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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah *

  - La vidéo est passée presque inaperçue. Le présentateur-vedette de l'émission religieuse «Ensouhouni : Conseillez-moi» sur la chaîne Ennahar-TV, cheikh Chemsedine, dit Chemssou, a demandé aux Algériens de «prier» pour le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune qui est, a-t-il dit, «en train d'effectuer un travail remarquable».

«Que Dieu aide Tebboune qui poursuit le droit chemin car il est en passe de résorber la crise du logement et de redonner espoir aux misérables et nécessiteux !», s'est exclamé Chemsddine, appelant les «dinosaures à laisser Tebboune tranquille pour aller au bout de sa noble mission». Chemseddine a ainsi demandé à Tebboune de «ne pas reculer et d'aller encore de l'avant car tous les Algériens sont derrière toi et te soutiennent». Les «mauvaises langues» décryptent le geste du cheikh comme un clin d'œil au ministère des Affaires religieuses pour le reconnaître comme prédicateur accrédité par l'institution religieuse.



- Après l'annonce par La République en marche (LRM) de la création d'un «média» propre (avec l'objectif de relayer les initiatives de la formation du Président et les messages de ses adhérents sur le terrain), le professeur de sciences politiques, Francis Balle, (qui a longtemps enseigné la communication et la sociologie à l'Université d'Alger des années 60), professeur émérite en sciences politiques à Paris II et spécialiste en communication politique et des rapports entre médias et société, souligne dans un entretien à un grand quotidien français que cette volonté caractérise une tentation permanente des hommes politiques français...

A propos du choix du terme «média» pour désigner le futur organe de communication officiel du parti LRM, il répond qu'un service de propagande se dit toujours «service d'information». C'est aux journalistes de faire la part des choses en disant qu'il s'agit d'un organe officiel d'information, car ce qui est offert est nécessairement entaché d'une certaine partialité.

Bien sûr, il n'y a rien de répréhensible, c'est tout à fait légitime et c'est même souhaitable que les hommes publics attirent l'attention des journalistes et des électeurs sur les sujets qu'ils considèrent comme importants. Simplement, il ne faut pas être dupe de la substitution. Lorsqu'un homme public veut absolument traiter d'un sujet qui n'est pas important aux yeux des journalistes et de ses lecteurs, ils doivent exercer eux-mêmes leur pression et riposter en amenant l'homme public vers un terrain où il ne se sent pas en situation de confort. A la guerre comme à la guerre !

Bien sûr, selon nous, cela n'est nullement limité aux hommes politiques français. Dans beaucoup d'autres pays, ces derniers se mettent aisément à «surfer» sur la vague ( passagère ? limitée ?) d'une certaine décrédibilisation des journaux traditionnels et des journalistes (qui ne sont pas indemnes de lacunes et d'erreurs)... et des possiblités quasi-infinies offertes par les nouvelles technologies de la communication (bien que leur efficacité ne soit pas encore bien prouvée sur le moyen et long termes)



- Le sulfureux directeur de la communication du président américain, Anthony Scaramucci, dit «The Mooch» ? «le resquilleur», spécialiste en fonds d'investissements et moins en communication politique, a quitté ses fonctions après seulement 10 jours à son poste.

Scaramucci, qui a défrayé la chronique juste après sa nomination à cause d'une incroyable interview (dans le magazine «New Yorker»), dans laquelle il insultait copieusement plusieurs collaborateurs du président Trump, a été forcé de partir à la demande de John Kelly, le tout nouveau secrétaire général de la Maison-Blanche, un général des Marines à la retraite et jusqu'alors ministre de la Sécurité intérieure.

Le tout Washington est resté bouche bée jeudi lorsque le New Yorker a publié en ligne une interview de Scaramucci au ton d'une rare vulgarité. Il s'y prenait au secrétaire général de la Maison-Blanche, Reince Priebus -qui a, depuis, quitté ses fonctions- en le qualifiant de «putain de schizophrène paranoïaque» mais aussi à Steve Bannon, le très controversé conseiller spécial du président, lancant «je ne suis pas Steve Bannon, je n'essaie pas de s***r ma propre b**e».

