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L'art musical national : un ancrage, une synthèse de l'évolution des goûts (Suite et fin)

par El Hassar Salim *

Ibn Ghazla (XIIIe siècle):-«Ya man sad sabra» (b'taïhi rasd-Dil) ....

Ibn Zoumrok

(1339-1393) Ce Grenadin était un poète et vizir pendant le règne des Nasrides à l'Alhambra et disciple de Lissan eddine ibn al-Khatib.

-«Ya sah aâlani al-isfirar» (btaïhi raml al-maya)

- «Soumani maqloub» (btaïhi raml al-maya)

- «Min tilka ed-diyar» (darj raml al-maya)

- «Ya rabbi badroun zarani» (btaïhi ghrib)

-« Bassim âan lâal» (inçiraf raml al-achiya)

- «Limouhdjati tayah» (m'ceddar dil)

- «Lazala dhahrak saïd« (darj raml al-achiya, rasd, dil)

-«Malat as-schamchou ila al-ghoroub» (btaïhi rasd ed-dil)

-«Ya moukhdjila al-badri» (inçiraf rasd ed-dil)

- «Ya ghazal rouf bi-l-wissal» (m'ceddar rasd ed-dil)

- «Kad aqbala al-moussem al-djadid» (inçiraf djarka)

- «Achiyatou es-sebti» (inçiraf moual)

- «Zarani mahboub kalbi fi-l- ghalass» (inçiraf moual)

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Les poètes classiques arabes

Abou Nouas :

Grand poète. Son œuvre est d'une grande qualité à la fois littéraire et poétique. Ces poèmes très anciens incrustés de récits et introduits dans la chanson sont sans doute parmi les chants-fondateurs de cette musique du temps de Zyrieb ibn Nafi'i.

- «Bi Rabbi al-ladi faradja aala Ayyoub» (m'ceddar sika)

- «Ala faskini khamra» (m'ceddar dil)

- «Djawabatni min sâa« (m'ceddar dil)

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Les poètes tlemceniens :

Ibn el-Benna tilimsani (XVe s)

Le nom de ce poète couvert de légendes populaires à Tlemcen avait la réputation d'un homme pieux dont la mémoire fut honorée par la construction d'une modeste mosquée classée figurant sur la liste du patrimoine historique, portant son nom. Son œuvre éparse figure dans plusieurs livres d'auteurs anciens algériens et marocains.

- «Al qalbou wa tarfou fi kital» (raml al-maya)

- «Layali es-sourour« (m'ceddar raml el maya)

- «Ma maqçadi ila al-infirad« (m'ceddar maya)

- «Amla quo'ous al-khilâa» (m'ceddar ghrib)

- «Qâdi al-haoua yaaraf lihali» (btaïhi ghrib)

- «Dâa koula ouâch oua âadil« (btaïhi mazmoum)

- «Houkmou al-qada bya qada» (inçiraf ghrib)

- «Zaïr bi ?l- khayal« (inçiraf sika)

- «Khoud mina ed-dahri ilayka nasib» (inçiraf hsin)

- «Hayadjat gharami» (btaïhi rasd ed-dil)

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Abi Djamaa Talalissi et-tilimsani ( XVe s)

Cet auteur de mouwaschah très connus dont «Ya laïlatoun djaat bi inchirah»? est né à Grenade où ses parents s'y étaient exilés. Il reviendra à Tlemcen en tant que médecin à la cour royale des Zianides.

A sa mort, il sera honoré par la construction d'un mausolée visité encore aujourd'hui, au cimetière de Bab Guechout, à l'entrée ouest de la ville. Aucun anthologiste n'a réussi, à ce jour, à réunir l'ensemble de son œuvre restée éparse dans les chroniques d'auteurs andalous et du moyen-âge et qui fait, de par son contenu vivant, le bonheur des grands interprètes maghrébins et orientaux du mouwaschah et du zadjal.

