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Rentrée scolaire: Benghebrit parle de «couacs»

par Yazid Alilat

  La rentrée scolaire 2017-2018 n'a pas dérogé à la règle: problèmes de sureffectifs, manque d'enseignants, écoles non ouvertes, et, pour couronner le tout, une vive polémique sur la prétendue suppression de la «besmalla» des manuels scolaires. La ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit, invitée hier dimanche de la radio chaîne 3, a reconnu que cette année encore, «il y a eu des couacs, mais il y a eu aussi de gros efforts». Concernant la vive polémique actuelle sur la «besmalla», elle a rappelé que celle-ci n'était pas présente dans tous les manuels scolaires depuis l'indépendance. «La besmalla existe de manière obligatoire dans le manuel de l'éducation islamique, mais je ne veux pas entrer dans cette polémique», a-t-elle indiqué. Elle ajoute que «la besmalla n'existe pas partout depuis 1962'', avant de souligner qu»'il faut arrêter de faire une lecture politique ou idéologique à chaque fois qu'on a un échéancier électoral». Et puis elle lance cet appel: «il faut laisser l'école tranquille!» Pour la ministre de l'Education nationale, ce qui est important, c'est «d'ancrer les valeurs de l'algérianité qui est la synthèse de l'arabité, l'islamité et l'amazighité.» Pour Benghebrit, l'école algérienne a un défi à relever d'ici à 2030, celui de «la qualité de l'enseignement. «Car le Temps 1 de l'indépendance a été la quantité, puis la démocratisation, l'algérianisation est un fait réel, puis l'arabisation, et il y a maintenant le défi de la qualité, la compétence et l'ouverture sur les langues.» Pour autant, elle reconnaît que «l'école algérienne rencontre beaucoup d'obstacles, car il y a tout le travail de surmédiatisation, qui n'aide pas les citoyens à y voir plus clair dans ce que fait le ministère de l'Education.» Et donc, estime-t-elle, «il faut passer à une formation des enseignants qui tienne compte de la différence chez les élèves.»

Par ailleurs, Mme Benghebrit a indiqué que les constructions des infrastructures scolaires, en dépit de la crise économique, se poursuivront, rappelant que pour cette rentrée scolaire, il y a eu 102 nouveaux établissements, «qui s'ajoutent à ceux existants». «Mais, il faut que les infrastructures existantes soient entretenues, avec encouragement pour la construction des internats au niveau du secondaire», a-t-elle affirmé. Elle a reconnu en outre que le gel de la construction de certaines infrastructures a été levé, car certaines avaient été «inscrites en dépit du bon sens, dans l'implantation d'un certain nombre d'établissement.» «Le ministère revisite certains programmes, et il devient urgent d'ouvrir des collèges et des écoles primaires», a-t-elle souligné, avant de préciser qu'il y a «un programme de constructions qui est régulier pour répondre à la forte demande en infrastructures scolaires, et il faut trouver des solutions à moyen terme.» Sur les problèmes rencontrés durant cette rentrée, il y a notamment celui de la surcharge des classes, mais qui touche, selon la ministre, «un nombre infime d'établissements.» «5,67% de divisions pédagogiques sont atteintes de surcharge, qui concerne les communes qui ont connu une vitalité dans la reconstruction d'habitat, avec des villes en tête de liste: il y a Oran avec une hausse de 21% par rapport à la norme nationale qui est de 5,7%, Alger, Boumerdès, Sétif où la surcharge est importante», a expliqué Mme Benghebrit, selon laquelle «il y a aussi le taux de redoublement dans des établissements», qui accentue cette surcharge des classes, et «la solution est bien sûr de continuer à construire, sans omettre les solutions pédagogiques, comme investir dans la formation des enseignants». Et, comparativement aux pays voisins ou par rapport à la norme internationale, la ministre de l'Education nationale reconnaît que «le taux de redoublement est important en Algérie. « Il est anormalement élevé, notamment au niveau des collèges», indique-t-elle, avant de souligner que «c'est l'échec non pas de l'école mais de la formation.

On va déployer un plan Marshall, il ne peut y avoir de qualité, s'il n'y a pas une formation de qualité.» Pour la ministre, «il s'agit de faire face aux difficultés des élèves à un moment donné, car il n'y a pas des guides pour les enseignants pour prendre en charge les difficultés de l'élève.» Par ailleurs, sur le manque d'enseignants, ou leur absence dans certains établissements, Mme Benghebrit a souligné que seulement 0,7%, soit 4 216 enseignants sur les plus de 500.000 que compte le secteur, qui n'ont pas rejoint leur poste de travail. Quant aux difficultés des parents d'élèves pour l'achat des manuels scolaires, elle a répondu qu»'il y a eu cette année plus de 65 millions de livres scolaires, dont 30 nouveaux manuels.» En outre, «l'Office a diversifié les créneaux de vente du livre, dans l'établissement, dans les librairies, et au Salon du manuel scolaire, ouvert dans toutes les wilayas du 5 au 12 septembre.» «Notre objectif était de diminuer le stress» des parents d'élèves.

Elle a cependant infirmé que beaucoup d'établissements scolaires n'aient pas ouvert leurs portes, mais seulement 0,1% sur 27.000 établissements, soit 53 établissements seulement. Quant à la réforme du baccalauréat, la ministre a rappelé que ce dossier est toujours au niveau du gouvernement, et c'est à lui de décider de cette réforme. «Nous suivons la rentrée comme nous suivons les examens scolaires», affirme la ministre, qui admet qu»' il y a des couacs non prévus, mais il y a un véritable effort qui est mené: il y a le manuel scolaire gratuit pour trois millions d'élèves, le trousseau scolaire offert à 1,3 million d'élèves, la cantine scolaire gratuite pour trois millions d'élèves, les 3.000 DA de prime du Président aux enfants de parents nécessiteux avec 2,8 millions de bénéficiaires, dont 25% ont déjà perçu cette prime de scolarité.» Quant à ceux qui n'ont pas encore perçu cette prime, Benghebrit a souligné que «la faute n'incombe pas toujours à l'administration, car les parents ne sont pas venus signer l'octroi de cette allocation.» Enfin, les salaires des différents personnels du secteur de l'éducation nationale représentent 90% du budget, alors que le poste du fonctionnement des 27.000 établissements scolaires absorbe près de 15% de ce budget. Les départs en retraite ont donné lieu, d'autre part, au recrutement, sur deux années, de 104.000 nouveaux enseignants, selon la ministre.