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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (2ème partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

- Il paraît que le jeune prodige français du football, déjà international en équipe de France, Kylian Mbappé... est Algérien... par sa maman (Fayza, ancienne joueuse de hand-ball de division 1), le père étant Camerounais ( Wilfrid, ancien footballeur de l'AS Bondy). Une famille réputée très soudée et unie. On vient donc de le découvrir et voilà que nos observateurs commencent à tracer des plans sur la comète... en demandant que la Faf "mette le turbo" pour l'amener à intégrer la sélection nationale. Je crois qu'il est désormais temps d'arrêter de (faire) fantasmer sur les pépites mixtes de l'émigration et de leur descendance et de s'occuper bien plus de ceux d'ici. Tous secteurs confondus !



- Des mosquées gonflables sur les plages françaises et algériennes ? Une intox populaire en France, mais qui trouve naissance en Algérie. Par le biais d'une "fakenew" in Facebook

La photo : une sorte d'igloo en plastique gris foncé, avec un minaret et un croissant blanc sur le "toit", une "mosquée gonflable" prétendument aperçue sur une plage à Cannes. Le montage est grossier. Le site qui l'a publiée le 1er août, "Secret News", est spécialiste des fausses informations présentées sous un angle satirique et humoristique. Mais, Secret News n'a pas inventé cette histoire de toutes pièces. Le site a repris un article du site franco-algérien ( ?), opposant résolu, qui affirme (dans un article non signé, publié le 28 juillet 2017) que la mosquée en plastique a été aperçue en Algérie. Cet article a par ailleurs été repris par de nombreux sites proches de l'extrême droite, comme "F de souche" ou "Résistance républicaine".

L'information est floue : aucune indication sur les lieux où auraient été vues les mosquées, ni la date supposée de l'installation de ces mosquées. L'article mentionne "des islamistes" et les intentions de ces derniers, sans jamais les nommer ni les citer directement.

Le responsable du site, à l'origine de la rumeur, contacté par la rédaction des "Observateurs de France 24", affirme finalement qu'il n'y aurait eu qu'un seul cas, et pas plusieurs comme il l'avait écrit. La mosquée "a été installée sur une plage à El-Kala par un islamiste, rapidement approché par la police qui lui a ordonné de la désinstaller". Il ajoute qu'il a obtenu l'information par "un ami qui était sur une plage d'El-Kala". Selon lui, l'incident aurait eu lieu le 27 juillet dernier. "France 24" a contacté un hôtel situé sur la plage d'El-Kala. Le standardiste, un habitant de la ville, explique n'avoir jamais vu ou entendu parler d'une mosquée gonflable, bien que passant ses journées au contact des baigneurs et ayant une vue directe sur les deux plages de la ville.

En fait, la photo qui illustre tous les sujets sur les "mosquées gonflables" n'a rien à voir avec l'Algérie. Elle vient de Turquie. La source : un site turc (basé à Antalya) qui commercialise toutes sortes de produits gonflables, comme des enseignes publicitaires ou des jeux pour enfants...et des "petites mosquées portatives" de dix mèteres sur dix qu'on installe en seulement cinq minutes. Des mosquées gonflables similaires sont par ailleurs vendues par un autre sites, toujours turc.

Interrogé à ce sujet par "France 24", le responsable du site concède que "la photo vient de Turquie, c'était juste une illustration". Pourtant, c'est bien cette image qui, partagée sur Facebook et Twitter, a induit en erreur les lecteurs et a provoqué de très nombreuses réactions.



- L'information de crise ne semble pas encore maîtrisée chez nos responsables qui, au moindre coup de vent contraire, réagissent en allant immédiatement, et bien souvent, bien plus qu'il ne faut pour le stopper ou le freiner, dans son sens, ce qui est l'illustration d'une gestion de la communication, certes réactive, mais assez primaire.

La peur du dérapage et sa prévention ? Le souci de répondre à toutes les demandes et de faire face à toutes les "crises" du "peuple" par socialité naturelle ? L'habitude politicienne et administrative de répondre "présent" face à chaque demande "collective" et publique ? Une manière de gérer la société à "coups de dinars", tant que le Trésor public peut y répondre ?