- Ya laïlatoun djâ'at bi inchirah (Insraf Maya, zidan)

- «Ya djamâa al kiram» (Inçiraf raml al- maya)

- «Li madma'oun hattal» (M'ceddar raml al -maya)

- «Al Sabah yasbah wa djalalou rami» (Inçiraf maya)

- «Kamaroun fi djounhi ellayli bazagh» (inçiraf raml al-maya)

- «Sal mandaran fi ed-djouja talala» (btaïhi ghrib)

- «Khoud mina al-aafwi ilika nassib« (inçiraf h'sin)

- «Rakibouka al-mouzni» (m'ceddar h'sin)

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-Al- Qaïsi et-Tighri al-andaloussi tilimsani (XIVe siècle)

Issu d'une vieille famille originaire de Cordoue qui a produit de grands théologiens. Ce poète, connu également comme médecin, est cité par le chroniqueur de la cour royale zianide, Yahia Ibn Khaldou (frère aîné de Abderrahmane) dans son livre intitulé «Boughiat er-Rouad» lorsqu'il évoque les cérémonies des «Miladiyate» à l'occasion des fêtes de la Nativité du prophète Mohamed QLSSSL qui étaient organisées chaque année, selon la tradition grenadine, à l'intérieur du palais royal, le Méchouar. Le mausolée de poète de cour se trouve dans un des quartiers les plus verdoyants, à l'époque, ceux d'al-Hartoun«, sur le bord de l'oued Metchkana ou de «Koudiat ou Rabouat al-ouchak» du nom aujourd'hui de «Birouana ou Pirouana» qui signifie en langue turque «noria».

- «Mali âla al-chawqi mouïn» (inçiraf sika)

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Ibn Khamis et-tilimsani

(1252-1308) est à considérer parmi les grands poètes classiques issus du terroir tlemcenien avec Ibn Hadjla, Ibn Hamdoun?Il a vécu à Ceuta, puis à Malaga, enfin à Grenade où il fut assassiné lors de la prise du palais d'al-Hakem. Connu pour son œuvre en tant que panégyriste officiel auprès de la cour de l'Alhambra il était aussi un grand mystique caractérisé pour sa sagesse (Hikma) et sa simplicité intérieure ayant laissé de nombreux poèmes ésotériques.

- «Ya man haka khadouhou al-chaqaïk« (inçiraf moual)

- «Ya nassim djara dayla» (darj mezmoum, n'qlâb raml al-maya)

- «Ah man nouhib -bouhou kamila al-âataf» (n'qlâb raml al-maya)

- «Ya aziz al-housni rifqân bi?eddalil» (n'qlâb mezmoum)

- «Aachiq rakik» (btaïhi maya)

- «Malil ghamam yabki bouka al-mouzni» (m'ceddar rasd)

- «Qoum tara daw'ou assabah»

- «Mali chamoul» (inçiraf m'djenba)

- «Ayouha es-saki ilayka al-mouchtaka» (inçiraf m'djenba)

- «Ya badroun tama bi-l-afak» (btaïhi dil)

- «Alladi kala laqa tansa ayamaka» (btaïhi dil)

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Abou Hammou Moussa II (XIVe s)

Le roi-poète ainsi que les membres de sa famille avaient été exilés en Espagne par Abou Tashfin 1er (1318-1337) rapporte l'historien Attalah Dhina dans son ouvrage intitulé «Les Etats de l'Occident musulman«. Il écrit par ailleurs : «Ce fut là sans doute qu'il fit de bonnes études et prit goût de la poésie, de la littérature, des arts, des fêtes grandioses qu'il instaura à la cour de Tlemcen? Esprit très cultivé, il recherchait la société des savants et des poètes renommés de son temps«. Il fut enterré dans l'ancien palais (al qasr al qâdim).

