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Sur demande d'Alger: L'Espagne extrade deux militants mozabites

par Moncef Wafi

  Le gouvernement espagnol vient d'approuver, ce vendredi, l'extradition, en Algérie, de deux militants du Mouvement pour l'Autonomie du M'Zab, accusés de terrorisme par Alger, rapporte la presse espagnole. Salah Abbouna, 36 ans, et Khodhir Sekkouti, 45 ans, étaient détenus, depuis juillet dernier, à Melila, l'enclave espagnole au Maroc. L'Algérie affirme que les deux militants mozabites sont soupçonnés d'avoir participé à des activités contre le gouvernement et ont publié sur les réseaux sociaux, entre 2013 et 2016, des commentaires invitant, explicitement, à des atteintes à la sécurité de l'État et l'unité nationale. Alger les accuse également de «semer la discorde et l'hostilité parmi la population», répandant des idées racistes et sectaires et provoquant la peur parmi les populations de Ghardaïa, Guerrara et Berriane, selon, toujours, la même source d'informations. Leur arrestation a suscité des protestations de l'ONG Amazigh World Assembly qui a déclaré que les deux hommes étaient recherchés pour des «raisons politiques» et ont demandé au gouvernement Rajoy de ne pas les extrader. Les Associations amazighes Azar et Tamazgha ont affirmé dans une déclaration que «les militants luttent, pacifiquement, pour défendre les droits des M'Zab» et que leur intention était de chercher l'asile politique en Espagne. Les deux militants se sont réfugiés dans l'enclave de Melila, en juin 2017, après avoir passé près de deux ans, sur le territoire marocain. Après leur arrestation et la demande d'extradition d'Alger, un comité de soutien s'est organisé, en leur faveur en France. Arrivés clandestinement, au Maroc, en octobre et novembre 2015, raconte le journal électronique Le' Matin', Salah Abbouna et Khodir Sekkouti ont pris attache avec les structures de l'UNHCR et les autorités marocaines. «Ils ont entamé les démarches pour se faire reconnaître comme des réfugiés politiques. Jamais ils n'ont eu le moindre écart de comportement ou de conduite, dans leur société d'accueil», précisent les initiateurs du comité de soutien. Ce dernier avait appelé à se rassembler, hier, devant l'ambassade d'Espagne à Paris. Dans un communiqué rendu public, le comité de soutien affirme que les deux militants mozabites sont «connus pour leur combat pacifique et civiquec en faveur du M'Zab et des droits humains», accusant Alger «d'inverser les rôles». «L'État algérien reproche en réalité aux deux militants mozabites de dénoncer, publiquement le terrorisme d'État et l'instrumentalisation de l'islamisme sunnite, contre le M'Zab amazigh et ibadite», peut-on lire dans le communiqué.

Pour les défenseurs de Abbouna et Sekkouti, «ce sont leurs activités publiques, en tant que militants et porte-parole du Mouvement pour l'Autonomie du Mzab (MAM), militants des droits humains et militants amazighs, au sein de l'Assemblée Mondiale Amazighe (AMA) et du Congrès Mondial Amazigh (CMA), qui gênent, au plus haut point, le gouvernement algérien».