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Analyse : Les limites d'une politique

par Adjal Lahouari

L'équipe nationale a bu le calice jusqu'à la lie en      concédant sa deuxième défaite consécutive en quelques jours, face à un adversaire plus faible, sur le papier du moins, mais bien organisé tactiquement. Lorsqu'on constate que c'est le premier revers à domicile depuis 10 ans, on est bien obligé de regarder la réalité en face. Ce qui était or lors du Mondial brésilien s'est transformé en plomb. Comment donc expliquer cette subite descente aux enfers d'une équipe pourtant redoutée par tous il y a trois années seulement ? Comment fournir des explications sur cette dégradation du jeu produit par des professionnels à la réputation pourtant bien établie sur de nombreux terrains ? On pourrait allonger à loisir toute une série de questions, étant donné la brutale soudaineté de ce changement.

Il y aurait anguille sous roche que cela n'étonnerait personne. Car, lorsque des capés, ou un noyau d'entre eux, font et défont la barre technique comme ce fut le cas avec Rajevac, cette hypothèse n'est pas à écarter. Au sein d'une équipe de football, rien n'est plus déstabilisant qu'un diktat de joueurs, étant donné que ce sont eux qui sont sur le terrain et qui agissent comme bon leur semble. Mardi soir, face au merveilleux public constantinois, ils sont une minorité à avoir surnagé. Les limites techniques et physiques sont clairement apparues, notamment au sein de ceux qui étaient les cadres de l'EN. Certes, il y a eu une débauche d'efforts, mais avec des précipitations et des maladresses étonnantes de leur part. Après tout, le football, c'est leur métier qu'ils sont censés bien faire.

Ils ont failli sur tous les plans, et le plus grave face à des adversaires inconnus au bataillon et inexpérimentés si l'on excepte le gardien Mweene qui a passé une belle soirée face aux attaquants algériens. Et, fatalement, les regards se tournent vers la barre technique. M'bolhi a bien tenté de dédouaner Lucas Alcaraz, en déclarant haut et fort « que le problème, c'est nous les joueurs pas le coach ». Cette tentative de « blanchir » le technicien espagnol est généreuse, mais elle n'est pas entièrement fondée. Car, en tant qu'entraîneur en principe compétent et chevronné, Alcaraz aurait dû agir au moins sur le plan tactique. Car enfin, après avoir observé l'adversaire lors du premier match à Lusaka, il aurait dû tirer des enseignements, aussi bien chez l'adversaire qu'au sein de son équipe. Or, au fil de la rencontre, on n'a rien vu à propos des consignes et du coaching.

Bien plus grave, face aux carences criardes des Verts, les Zambiens se sont montrés plus dangereux et le score aurait été plus lourd pour notre équipe nationale. Auparavant, c'était la défense qui était considérée comme le maillon faible, mardi, c'est toute l'équipe qui a failli sur tous les plans. Cette élimination tombe peut-être à point pour que le football algérien fasse une pause favorable à une profonde réflexion. La politique adoptée il y a quelques années avec le tout professionnel a atteint sans doute ses limites, ceci sans renier ce qu'elle a déjà apporté comme résultats. Le débat pro-locaux va certainement alimenter les critiques et les commentaires.

Certains observateurs estiment que le football algérien est assis entre deux chaises, une position incertaine et inconfortable, et qu'il va falloir opter pour une autre politique, celle de la formation locale et ne plus dépendre totalement des capés évoluant à l'étranger. Ce choix pourrait paraître douloureux étant donné le niveau intrinsèque de certains professionnels. Un bel exemple à suivre vient d'être donné par les responsables zambiens, en se basant sur leur sélection U-20, avec les résultats que l'on connaît. Mais il ne faudrait pas se faire des illusions, les décideurs opteront sans doute pour la solution de facilité. Et vogue la galère !