Depuis plusieurs mois, la Maison-Blanche est plongée dans le chaos, dans ce que les médias américains décrivent comme une lutte de palais entre les modérés et les nationalistes. Cette bataille a fait de nombreuses victimes, dont un porte-parole et deux directeurs de la com: Selon les observateurs, visiblement, Donald Trump gère son équipe comme des candidats de son ancien jeu «The Apprentice».Quant à The Mooch, il aura donc tout perdu en moins de quelques jours. Pourtant, jamais un homme n'a été plus dévoué à Donald que The Mooch. Il a vendu son affaire. Il a renié ses convictions politiques. Il a oublié la naissance de son enfant. Il semble même avoir perdu sa femme (qui n'apprécie guère D. Trump). Et il a clairement perdu sa réputation et sa dignité. A qui en vouloir ? Certainement pas à D. Trump, toujours fidèle à sa façon de voir et de diriger les hommes et le monde. Assurément à ceux qui, par oppportunisme, par angélisme, par calcul politicien ou bassement matériel, ou par ambition plus que par engagement sincère, lui ont fait confiance. La chute est inattendue et brutale. Selon ABC, l'ancien de Wall Street a été «escorté» vers la sortie de la Maison-Blanche juste après l'officialisation de la nouvelle. Une pratique que l'on connaît dans bien de Palais... comme celle d'ailleurs de ne conserver que très peu de temps les responsables de la com qui sont toujours les premiers à payer pour les bévues commises par la hiérarchie.



- Pour redorer son blason, après avoir été au cœur d'une tempête médiatique relative aux privilèges dont jouiraient certains de ses membres, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) contre-attaque ! Il a donc lancé une vaste campagne publicitaire.

Par cette campagne, à travers des pages publicitaires dans quelques tabloïds nationaux, le FCE veut se faire connaître du grand public. Sur l'encart publicitaire, le FCE donne des chiffres relatifs au nombre d'entreprises adhérentes, le nombre de travailleurs qu'elles emploient et le chiffre d'affaires qu'elles réalisent.

Créé en octobre 2000, le FCE se définit comme «un espace de concertation et de proposition». C'est une organisation qui se distingue par «ses nombreuses contributions, les écrits, les rencontres, les colloques» qu'elle organise régulièrement. Elle est également connue pour le dialogue permanent et les concertations avec les institutions de l'Etat et tous les secteurs économiques et sociaux. Le FCE assure que son objectif principal est le développement et l'émergence de l'économie nationale. Il affirme être au service des entreprises et des entrepreneurs.

La stratégie actuellement adoptée va-t-elle payer... non auprès des décideurs, déjà convaincus ou hostiles, mais au niveau de l'opinion publique ? Un grand point d'interrogation ! Et, à dire vrai, -cela est valable pour tous nos entrepreneurs que la politique a «embrumés»- la réussite réelle, durable, vient de la production de qualité, basée sur l'intérêt général... accompagnée par une stratégie de communication permanente et non obligatoirement tapageuse, austère ou optimiste, déprimante ou provocante (genre pratiqué par certains dirigeants du football professionnel). Certains l'ont compris à temps, d'autres l'on appris trop tard... mais beaucoup ne veulent même pas en entendre parler.



- Il n'y a aucun mal pour un homme politique ou un grand commis de l'Etat à s'afficher -lors de l'enterrement d'une éminente personnalité par exemple- en compagnie d' entrepreneurs ou de syndicalistes ou de chefs de partis, qu'ils soient d'accord ou en désaccord avec eux sur un ou plusieurs sujets. Il n'y a aucun mal pour un simple citoyen de manifester sa joie en retrouvant sur les lieux un ami encore en vie et en bonne santé et de «tailler une bavette» en attendant l'arrivée de la dépouille et la cérémonie d'inhumation. La preuve qu'au-delà de la peine, bien souvent, pour la plupart des présents, ressentie et cachée, la vie continue, doit continuer.

Les rencontres et autres discussions (sur le défunt et sur d'autres sujets) bien souvent bruyantes sont légion et nous concernent tous. Cependant, il y a un minimum de retenue due au respect des lieux et au disparu. Ainsi, le rire ou le sourire permanent, toutes dents dehors, reste proscrit, en tout cas à éviter, d'autant que les caméras de télévision et les appareils de photographie ne manqueront pas de «grossir» les poses et de donner ainsi au grand public une vue déformée de la réalité. Le capital sympathie -pour un homme politique ou un grand commis de l'Etat- risque alors d'en prendre un «sale coup». L'entrepreneur, surtout s'il était en difficulté, lui, ne peut que sortir gagnant. Pour combien de temps encore...les enterrements de personnalités éminentes n'étant pas monnaie courante...et les placards publicitaires et les «shows» médiatiques ne pouvant pas tout régler. Encore moins enjoliver ou réparer ce qui ne peut l'être.



- Alléluia ! L'Algérie abriterait environ 4.500 millionnaires en dollars, selon les chiffres du nouveau rapport 2017 de l'Africa Wealth Report établi par la banque mauricienne AfrAsia Bank. Ce nombre de millionnaires place l'Algérie à la 7e position en Afrique, juste derrière le Maroc (4.600 millionnaires), l'Égypte (18.100) ou encore l'Afrique du Sud (2.130 millionnaires).

