Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Sur un total de 664 bâtisses concernées par la réhabilitation: 36 immeubles achevés, 170 autres mis en chantier par la DUAC et l'OPGI

par Houari Saaïdia

  Par un petit tour à pied, à travers le centre-ville, le wali a fait un tour d'horizon sur le mécanisme de réhabilitation du vieux bâti. Front de mer, la Vieille mosquée, la Sommam, les rues Khemisti et Larbi Ben M'hidi : tel était le circuit sillonné. Il a vu quelques échantillons, écouté des points de situation et lu des bilans. Se gardant, autant que faire se peut, d'émettre des appréciations « à vue d'œil », il a, toutefois, laissé transparaître quelques signes de satisfaction, et parfois même de fascination. Difficile d'évaluer avec rigueur l'état d'avancement du processus de réhabilitation et de revitalisation du vieux bâti de la ville, sans se laisser influencer, sur place, par quelques séduisants spécimens grandeur nature, étayés dans la cour ou au pied de l'immeuble par des photos illustratives « avant » et « après » intervention. Difficile aussi de rester concentré sur le tableau synoptique et d'analyser l'opération en raisonnant, uniquement, en termes de bilan, de taux d'avancement, de planning, de délai contractuel, de situation financière et comptable?sans laisser, de temps à autre, son regard errer vers la façade toute fraîche, la toiture remise à neuf, la coupole parée de fresques, les fenêtres ovales, les colonnes torsadées, les frontons brisés, les balcons ornés de gorgones et de sirènes et autres motifs décoratifs chers au style baroque qui se caractérise par l'exubérance et la décoration à outrance. Difficile encore et toujours de ne pas mordre à l'appât, celui du message subliminal, du stimulus visuel que renvoie le montage des images juxtaposées d'éléments contrastes, rangés en alignement (l'un à côté de l'autre) ou en parallèle (l'un en face de l'autre) : immeuble fraîchement réhabilité, immeuble couvert de filet d'échafaudage et immeuble livré à lui-même, c'est-à-dire dégradé, crasseux, hideux, poussiéreux, noirâtre? Et, enfin, sous le charme de la beauté du produit restauré, léché et livré à la cité, au grand profit du cadre de vie de ses habitants et de ses propres exigences urbanistiques et architecturales, difficile encore, de ne pas accorder les plus larges circonstances atténuantes à l'évolution, en dents de scie, et par à-coup du processus de réhabilitation, qui lentement mais sûrement cicatrise les séquelles d'une mauvaise prise en charge, cumulée depuis un demi-siècle, du cadre bâti de la ville. Et ce, pour ne parler que de ce lègue de l'histoire correspond uniquement à la période française (1830-1962) qui fut fort endommagé par le temps, mais aussi et surtout par l'homme.

Un tour au centre-ville? juste pour jeter un coup d'œil

Poursuivant, donc, son parcours d'exploration-supervision de l'environnement de la ville, le chef de l'exécutif de wilaya avait rendez-vous avec un autre registre, un autre thème, celui de la préservation et de la revitalisation du tissu urbain -ayant une certaine valeur patrimoniale, outre son importance urbanistique et architecturale intrinsèque- du centre-ville qui se trouve en état de vétusté, et dont l'opération de réhabilitation relève d'un programme spécial initié par le président de la République, avec comme, entre autres objectifs évidents, de restaurer et de consolider un important parc d'habitat déjà existant, d'améliorer les conditions de vie des habitants par la valorisation et la promotion de la qualité urbanistique et architecturale du cadre bâti ainsi que la revitalisation du tissu urbain ancien.