-«Al- faradj qârib» (M'çeddar maya)

Said al-Mandassi (1583-1677)

- «Ana ichkati fi es-soultan» (M'ceddar mazmoum, inçiraf rasd ed -dil)

- «Ya houmiyata elloum« (Inçiraf maya ou mazmoum ou raml el maya)

- «Es sabah anchar âalamou« (Inçiraf maya)

- «Ya badi'e al wasfi aqmal» (Inçiraf sika)

- «Ya badi'e el housni ahla» (Inçiraf raml al- maya ou sika)

- «Djafa oua î'itada« (btaïhi raml al achiya)

- «Billah ahouar ahouar« (inçiraf ghrib)

- «Fi douwhati al-azhar» (m'ceddar maya, inçiraf zidan)

- «Sabri qalil» (btaïhi rasd ed-dil, n'qlâb mezmoum)

- «Ghouziali soukour nabat» (inçiraf rasd el ?dil, n'klab moual)

- «Ya laimi kaf al-malam» (darj h'sin)

- «Bou'edou eddiar zadani ichtiyak« (btaïhi maya)

- «Koum naghnamou al-houdayra» (inçiraf h'sin)

- «Afnaytou wajdan oua chawka» (btaïhi medjenba)

- «Rani nahaouak« (inçiraf raml al-achiya)

- «Ya laïma mouhdjati» (inçiraf ghrib)

- «Koum tara ez-zahar« (btaïhi h'sin, inçiraf medjenba)

- «Ya sâatan haniya» (inçiraf ghrib)

- «Ya farida al-wasfi aqmal» (inçiraf sika)

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Ahmed Bentriqui dit «Benzengli» (né en 1650)

- «Harqa ed-dhana mouhdjati» (B'taîhi raml al âchiya)

- «Kam li ya ikhouan» (n'qlâb zidane)

- «Ya man sakan sadri» (m'ceddar mezmoum)

- «Al djamal fattan» (m'ceddar hsin, rasd ed-dil)

- «In qarabou ah» (inçiraf h'sin, zidane, maya, rasd ed-dil, raml maya)

- «Ama tara damaï sakib» (inçiraf h'sin)

- «Koum naghnamou al ?achiya» (inçiraf h'sin)

- «Ya ouyoun ar-rim« (inçiraf raml al-achiya)

- «Kad ata waqtou al-hana» (inçiraf raml al-achiya)

- «Alifa aliftou al-bouqa» (inçiraf raml al-achiya, maya, raml al-maya)

- «Rabi ya moudjib abdou» (inçiraf raml al-maya)

- «Achiya fi rawdin âadjib» (inçiraf raml al-maya)

- «Man yâati kalbou li-l-milah» (darj zidan, n'klab moual)

- «Qoum yassir lana al- qitâan» (inçiraf rasd, dil, maya, sika, mezmoum)

- «Dakhaltou er-riadh madhouch» (inçiraf raml, maya, mezmoum)

- «Salli Houmoumek« (m'ceddar zidan, btaïhi raml al-maya, inçiraf djarka)

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M'barek Bouletbag (XVIIe s)

-Alqî oudhnek wa sagha li dikhr al-moumadjed (Inçiraf raml al -maya)

Mohamed Ben M'saïb (m. en 1768 )

- «Fah al-wardou oua al-soussan» (Inçiraf rasd ?dil, dil, mazmoum)

- «Ouahad al ghozayel» (Inçiraf dil ou mokhlass moual)

- «Ya qalbi khalli el hal Yamhi âala halou» (Inçiraf h'sin, n'qlâb zidane)

- «Saraqa al ghosnou quada mahmoubi» (Inçiraf h'sin, n'qlâb zidane)

- «Billahi ya badri» (inçiraf zidane)

- «Zarni al-malih wahdou» (inçiraf rasd ed-dil, zidane)

- «Dir ya nadhîm qâas al-oukar» (inçiraf sika, mezmoum)

- «Zada al-houbou wajdi» (inçiraf h'sin, maya)

- «Ma achkou chaqiya» (darj raml al-achiya)

- «Harimtou bik nouâassi» (inçiraf raml al-achiya)

- «Ya saki ouaski habibi» (n'qlâb raml al-maya)

- «Ya nâas djarat-li al-gharaïb» (inçiraf raml al-maya)

- «Baha istibari» (inçiraf raml al-maya)

- «Kad djoumiâ fi mouâdibi tis'ou khissal« (inçiraf raml al-maya)

