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Analyse : Une équipe nationale déséquilibrée

par Adjal Lahouari

Le constat -celui du pire- est catégorique. L'Algérie ne sera pas en Russie, l'année prochaine, et ce sera une absence douloureusement ressentie par les fans des Verts qui, comme nous, s'attendaient à autre chose que cette parodie de football, servie samedi après-midi, par les ?Fennecs'. On a rarement vu des capés aussi maladroits et aussi désorientés, ne sachant que faire face à de jeunes adversaires pourtant prenables sur le papier. Qui sont responsables de ce cruel et inattendu échec ? Les explications ne manquent pas, comme ces erreurs de casting de Lucas Alcaraz et de son staff qui l'a mal orienté dans ses choix. A titre d'exemple seulement, comment et pourquoi un défenseur comme Hassani a-t-il été chargé d'une mission au-dessus de ses (petits) moyens ? Au cours de ces dernières années, l'accent a été toujours mis sur la faiblesse de la défense algérienne. Cette fois, c'est plus grave, c'est toute l'équipe qui a rendue une pâle copie de ce qu'elle était censée réaliser. En effet, comment des joueurs connus sont passés totalement à côté de leur sujet, se faisant battre par un adversaire sans CV et réduit à 10 en seconde période ? L?absence de Mahrez ne saurait expliquer l'indigence du « jeu » proposé par les hommes de Lucas Alcaraz, car les Slimani, Soudani, Brahimi, Mandi, Taider, Ghoulam, Ghezzal sont des professionnels confirmés depuis belle lurette. Au départ, et au regard de la composition d'équipe, il était clair que l'EN allait attaquer à outrance avec un quatuor offensif formé par Hani, Brahimi, Slimani et Soudani, ce dernier curieusement titularisé à droite, alors que le côté gauche est sa zone préférée. Déjà, au départ, on a vu une équipe déséquilibrée, le duo Bentaleb-Taider se trouvant en infériorité face au milieu zambien. Comment s'étonner alors de la possession de balle algérienne bien inférieure à celle des locaux mis en confiance, il est vrai, par l'ouverture du score après quelques minutes seulement. Nous avons remarqué l'absence totale de couverture dans les phases cruciales.

Comment expliquer que des latéraux aussi chevronnés que Ghoulam et Mandi se fassent souvent déborder ? Au bout des vingt premières minutes, on a vu deux actions des Verts dignes de ce nom, car les passes étaient imprécises quand ce n'étaient pas des balles en profondeur pour les Zambiens. Il était évident que les Fennecs allaient subir la loi de leurs adversaires, ce qui fut fait au bout de la première demi-heure. Aux erreurs de casting et à la disposition tactique défaillante mise en place par Alcaraz, il faudra ajouter l'absence de réaction des joueurs algériens. Et ce n'est pas le but inscrit par Brahimi qui va nous faire changer d'avis. Un Brahimi hors sujet, s'enferrant dans ses dribbles, perdant des ballons apparemment exploitables s'il avait eu l'intelligence de servir ses coéquipiers. Même à 10, la Zambie a été dangereuse sur les contres, rondement menés face à des Verts désemparés. Le rentrant Saâdi aurait pu inscrire un but, mais il était dit que l'EN allait boire le calice jusqu'à la lie, avec ce troisième but zambien. Et fatalement, on en arrive à se poser des questions sur l'esprit d'engagement de la plupart des professionnels. La situation est claire : Le «pro» algérien ne pense-t-il pas à sa carrière plutôt qu'à son parcours en EN ? Ce sont des cas courants au sein d'autres équipes du continent. Et ce ne sont pas les propos à chaud du président Zetchi qui sont de nature à rassurer les supporters, désormais convaincus que l'EN ne sera pas au Mondial 2018. C'est sans doute une bonne chose, car une « réforme » de l'EN s'avère obligatoire et serait la bienvenue. Samedi après- midi, plusieurs joueurs locaux se sont sentis frustrés. On les comprend...