En fait, un simple déni de toute action réfléchie pouvant être mise en branle sur le terrain de manière concertée, ne tombant ni dans le populisme généreux ni dans l'autoritarisme borné.

On a vu donc une décision de faire passer de nouveau le bac -certainement quelques parents d'enfants gâtés bien introduits qui ont dû conseiller ou sussurer à l'oreille de qui vous savez- à des gens qui, en fait (et cela s'est concrétisé par la suite), s'en foutaient royalement...On a vu, aussi, une annonce d'indemnisation des victimes d'incendies visant d'abord une région précise (celle de toutes les peurs !), ce qui a entraîné "mille et un feux" à travers le pays. L'annonce d'une simple indemnisation non finançière mais matérielle après enquête a refroidi les incendiaires potentiels mais les dégâts étaient déjà assez grands. La communication de crise a ses règles et désormais ses spécialistes, même chez nous. Il ne s'agit pas de les écouter aveuglément, car il y a parmi eux bien des "illuminés". Il s'agit seulement de ne jamais se laisser envahir par l'évènement, et ne décider rapidement, bien sûr, qu'après avoir étudié tous ses aspects... et surtout de n'avoir qu'un seul... pilote.



- Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aurait qualifié, mardi 8 août, les récentes mesures prises par le gouvernement que dirige le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, de "harcèlement véritable" contre les opérateurs économiques nationaux, selon une information rapportée par "En Nahar TV".

Le président a appelé le gouvernement à mettre fin à l'anarchie qui caractérise les récentes décisions prises par le gouvernement allant jusqu'à qualifier certaines de ces décisions de mauvais choix vis-a-vis des observateurs étrangers et ternissant l'image de l'Algérie dans le monde.

Dans son instruction, le chef de l'Etat ordonne à son Premier ministre de cesser le "véritable harcèlement" contre les opérateurs économiques qui font croire aux observateurs etrangers qu'il existe une campagne en règle contre les hommes d'affaires.

Dans cette même instruction dont le président exige la diffusion à tous les départements ministériels, il demande au Pemier ministre de se référer à la loi avant toute prise de décision.

Le président Bouteflika aurait reçu des rapports faisant état de "pression exercées sur les walis" concernant le foncier et d'instructions verbales aux responsables des banques pour "financer directement les projets LPP". Voilà une "instruction" qui n'a pas manqué d'alimenter moult polémiques et autres masturbations médiatiques sur le devenir d'un Premier ministre qui se retrouve du jour au lendemain "attaqué" par tous ceux qui n'avaient pas apprécié ses premières décisions concernant la séparation de l'argent de et de la politique... et, aussi, qui pensent que c'est un possible concurrent pour les prochaines présidentielles... à très vite écarter. Entre-temps, le "pouvoir profond", celui qui, certainement, comme toujours, décidera de la liste finale (tiercé, quarté ou quinté...mais pas plus) des candidats, observe...observe, toujours confiné dans son rôle toujours validé de "muet" à la parole, certes rare, mais ô combien décisive lors de la grande finale.



- Triste nouvelle (annonciatrice de bien d'autres) ! Suspension de la parution à partir du jeudi 10 août, du quotidien La Tribune après 22 ans d'existence. Des propriétaires (les deux survivants de l'équipe fondatrice, Tifaoui et Djerrad) de la sarl Omnium Maghreb Presse, éditrice du titre, ont décidé et introduit, en référé, une demande auprès de la justice pour la cessation des activités de la sarl et, par conséquent, du journal...

Les dettes faramineuses du journal, que "le journal ne peut honorer", sont la raison invoquée pour cette mise en faillite.