- «Abqat fi er-riadh al-azhar» (inçiraf rasd ed-dil, maya, mezmoum, raml al maya, maya)

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Boumédiène Bensahla (m. en 1797 )

- «Rit al-qamar qad ghâs» (btaïhi raml al maya, inçiraf zidane)

- «Natferaj maak» (darj rasd, inçiraf sika, h'sin)

- «Allah yahdik» (mokhlas maya)

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Mohamed Bendebbah ( XVIIIe s)

- «Er-rabie aqbal ya inssân» (Inçiraf raml al maya, n'qlâb moual, btaïhi raml al maya)

- «Rimoun nadhratni» (darj rasd)

- «Ma ahla al-achiya» (btaïhi rasd, mezmoum)

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Ahmed Ben Antar (XVIIIe siècle)

- «Ya habibi âalach djafit» (inçiraf ghrib, inçiraf djarka)

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Mohamed Touati ( XVIIIe siècle )

- «Ya âachikin nar al-mahiba la oukoûd» (inçiraf reml al ? achiya et maya)

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La datation de ces poésies nous permet d'explorer les phases d'évolution de cette musique littéraire, sa variété, sa fécondité et sa sensibilité. Les apports locaux, à côté de morceaux authentiques ou de source-mère sont restés jusque-là méconnus, alors qu'ils sont importants pour situer les héritages dans leur contexte, d'où le travail de recherche historique qui reste à faire sur les poésies et leurs auteurs, si oubliés encore. L'«Ihâta» (Refondation) de Lissan eddine ibn El-Khatib ou encore le «Nefh»(Exhalaisons) de Ahmed al-Maqqari, incontournable pour lire l'histoire culturelle et politique du Maghreb et de l'Andalousie, nous tracent la voie à une recherche prometteuse dans ce domaine.

A titre d'exemple nous saurons à la lecture du «Nefh et-tib» que le texte poétique chantée «al-sam mina sanni al-liqa'a a'adab min qablati al-rada'i» (insiraf rasd ed-dil ) est de son auteur Abou-l-Abbès Ahmed ben Abdeslam al-ghafiqî al-Ischbili chahir bi-l-Msili, que le beau «istikhbar» (chant libre sans accompagnement instrumental) dont texte suivant : «Taba'ada a'ani menziloun oua habibou« est de Lissan eddine Ibn El-Khatib, que le «Mokhlas» (finale) «Radaytou bima kaçama Allahou li» est de Cheikh Sidi Mohamed Benyoucef al-Marrakchi (Nefh), l'istikhbar «Ya houzzou al-ramhi dhabya mouhafhaf» est de son auteur Al imam al-qâdi al-Ischbili Aboubekr ibn Arabi (ami d'Ibn Toumert)?

C'est cette amnésie entretenue à l'égard de nos beaux esprits, maintenus à l'écart de leurs œuvres, sans respect par ceux-là même qui tentent aujourd'hui de s'ériger en «nombrils de l'authenticité» et «maîtres-dépositaires» légitimant leur tradition musicale. Comme ils ont peur du retour de l'histoire contre leurs thèses, les «Intermédiaires-passeurs?? amnésiques de l'héritage entretiennent la confusion entre l'acte de l'interprétation et celui de la création, s'arrogeant le titre de parfait connaisseurs de cette musique. En tant qu'objet historique le patrimoine de la musique dite andalouse véhicule depuis plus de dix siècles une tradition continue que certains maîtres jugent à leur propre conception. Les véritables génies sont les producteurs historiques de cette musique. Cette situation nous incite aujourd'hui à parler de «défense» de la propriété intellectuelle des véritables grands producteurs-compositeurs de ce patrimoine aux discours et aux formes très riches, en fantaisies, à la fois originales et délicates.

Que de «M'ceddar», «B'taïhi»?ces chants lents, majestueux et solennels sont l'œuvre de nos poètes-musiciens. Certains d'entre eux, à l'instar de Ahmed Bentriqui, Mohamed Ben M'saïb, Ibn Nachit tilimsani, M'barek Bouletbag?d'une admirable énergie créatrice. Ils font, de ce fait, partie de l'élite des prosateurs-musiciens représentant la musique profane andalouse et populaire, enfin religieuse citadine, dans le Maghreb. Avec leur vaste culture ils possédaient le don du Zadjal et collaborèrent ainsi à la «Sana'a» et leurs œuvres continuent à faire le bonheur à la fois des interprètes et des mélomanes.