Le wali s'est intéressé, d'abord, au programme piloté par la direction de l'Urbanisme, de l'Architecture et de la Construction (DUAC, ex DUCH), où un point de situation a été tenu au chantier de réhabilitation de l'immeuble 01, square Bamaco, Bd Front de mer, avant de faire cap sur le programme diligenté par l'OPGI. S'agissant de l'opération de réhabilitation, à la charge de la DUAC, d'une consistance de 616 immeubles déjà ciblés, soit un nombre global de logements de 4.243, l'on saura que 16 immeubles ont été achevés, 178 autres confiés en travaux (entreprises de réalisation désignées), 133 autres en cours de chantier, 17 en voie de lancement et le reste, 12 immeubles, en cours d'étude. Ce programme est, en fait, scindé en 3 tranches, dont les 2 plus importantes consistent en 200 et 400 immeubles, pour des autorisations de programme (AP) de 700 millions de DA et 1,5 milliard de DA respectivement. Le troisième lot, consistant en des interventions de réhabilitation lourdes, porte sur 16 édifices du vieux bâti, pour un AP de 1,6 milliard de DA. Sur le total de 3,8 milliards de DA de dotations budgétaires allouées à la DUAC, à cet effet, un montant de 2,7 milliard de DA a été engagé et 1,2 milliard de DA déjà consommé, soit un taux de consommation de crédits de 43%. En ce qui concerne le programme de réhabilitation des vieux immeubles, confié à l'OPGI, celui consiste en un total de 48 unités. Quinze immeubles sont ,déjà, réhabilités, alors que 36 autres sont en cours de réhabilitation, sachant que les études de tous les immeubles concernés sont déjà ficelées.

DUAC et OPGI : un programme à deux vitesses? et pour le même objet

Au-delà de ces chiffres, deux faits saillants sont à souligner dans le processus de réhabilitation du vieux bâti, à Oran : l'élargissement du champ d'intervention avec une prolifération, sans précédent, des chantiers à travers plusieurs sous-secteurs du centre-ville et la fin du monopole des entreprises étrangères sur ce marché, à la faveur de l'entrée en scène d'opérateurs nationaux. Si l'on fait la fusion des deux opérations de la DUAC et de l'OPGI, en additionnant leurs bilans respectifs, sur un total de 664 immeubles, soit la consistance globale du programme dont est bénéficiaire Oran, on obtient un bon paquet de 170 immeubles mis en chantier, dont près de 2/3 seront achevés avant fin 2018, au plus tard. Ceci sans compter les 31 (16+15) immeubles déjà livrés. Le reste du programme se trouve à des stades différents du processus « diagnostic ? étude - avis d'appel d'offres, pour réalisation et examen par la commission des marché et installation de chantier ».

Pour ce qui est du programme de l'OPGI, doté d'un total de crédits alloués de 2 milliards de DA (deux tranches de 1 milliard de DA chacune), les 36 bâtisses en cours de travaux de réhabilitation se situent dans les rues Larbi Ben Mhidi et Mohamed Khemisti.

La majorité de ces immeubles, datant de l'ère coloniale française ont été confiés à des entreprises algériennes spécialisées dans la réhabilitation des bâtiments et les ouvrages patrimoniaux, ainsi qu'à l'entreprise italienne ?Refit'. S'inscrivant dans une approche d'opération globale de réhabilitation du vieux bâti d'Oran, le choix des sites à réhabiliter a surtout porté sur l'amélioration de l'image urbaine de la ville, en focalisant sur l'intérêt architectural des bâtisses qui constitue la zone cible. Cette opération, initiée par les autorités locales, a été déjà lancée dans plusieurs quartiers d'Oran. Pilotée par les services de la DUC et de l'OPGI, celle-ci a ciblé, dans un premier temps, 200 immeubles. Trois sites prioritaires ont été retenus dans le cadre de ce projet. Une première tranche a concerné 120 immeubles du centre-ville limités par un grand îlot situé entre les rues Mohamed Khemisti et Larbi Ben M'hidi. La seconde a visé une quarantaine d'immeubles recensés au boulevard Maâta, alors que la troisième a ciblé une trentaine d'immeubles au quartier de Sidi El Houari. Une opération ciblant 400 immeubles a été également prévue, dans le programme des instances locales et pour laquelle une enveloppe de 1,5 milliard de DA a été débloquée.