Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Fruits et légumes: L'anarchie dope l'inflation

par Z. Mehdaoui

Le taux d'inflation annuel est établi à 5,9% jusqu'en août 2017. Selon l'ONS (Office national des statistiques), en termes de variation mensuelle et par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires ont affiché une hausse de 3,6% induite essentiellement par l'augmentation des prix des produits agricoles frais.

En effet, les prix des produits agricoles frais ont bondi de 7,5% en raison, essentiellement, de la hausse des prix de certains d'entre eux tels que les fruits (+21,6%) et les légumes (+25,2%), indique la même source qui explique que l'évolution des prix à la consommation en rythme annuel en août 2017 est le taux d'inflation moyen annuel calculé en tenant compte des douze (12) mois allant de septembre 2016 à août 2017 par rapport à la période allant de septembre 2015 à août 2016.

L'anarchie qui règne à l'intérieur des marchés de gros et détails des fruits et légumes est en effet aux origines des hausses cycliques de l'inflation dont le plus grand perdant reste le consommateur. Ce dernier, devant l'absence de contrôle et de régulation est livré à lui-même, sans aucun moyen de défense.

Si dans d'autres pays l'inflation augmente du fait d'une croissance très rapide de la demande, en Algérie, très souvent il n'existe aucun critère scientifique pour expliquer des hausses de prix de certains produits à large consommation, à l'image des fruits et légumes. En fait, l'Etat, le gouvernement et toute la nation sont tributaires «d'agents économiques» très souvent véreux et qui exercent, comble de la débâcle, dans l'informel.

Avec la dépréciation continuelle du dinar et le projet d'augmentation de la masse monétaire (Planche à billet), il existe un risque de dopage de l'inflation dans un pays qui reste encore à la recherche d'un modèle économique. Certaines décisions du gouvernement, à l'image de la planche à billet, auraient été «salutaires» pour juguler la crise dans une «économie normale». Mais est-ce le cas pour notre pays ?

L'Algérie est frappé depuis des années par une sorte «d'inflation normative» dont les conséquences, pour les initiés, sont l'insécurité juridique engendrée par le changement incessant des règles de droit, le blocage, voire l'asphyxie de certaines activités et surtout la confusion entretenue ou pas entre les normes juridiques et les normes techniques ou professionnelles. Petite consolation cependant, des baisses ont été enregistrées pour la viande blanche (-5,2%) et les poissons (-2,3%). Concernant les prix des produits alimentaires industriels (agroalimentaires), ils ont connu une augmentation modérée de 0,1%. Pour ce qui est des prix des produits manufacturés et ceux des services, ils ont enregistré une légère hausse de 0,3%. Par groupes de biens et services, une hausse a été connue dans les prix des meubles et articles d'ameublement (+1,2%) et de la santé-hygiène corporelle (+0,9%), tandis que le reste s'est caractérisé soit par des variations modérées soit par des stagnations, précise l'office national des statistiques.

L'inflation, faut-il le rappeler, désigne une hausse généralisée des prix des biens et services, sur une période donnée. On parle également de hausse du coût de la vie, ou de baisse du pouvoir d'achat.

L'inflation dans les pays qui disposent d'une véritable économie, est prise en compte pour calculer chaque année l'augmentation du SMIC ou pour le cas de l'Algérie, du SNMG, le fameux salaire national minimum garanti, fixé depuis des décades à 18.000 DA, soit à peine un peu plus de 100 euros, par le gouvernement.

Le pays vit au-dessus de ses moyens depuis 2014. Mais comme durant le choc pétrolier de 1986, de la crise de 1988 ou de la crise multidimensionnelle des années 1990, ça sera encore une fois les citoyens qui ont de faibles revenus qui vont payer la facture de toutes les politiques menées jusqu'ici par les différents gouvernements.