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Le CNES tire la sonnette d'alarme: Plus d'étudiants et moins de recrutements à l'université

par M. Aziza

L'université algérienne accuse un important déficit dans l'encadrement pédagogique. Un problème qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui s'est accentué avec le départ massif en retraite et une réduction considérable de nouveaux postes de recrutement. C'est le constat fait par Abdelmalek Azzi, coordinateur national du syndicat autonome du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). « Le nombre de départs à la retraite n'est pas connu dans le secteur de l'enseignement supérieur, dira Azzi, mais une chose est sûre, le nombre des nouveaux postes de recrutement sont en baisse d'une année à une autre. Pourtant, le nombre des étudiants est en augmentation constante ». Il affirme que la moyenne de nouveaux postes de recrutement d'enseignants à l'université était autour de 100 enseignants par université durant les années 2000. «Aujourd'hui, le nombre des nouveaux postes ne dépasse pas 10 à 15 par université et par an», déplore-t-il en rappelant qu'il y avait auparavant deux sessions de recrutement, la première au début de l'année et une deuxième session de recrutement était toujours programmée au milieu de l'année.

Pour le coordinateur du CNES, ce problème qui est devenu récurrent à chaque rentrée universitaire « n'intéresse ni de près ni de loin les responsables du secteur, ni même les responsables du gouvernement». Il précise: «Nos responsables évoquent seulement l'ouverture des universités privées». Et d'affirmer: «On retire les moyens humains et matériels du secteur public et on encourage en contrepartie le projet portant création d'universités privées». «Ils veulent à tout prix créer des universités privées bien évidemment avec une matière grise issue du secteur public au profit des riches et des universités publiques démantelées sans moyens pour les pauvres et les couches défavorisés de la société, sinon, pourquoi préparent-ils ce projet sans associer les partenaires sociaux et dans l'opacité quasi totale». Le coordinateur national du CNES affirme qu'un enseignement de qualité est tributaire de la qualité des programmes, de bonnes méthodes d'enseignement et d'un taux adéquat d'encadrement. Un taux qui n'a pas du tout évolué au moment où le nombre des étudiants ne cesse d'augmenter durant ces dernières années, précise-t-il. L'ex-ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Rachid Harraoubia, avait déclaré en 2004 que nos universités faisaient face à un important déficit en matière d'encadrement universitaire. Il a indiqué depuis que le ratio national moyen d'encadrement est d'un enseignant pour 28 étudiants. Un ratio en deçà de la norme internationale estimée à 1 enseignant pour 15 étudiants. Les choses sont, a priori, restées au même niveau, car et selon M. Azzi, les recrutements dans le secteur de l'enseignement supérieur se font, mais d'une manière timide, notamment durant ces quatre dernières années.

S'agit-il d'un démantèlement programmé de l'université publique ou de simple restriction budgétaire? La question reste tout de même posée.