dahleb, Ali Mendjeli, Abdallah Bentobal, Amar Benaouda, Ammar Chetaibi. Zighout Youcef naquit le 18 février 1921 à Smendou dans la wilaya de Skikda, dans une famille modeste qui l'envoya à l'école coranique et l'école publique française qui le rejeta au terme de son cycle primaire. Les lois scélérates de Jules Ferry et son code de l'indigénat ne toléraient aucun accès au savoir pour les Algériens, considérés comme des «sous-hommes» dans leur basse condition.

A 17 ans, il intègre le PPA

A 17 ans, ce musulman résigné et racé s'était investi dans le mouvement national pour la libération de la patrie en adhérant au PPA dont il fut responsable ensuite pour la région de Smendou. En 1947 et en dépit de la fraude électorale, il fut élu sous la bannière du MTLD. Après son contact avec Boudiaf, Ben Mhidi et Chergui, il fut nommé à la tête de l'O.S pour la wilaya de Skikda, s'impliquant sans réserve dans la dynamique révolutionnaire qui devait briser les chaînes du joug colonial. Ses activités qualifiées de «subversives» par l'autorité coloniale, le menèrent à la condamnation des tribunaux en 1950 et à son incarcération à la prison d'Annaba. Il s'en évada en avril 1954 d'une manière spectaculaire, où grâce à ses talents de forgeron, il fabriquera à partir d'une cuillère, une clé «passe partout» et parvenait à fuir les infâmes cellules pour se réfugier dans les massifs des Aurès, devenus à l'époque l'asile de tous les fugitifs recherchés par la police coloniale. Il tissera de profonds liens avec Mostefa Benboulaid et s'engage dans l'action militante du CRUA dès sa création et fut membre du groupe des «21»réunis à Alger, pour mettre au point les derniers détails du déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme. Le 1er novembre 1954, il était aux côtés de Didouche Mourad dans la wilaya II et participe activement le 18 janvier 1955, à la bataille d'Oued Boukarkar où Didouche Mourad tomba au champ d'honneur. Zighout Youcef prenait aussitôt le relais naturel à la tête de la wilaya II.

L'architecte de l'offensive du 20 août 1955

Pour donner plus de dimension à la lutte armée et malmener les troupes coloniales en les éparpillant sur divers terrains, il fut l'architecte de l'offensive populaire du sanglant 20 août 1955. Il participe une année plus tard au congrès de la Soummam qui concluait à la mise en place des structures organiques fondamentales de l'orientation de la révolution armée. Il regagna son fief pour mettre en pratique les résolutions du congrès d'Ifri et c'est au cours d'une tournée d'explication et d'organisation des unités de combat sous son autorité, qu'il tomba dans une embuscade tendue le 23 septembre 1956 par les soldats français, près de Sidi Mezghiche. En revisitant l'histoire en ces moments solennels, l'appel est réitéré aux générations post-indépendance d'oeuvrer en réels bâtisseurs d'une Algérie à la hauteur des hauts sacrifices de tous nos martyrs. Elle se doit d'être souveraine, sûre et puissante, ne puisant que ses propres forces, pour avancer dans la voie du progrès. A l'appel de Novembre, nos aînés avaient donné le sang dans la dignité et pour relever les grands défis d'aujourd'hui, le pays ne demande que de la sueur, notamment à ses enfants qui croient en leur patrie et assurés fermement qu'ils n'ont pas une autre patrie d'échange. L'heure est à l'action à manches retroussées sur tous les fronts, en reconstituant notre échelle des valeurs et se fixer l'objectif accessible de traduire la notion du travail, du labeur et de l'effort dans toutes leurs constantes.