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Le développement durable, nécessité fondamentale et absolue du devenir d'une nation (1ère partie)

par Pr. Djahed B.*

Tout acte collectif se planifie et s'organise selon des schémas précis et se gère par des compétences avérées, selon une succession de phases déterminées et ingénieuses. L'organisation et la gestion sont les bases et fondements de sociétés civilisées et développées, à ne pas confondre avec des termes vulgaires et d'usage routinier, nonobstant l'usage courant, dans tous les domaines de ces concepts.

Effectivement, de l'infiniment        petit à l'infiniment grand tout est résultat d'organisation et de gestion, d'où la qualification des êtres vivants d'organismes, de par le fait qu'ils sont un assemblage d'organes, fonctionnant selon des lois rigoureuses, donnant naissance à un corps doté d'actes intelligibles, géré par un organe dirigeant, le cerveau. Cette structuration ainsi faite permet développement et adaptation harmonieuse en toutes circonstances ; dans le cas où des organes évoluent et fonctionnent indépendamment des autres ou selon des lois non établies, c'est l'anarchie, générant des dysfonctionnements pouvant donner naissance à des cancers.

C'est alors que ces concepts parfaits ont pris et prennent de l'ampleur par leurs usages à d'autres formations et fonctions bien organisées dans les sociétés humaines, tels les groupements de fonctionnaires qualifiés de corps enseignants, militaires, administratifs, médical? L'ensemble de ces corps structurés constitue des communautés, formant la nation d'un pays qui évolue en parfaite harmonie et conformité de lois et règles formelles.

Alors, si notre pays correspond à cette définition de l'organisation et gestion où se trouvent la faille et les carences qui font que nous n'ayons pas réussi à bâtir une formation socioéconomique appropriée et développée ?

En effet, à l'inverse, voire parfois aux antipodes de cet objectif et de celui de la formation d'une communauté organisée et bien gérée, on a généré et développé une société de consommation?sur des produits d'importation, pire encore, on a cultivé chez le citoyen des réflexes et besoins souvent futiles?, voire même parfois nuisibles, telle la dilapidation d'importantes sommes d'argent dans des feux d'artifice à la moindre occasion, le tabac?de l'individualisme (incivisme frôlant parfois l'irrespect des règles de la vie sociétaire, voire même celle du sacré?) avec des conséquences négatives sur la formation d'une société unie et cohérente, et des impacts défavorables au développement en général.

Aussi, est-il indéniable et consternant de constater que plus d'un demi-siècle après l'indépendance et malgré toutes les richesses, les moyens mis en place et les efforts concédés pour échapper à la dépendance, de tout ordre que ce soit, nous n'avons toujours pas réussi à mettre en place un système socioéconomique organisé et efficace, permettant un développement harmonieux, durable et adapté à toutes les couches de la société.

Cependant, si à ce jour les richesses naturelles du pays ont permis, grâce aux recettes des hydrocarbures, de supporter cette situation et de répondre aux besoins de la population par l'importation, qu'en sera-t-il à la réduction et tarissement de cette richesse naturelle ?

D'autant plus que nous avons vécu et nous vivons les prémices d'aléas liés à ce genre de scénario. En effet, les moindres perturbations du marché et/ou chutes des cours du pétrole causent d'importants préjudices à la gestion des projets et programmes de développement du pays.

Raisonnablement, nous ne devons pas envier les consommateurs qui achètent (société de consommation), mais imiter et appliquer la méthode de ceux qui produisent et préservent, si on aspire à un développement durable. Alors que la problématique est toujours à l'ordre du jour, souvent débattue, que les conséquences fatales sérieusement et remarquablement identifiées par des experts et hommes politiques, il n'en demeure pas moins que les mesures et solutions tardent à réformer le système et modèle socioéconomique en place, qui semble persister et faire de la résistance?

Alors la question qui taraude l'esprit logique et bienveillant quant au devenir de la nation, pourquoi les changements tardent-ils à se concrétiser ? Effectivement, spécialistes, observateurs et politiciens s'accordent à faire remarquer que le modèle de société actuelle, dite de consommation, assujettie aux importations (produits alimentaires, électroniques, mécaniques, construction?), est un modèle de dépendance qui ne peut nullement être considéré comme un développement viable, durable et persistant.

Cette situation ne peut s'expliquer et se justifier fondamentalement que par deux logiques : le mauvais choix des plans et politiques de développement, ou de leurs mauvaises gestions,? sans hésitation aucune j'opterai de facto pour la seconde. Il est peut-être encore temps de réhabiliter et faire valoir la fameuse devise de jadis : «l'homme qu'il faut à la place qu'il faut».

En effet, souvent les programmes de développement décrétés par les gouvernants sont performants et réalisables dans le fond et la forme, seulement les personnes retenues pour les exécuter en tant que managers et/ou dirigeants ne maîtrisent aucun outil de gestion ou connaissance dans le domaine. Plus grave, parfois le cadre retenu est de spécialité très éloignée du projet. Or, on ne s'invente pas gestionnaire, on le devient? suite à des formations et études de haut niveau, enrichies par des expériences dans le domaine ou la spécialité.

