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Skikda: La raffinerie dans l'impasse ?

par A. Boudrouma

  L'arrêt technique programmé par la raffinerie de Skikda pour effectuer une grande opération de réhabilitation à travers une série d'interventions de maintenance de ses unités, semble loin d'avoir tenu ses promesses. Cette opération qui a été initiée au mois d'avril 2017 et qui devait se terminer un mois plus tard a connu un certain nombre de couacs qui ont allongé la durée de l'arrêt technique.

De nombreuses actions recommandées dans le listing des travaux établi par les services d'inspection (dont nous détenons une copie), telles que la substitution des becs de torches, le remplacement des serpentins des fours, etc., ont été inexplicablement abandonnées malgré leur importance.

Pour le cas de l'unité 100, considérée comme le poumon de la raffinerie puisque d'elle dépend la charge des autres unités en sus de la production de GPL, de pentane, de reformat légère, du toluène et du xylène, la situation est encore plus problématique car les prévisions qui tablaient sur un arrêt d'un mois et demi ont été largement dépassées puisqu'elles sont à plus de 4 mois. Pis encore, le chassé-croisé devant permettre son redémarrage ne lui a été d'aucune utilité puisque durant son arrêt, l'unité 100 a été «tripotée» au point où elle s'est arrêtée seulement une vingtaine de jours après avoir été redémarrée et sa remise en marche demeure hypothétique. On avance qu'à nouveau, les interventions effectuées durant les 4 mois d'arrêt ont échoué lamentablement, ce qui nécessite, selon certains techniciens, un autre arrêt afin de corriger toutes les anomalies qui se présentent, notamment au niveau des réacteurs R3 et R5 qui, après réparation durant le précédent arrêt, affichent des différences de pression largement supérieures de plus de 4 fois les normes de fonctionnement et de sécurité permises, mettant en péril les équipements. Les mêmes sources avancent que les opérations de maintenance nécessaires au redémarrage dépendent d'un turbocompresseur géant qui s'est retrouvé hors service après des tentatives de sa réparation. Ce compresseur d'hydrogène qui a été installé par la firme Samsung dans le cadre de la réhabilitation de l'unité 100, nécessite l'intervention d'un expert du fournisseur étranger. Ce n'est pas tout puisque parallèlement à cela, l'unité Topping 11 produisant du GPL, du kérosène pour l'aviation civile et militaire, du gasoil lourd et léger, des naphtes A, B et C et les résidus lourds se trouve de son côté à l'arrêt depuis le 29/08/2017, pour de nombreuses défaillances particulièrement au niveau des rebouilleurs qui ont été vidés de leur huile de chauffage au moment où les stocks de la raffinerie affichaient zéro. Cette huile indisponible sur le marché national doit faire l'objet d'une commande à l'étranger. Autres anomalies survenues à la suite de l'arrêt technique, l'apparition de fuites sur les échangeurs et les aéro-réfrigérants. Et l'on souligne qu'il ne s'agit que de quelques cas de pannes auxquels se trouve confrontée la raffinerie car l'arrêt technique n'a pas été réellement bien géré dans le temps où les travailleurs ont été soumis à une formidable débauche d'efforts qui n'a pas donné de résultat.

Et l'on s'inquiète déjà du lourd préjudice financier qui ne manquera pas de s'ensuivre.