Bien sûr, le collectif de La Tribune -et les héritiers Ameyar, actionnaires majoritaires... non consultés, disent-ils- refusent une telle mise à mort du journal et "appellent tous les responsables, à tous les niveaux et ayant la moindre once de pouvoir décisionnel, à réagir pour trouver une ou des solution(s) -un échéancier pour le paiement des dettes par exemple- qui permettraient au journal de continuer à jouer son rôle de média et de vecteur d'information". Ce qui est difficilement posible, le paysage médiatique national ayant fait sa mue à partir des années 2010, forcé d'assumer toutes les responsabilités économiques et financières afférentes à une entreprise commerciale. Sauf s'il y a quelque part, tapi dans l'ombre, quelque homme d'affaires -et il n'en manque pas (voir, plus haut le nombre de millionnaires)- en recherche de tribune médiatico-politique... sous couvert de mécenat. De Charybde en Scylla ?



- Donald Trump raciste ? Ses premières réactions après les incidents créés par des groupes d'extrême droite (identitaires et néo-nazis dont le Ku Klux Klan) rassemblés à Charlottesville (une femme a été tuée par une voiture ayant foncé sur la foule des contre-manifestants opposés à la présence dans la ville des extrêmistes) le laissent croire tant ses premiers propos étaient ambigus, renvoyant les deux camps dos à dos, en pointant une "violence venant de diverses parties". Angela Merkel, elle, a été plus claire et directe : elle a dénoncé des "violences répugnantes" et les manifestations étaient, pour elle, "abjectes, racistes, antisémites et haineuses.". Par la suite, le président américain a essayé de se "rattraper"... Difficile. Car le problème ne date pas d'aujourd'hui, mais déjà de la campagne électorale. Il puise sa source dans le style (violent) du discours trumpien et dans son comportement ("casseur de baraques") basé sur les pires préjugés du pays... Même les relations internationales sont en train de pâtir de ce style de gouvernance, l'injure répondant à l'injure et la menace à la menace, avec la guerre au bout (ex : USA-Venézuela, USA-Corée du Nord...), sans compter les conflits internes.



- Phrases du mois :

-"En Algérie, nous sommes dans une période post-traumatique. La lutte contre le terrorisme nous a coûté cher, mais nous avons perdu nos meilleurs écrivains, nos meilleurs chercheurs et universitaires, nos journalistes. En guise de compensation, le peuple doit réinventer le génie et le talent qu'il a perdus. C'est un devoir... Cependant, si le peuple algérien ne s'éveille pas à sa responsabilité quant aux générations de demain, c'est qu'il n'a aucune raison d'exister" (Yasmina Khadra, écrivain © Entretien, El Watan, lundi 31 juillet 2017).

-"L'Armée nationale populaire demeurera une armée républicaine...C'est une armée qui assure amplement ses obligations constitutionnelles en dépit de la nature de toutes les circontances..." (Général de corps d'armée Ahmed-Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale, Constantine, mercredi 23 août 2017)



- Savez-vous que Al-Jazeera, la chaîne de télévison qatarie, est la seule télé arabe à avoir un bureau en Israel...avec des journalistes palestiniens et jordaniens possédant une citoyenneté israélienne, pouvant travailler (non sans difficultés, il faut le préciser) en Israel et dans les territoires occupés ?



- Lundi 15 août 2017, Abdelmadjid Tebboune est "débarqué", à peine rentré de congé (au fait, on y pense maintenant...et si ce congé n'était autre qu'une "belle échappée" organisée...) et tout juste après deux mois d'exercice...assez mouvementé, il est vrai. Après ce qui s'était passé lors de la désignation des membres du gouvernement avec un ministre du Tourisme renvoyé à ses chères "études" deux jours après...le citoyen lambda (et j'en suis un, je vous l'assure) commence sérieusement à se poser des questions sur l'état mental et le sérieux de la gouvernance du pays. Bien sûr, Ould Abbès l'a juré : "Bouteflika gère", mais le Président a habitué le peuple à bien plus. Et, surtout, le citoyen est en droit de s'interroger sur le regard posé par les autres (les pays et leurs décideurs politiques) sur un style algérien désormais "déposé", mais qui est, sinon inadapté, du moins déroutant, rendant très difficile le travail des diplomates.

A suivre