Conséquence de ce manque de connaissances et expériences, la naissance de problèmes de maîtrise sur le terrain, alors on assiste à une substitution de fonction. Le dirigeant, au lieu de s'imposer par sa science, connaissance et visions du projet dont il a la charge, d'instaurer sa manière de gérer, de tracer toutes les phases et étapes et les méthodes pour sa concrétisation, s'appuiera totalement et entièrement sur la «compétence» des collaborateurs et encadrements en place, se contentant d'entériner ce qu'ils lui présentent. Riches de petites expériences et anciennetés, ils dicteront leurs points de vue, marches et démarches à suivre (on ne peut transmettre que ce qu'on possède)?

Dans d'autres cas, ce sont des cadres de haut niveau avec des formations reçues dans de grandes écoles (parfois étrangères), mais manquant de pragmatisme et expérience, proposent et mettent en place des projets théoriques, qui ne tiennent nullement compte des spécificités du terrain. Ils se sont retrouvés de façon incontestable confrontés aux évidences et réalités de la pratique de la gestion. Les résultats se sont avérés indiscutables et sans appel : c'est l'échec résultant de l'absence de connaissance et/ou expérience pratiques de l'organisation et la gestion, «l'ignorance est cause d'échecs, et les mêmes causes génèrent toujours les mêmes effets».

En conceptualisant, le rôle d'un homme politique c'est de répondre aux aspirations et ambitions des populations. A ce titre, il propose et met en place des projets de société, définit les objectifs à atteindre dans une durée déterminée, élabore des programmes de développement économique, et procède à la mobilisation des moyens et méthodes pour les concrétiser. Quant à l'exécution de ces programmes, des dirigeants, managers et gestionnaires, (logiquement qualifiés) sont désignés?Mais est-il possible que par simple nomination on devient un manager ou gestionnaire compétent ? la réponse est ferme : c'est non. Indubitablement la gestion, administration et management, sont des spécialités nécessitant des connaissances parfaites en ressources humaines, comptabilité, mathématiques financières, planification, organisation, interprétation et application des lois et règlements, en plus du domaine à développer, ce qui nécessite des formations de haut niveau, dures et exigeantes, en plus de l'acquisition d'expérience dans la spécialité.

Autre facteur d'importance capitale pour la gestion du développement : c'est la finance. «L'argent est qualifié de nerf de la guerre», donc son importance est capitale dans toute action ou projet -on n'a rien pour rien-. Alors à ce titre, comment peut s'expliquer le mode de dotations budgétaires d'équipements et fonctionnement des structures et organismes de l'Etat qui se font en deux temps, budget initial et supplémentaire après l'accord de subventions ?

Plus absurde, ladite subvention de budget est estimée sur la base d'exercices antérieurs, sans calculs préalables sur la base de programmes prévisionnels d'activités, cette formule d'allocation de budget génère deux cas de figure négatifs : soit des insuffisances de crédits pour la réalisation de tous les actes de fonctionnement? soit, plus grave, les dotations sont surestimées par rapport aux besoins, engendrant en fin d'exercice l'immobilisation d'importants reliquats qui auraient pu servir à d'autres organismes pour réaliser la totalité de leurs programmes et projets.

Les initiés et responsables gestionnaires savent qu'un budget de fonctionnement ou d'équipement se réalise sur la base de calculs précis et en fonction d'un programme d'activités de l'établissement ou entreprise afin d'éviter les excédents et insuffisances, et pour lesquels ils seront comptables en fin d'année. Ces actes exigent, bien entendu, des connaissances parfaites en programmes planning, détaillant avec une grande précision toutes les opérations et actes de gestion valorisées, pour déterminer leurs charges financières. Donc nécessitent de toute évidence une maîtrise et connaissances parfaites en mathématiques financières, comptabilité et autres outils de d'organisation et gestion.

Par cette contribution, je souhaite convaincre et persuader sur la nécessité de ne pas percevoir ou définir le développement comme une didactique philosophique générale, mais un besoin et une nécessité vitale pour la nation, qui doit correspondre à la nature de sa composante humaine, de la spécification des situations et/ou tout autre cas qui se présente (biologique, social, économique ou techniques), en tout état de cause il doit être discerné comme un changement radical et positif dans le fond, la forme, la taille et les fonctions.

Ces situations ne peuvent survenir qu'en résultante d'une croissance soutenue, aux compétences des managers, aux efforts et rigueur dans le travail (seuls créateurs de richesses) sur des actions prévues, programmées, soutenues et maintenues dans le temps et l'espace et non par des importations et le prêt-à-porter ou à utiliser : c'est ce qu'on qualifie par le concept de planification.

Toutefois, rappelons que cette équation n'est concevable et envisageable que dans des systèmes parfaitement organisés, structurés, ordonnés, planifiés, programmés et gérés avec une rigueur et un respect parfait de toutes les fonctions, dans leurs moindres détails (un battement d'aile d'un papillon peut être à l'origine d'un cataclysme, et un virus peut causer des épidémies) et qui doivent viser implicitement un but connu ou nettement estimé et/ou prévu. C'est ce qu'on qualifie par concepts de structuration et organisation.

A suivre...

*(Pensionné de l'enseignement supérieur)