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Lettre à Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix: Rohingyas !

par Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Face à votre immorale indignation contre les accusations qui vous sont portées pour le massacre des Rohyingyas, permettez, Madame la Première ministre, que nous clarifions les choses.

Non, Mme Aung San Suu Kyi, les Rohingyas ne sont pas des terroristes! Ce sont vos compatriotes que votre Etat confine dans un statut d'apatrides, leur niant depuis plus d'un siècle et demi leur droit d'exister dans leur pays qui est le vôtre. Non, Madame Aung San Suu Kyi, nous ne les défendons pas parce qu'ils sont musulmans, mais parce que ce sont des êtres humains qui souffrent le martyre sous le gouvernement que vous présidez. Nous en avons assez de ces accusations communautaristes, religieuses, nationalistes et autres enfermements identitaires spécifiques. Nous crions au crime contre une population exténuée par de longues décennies de malheurs et d'injustices. Nous les défendons comme nous défendons tous les opprimés, méprisés et humiliés de ce monde sans distinction d'ethnie, de couleur de peau, d'origine ou de religion. Nous crions notre colère comme nous l'avons fait hier pour les Yézidis chrétiens en Irak, les falashas discriminés en Israël ou les indiens d'Amazonie au Brésil. Nous manifestons notre solidarité là où un peuple, une ethnie, une personne est traquée en raison de sa couleur de peau, de sa foi ou de ses idées philosophique. Nous défendons les Palestiniens pas parce qu'ils sont à majorité musulmane, mais parce qu'il sont colonisés, emprisonnés, massacrés chez eux! Nous les défendons comme nous vous avons défendue lorsque vous étiez exilée, puis emprisonnée chez vous en raison de votre opinion politique. A chaque acte barbare tuant des innocents, nous disons haut et fort notre indignation et notre condamnation. Oui, je sais, lorsque 200 Nigérians sont massacrés par les terroristes de Boko Haram, nous n'entendons pas votre voix comme lorsqu'il s'agit de 34 autres victimes européennes d'un autre monstre terroriste nommé aujourd'hui Daech. Qu'importe, nous manifestons notre solidarité partout où le crime et la sauvagerie frappent parce que nous connaissons la douleur de se sentir seuls face aux assassins et surtout parce que nous ne voulons pas vous ressembler: être sélectif dans notre humanité. Non Madame Aung San Suu Kyi, les Rohingyas n'ont ni armes, ni avions, ni explosifs comme ils n'ont pas de maison protectrice, celle que d'autres intégristes de votre foi brûlent. Non, Madame, je n'accuse pas tous les bouddhistes d'être des tueurs de royhingyas. Je ne fais pas d'amalgame et ne généralise pas parce que je sais et vis cela lorsqu'il s'agit de musulmans. Non, Madame, ce sont des groupuscules d'extrémistes bouddhistes qui tuent les rohingyas, salissent la sagesse bouddhiste comme les extrémistes musulmans le font pour la sagesse musulmane. Et la révolte des hommes rohingyas n'est pas l'action d'une horde terroriste islamiste. Ils sont si peu mais si grand à vouloir mourir debout pour sauver leurs enfants et leurs femmes. Et puis non Madame Aung San Suu Kyi, je ne demande pas que l'on vous retire le prix Nobel de la paix. Que du contraire, je vous défendrai pour que vous le portiez à jamais comme le poids de votre conscience. Enfin, non Madame Aung San Suu Kyi, je n'attends rien de vous pour venir en aide au Rohingyas ou même à vos autres compatriotes qui vivent dans les bidonvilles de Rangoun ou ceux encore emprisonnés par la junte militaire qui vous a exilée et emprisonnée longtemps et avec qui vous vous solidarisez aujourd'hui. Demain, oui demain, qui sait? Un autre jour se lèvera sur l'humanité avec plus d'espoir de paix et le prix Nobel de paix n'aura plus de raison d'exister. Le votre figurera sur votre tombe, vous poursuivra comme l'œil de Caïn. Eternellement.