Cet art musical est aujourd'hui considéré comme la synthèse-fusion de tous les arts qui se sont nourris de sa culture. Ils sont caractéristiques d'une véritable poétique musicale au Maghreb. La meilleure manière de comprendre ces lieux communs, avec chacun ses traits de parenté, c'est de connaître l'histoire du Maghreb, sa littérature et sa musique. En effet, l'histoire de la musique dite andalouse au Maghreb est à ramener à ses ramifications successives qui ont fini par s'y entremêler et s'enchevêtrer du fait des apports berbères, romans et l'influence de la Méditerranée orientale?des liens, enfin des échanges multiples. La recherche nous apprend à regarder et surtout à différencier les multiples moments de construction de cette musique qui a, en effet, laissé le champ libre à la mainmise des musiciens pour interpréter son histoire.

Cette cristallisation qui va de pair avec la culture «grenado-andalouse» mérite aujourd'hui l'appellation d'art maghrébo-andalou. Cet art est le miroir de la géologie culturelle de notre pays et de ses stratigraphies philologiques, littéraires et musicales. Il est un leurre que de considérer que c'est là un patrimoine de Ziryeb, destiné initialement aux plaisirs royaux, dans les limites des palais et pour un auditoire spécifique, celui des «Mawali-s», connaisseurs de la langue arabe. Ce patrimoine n'a, en effet, cessé de se modeler et de s'enrichir en Algérie et dans le Maghreb, compte tenu de l'évolution des mœurs, des idées et des formes langagières, c'est ce que nous dit d'ailleurs le philosophe et musicien andalou Ibn Bajja (1085-1138), (Avempace), l'égal d'Al-Farabi (872-950) en Occident, auteur d'un traité sur les mélodies, évoquant l'impact et l'influence du folklore et des traditions locales berbères sur la musique, enfin le savant Ahmed Tifâchi Sfaxi (XIIes) dans son encyclopédie »Nuzhat al-albab fi-ma la yujad fi kitab« (chapitre intitulé : «Sur la ressemblance des lois de la musique avec celles de la métrique»). Parlant de patrimoine exclusif de Ziryeb, c'est feindre d'ignorer la genèse progressive de cette musique riche également d'apports ottomans, voire certaines les «tchambar», «bachraf, zouakat»?ces derniers, sous la forme d'interludes, sont en vérité des emprunts à de vieilles marches turques.

Les maîtres de chapelles tentent de modifier le cadre historique de cette musique du génie algérien, de ses poètes et de ses musiciens, enfin des maîtres-interprètes qui avaient la maîtrise absolue de toutes les finesses de cet art. Cette musique du nom générique «d'Andalou» résume et concentre aujourd'hui dans son parcours tous les moments de l'histoire de cette musique.

L'histoire de cette musique riche et nuancée, il faut la rechercher dans ce qu'elle a d'universel, mais aussi et surtout dans ce qu'elle a de spécifiquement algérien et maghrébin. Le patrimoine musical est probablement un de ces lieux où les Maghrébins se sentent appartenir à la même culture, à la même civilisation. La problématique posée à ce jour est de savoir comment ce patrimoine, d'une grande valeur à la fois historique, culturelle et artistique, doit être protégé, valorisé et perpétué, sans en falsifier les héritages modelés par l'histoire. C'est là une question lancinante qui n'a cessé d'être posée, sans réponses réelles, en attendant toujours une politique claire fixant des objectifs, dans le cadre d'un projet culturel national établi comme une feuille de route guidant l'action tant dans les domaines de la protection que du progrès des arts en général. C'est aussi toute la question de la mobilisation des élites dans l'espace public de la réflexion et de l'action, en vue de la relance dans le domaine de la création culturelle.

* Enseignant chercheur