Sur les 4.500 millionnaires en Algérie, 180 d'entre eux sont multimillionnaires, révèle le rapport. On ajoutera ici qu'il y a au moins 2 à 3 multimilliardaires (en dollars, cela s'entend)...dont un est bien placé en Afrique et dans le monde arabe... les autres (2 ou 3 autres peut-être) se cachant bien. 1.900 millionnaires vivent dans la capitale Alger (car il vaut mieux être près de Dieu que de ses saints), dont 90 multimillionnaires. La richesse cumulée de tous les habitants d'Algérie est pour sa part estimée à 119 milliards de dollars. Cette somme place le pays à la 4e position en Afrique, devant le Maroc (109 milliards) mais derrière le Nigéria (270 milliards), l'Égypte (313 milliards) et l'Afrique du Sud (610 milliards).

L'AfrAsia Bank indique par ailleurs que le nombre de millionnaires en Algérie a baissé de 18% entre les années 2006 et 2016. La crise économique due à l'effondrement des cours des hydrocarbures semble également avoir laissé des séquelles chez les millionnaires, puisque leur nombre a baissé de 5% entre 2015 et 2016.

La richesse par habitant algérien est de son côté estimée à 3.300 dollars en 2016, l'une des plus élevées d'Afrique tout en restant néanmoins bien loin de celles du top 3. En Île Maurice par exemple, la richesse par habitant s'est établie à 25.700 dollars, tandis qu'en Afrique du Sud, elle est à 11.300 dollars par habitant. Qu'en pense, de tout ça, le Directeur général des Impôts actuel et le nouveau ministre des Finances, lui-même ancien Dg des Impôts ?



- Neymar, le jeune footballeur prodige brésilien du FC Barcelone est tranféré -4 août- au PSG (Paris), un club propriété d'un prince quatari, Nasser Al Khelaïfi, pour une somme record de 222 millions d'euros pour la clause libératoire (et 30 millions de salaire net annuel... sans les primes et toutes les autres variables, juste derrière Carlos Tevez en Chine qui en perçoit 38) et c'est toute la planète foot qui a le vertige, faisant même oublier les Championnats du monde d'athlétisme de Londres et les adieux de Usain Bolt et la victoire de Farah Mohamed. Du jamais vu ! On oublie qu'«impossible» n'est pas, n'est plus... Qatari. Un pays qui, avec son gaz et son argent et ses «envoyés spéciaux» (princes et autres hommes d'affaires et affairistes, tous multimilliardaires en dollars, travaillant, pour la plupart, pour l'Etat) font feu de tout bois pour donner de l'enverguren et de l'épaisseur, du poids et de l'influence (tout en récoltant au passage quelques bénéfices sonnants et trébuchants) à un «mouchoir de poche géologique» actuellement bien mal-traité par ses voisins et cherchant «à tout prix» à briser l'isolement politique. L'attention est donc «détournée» et elle est focalisée sur un thème consensuel, le sport... De la grande, très grande géopolitique sportive. Entre-temps, chez nous, les dirigeants sportifs (Faf, Lfp, Clubs...) s'entre-déchirent... pour on ne sait plus quels privilèges, certainement futiles et passagers qui prêtent à rire... ou à pleurer.



- Le Café littéraire d'Aokas a organisé (samedi 5 août) sa seconde conférence littéraire sans l'autorisation de l'administration, avec une conférence-débat sur le : «Déficit d'images des identités minorisées».

«La conférence s'est déroulée dans de très bonnes conditions, avec une présence nombreuse, sans être dérangée ni par la police ni par l'administration», affirme un membre de l'association.

Après la mobilisation citoyenne du 29 juillet à l'appel de l'association culturelle Azaday Adelsan d'Aokas, les organisateurs du Café littéraire ont décidé de manière unilatérale de ne plus solliciter les autorisations de l'administration pour leurs activités culturelles.

«Après huit conférences successivement interdites au Café littéraire d'Aokas, depuis le début de l'année, on a décidé de ne plus demander l'autorisation de l'administration pour l'organisation de nos activités littéraires. Aujourd'hui on a eu gain de cause grâce à la mobilisation citoyenne», a-t-il expliqué.

Tout ça pour ça. Celui qui sort grandi de la «confrontation» ce sont, bien sûr, les citoyens qui, grâce à une large mobilisation active, ont imposé leur droit de se réunir et de débattre des problèmes qui les concernent ou qui les intéressent. Celui qui en sort affaibli c'est bien l'administrateur qui, toujours aussi entêté et borné, enfermé dans son «devoir» de commis de l'Etat et plongé dans ses responsabilités admnistratives et bureaucratiques, souvent victime d'un règlement obsolète et d'une peur de «faillir», a reculé, prenant certainement conscience des possibles dérapages politiques et, peut-être, grâce aux conseils (ou aux ordres) soudainement avisés de ceux qui ont plus de recul, à partir de la capitale. Quand on connaît la Kabylie, on comprend que cela valait bien mieux.

A suivre