Jeudi,
8h55. Alors que les Tiarétiens étaient plongés dans
une ambiance festive, à quelques heures de la fête de l'Aïd el-Adha, une forte explosion retentit à l'autre bout de la
ville. L'information circule comme une traînée de poudre : le siège de la
sûreté de wilaya a été ciblé par un attentat kamikaze, peu avant 8h du matin.
Sur
place, le spectacle est cauchemardesque. Un corps sans tête gît dans une mare
de sang, à quelques mètres du corps du policier tué dans l'explosion de la
ceinture explosive. Des traces de la forte déflagration sont visibles sur le
mur extérieur du siège de la sûreté de wilaya, et des carreaux de vitres brisés. Très vite, toute la zone autour du lieu de la forte
explosion est bouclée par les services de sécurité et la circulation automobile
interrompue. «Je me trouvais dans le bus pour me rendre à mon travail sur la
route de Sougueur, quand j'ai entendu une très forte
explosion, à quelques mètres du siège de la sûreté de wilaya. Nous sommes tous
descendus pour voir ce qui se passe, le spectacle était terrible ; j'ai eu le
souffle coupé pendant plusieurs minutes», raconte Rabah, qui se rendait à son
lieu de travail sur la route de Sougueur. Alors que
la majorité des fonctionnaires de police n'avaient pas encore rejoint leur lieu
de travail, un véritable carnage a été évité de peu grâce à la bravoure des
deux policiers qui ont réussi a empêcher le
terroriste de pénétrer à l'intérieur des locaux de la police, une imposante
bâtisse implantée dans une zone très peuplée, dans la partie sud de la ville de
Tiaret. Le terroriste, en usant d'une kalachnikov, a d'abord tiré sur un
policier, Alwawi Saâd, en
faction devant le siège de la sûreté de wilaya, le blessant grièvement. Ce
dernier succombera à ses blessures à l'hôpital de Tiaret. Voulant pénétrer à
l'intérieur des locaux de la sûreté de wilaya pour faire un maximum de
victimes, le terroriste sera freiné dans son élan par un autre policier, Tayeb Aïssaoui, tué dans
l'explosion de la ceinture explosive. Un troisième policier légèrement blessé
dans l'attentat et une employée (femme de ménage) en état de choc, ont
également été hospitalisés et leur état s'est grandement amélioré, selon le
directeur de l'hôpital de Tiaret. Des lambeaux de chair et la tête du
terroriste, qui était au maquis depuis 2009 et connu des services de sécurité
depuis février 2011, a été identifié comme étant celle de Boucheta
Benaïssa alias «Abou Djihad», a été retrouvée
plusieurs dizaines de mètres plus loin du lieu de l'explosion. L'auteur de
l'attaque kamikaze, né en 1978 à Tiaret, ayant déjà participé à plusieurs
attentats dans la région de Tiaret, habitait le populeux quartier de Belazreg, sur les hauteurs nord de la ville de Tiaret, qui
a été aussitôt bouclé et une véritable chasse à l'homme lancée par les services
de sécurité pour savoir si le terroriste a bénéficié d'un réseau de soutien ou
d'éventuels complices. Des arrestations, au nombre de quatre, ont été opérées
dans l'entourage du terroriste, selon une source sécuritaire. Les deux
policiers tués en mission commandée dont le geste de bravoure a été unanimement
salué à Tiaret et partout en Algérie, ont été inhumés jeudi après-midi au
cimetière de Nadhora dont ils sont originaires, en
présence du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bédoui, le DGSN Abdelghani Hamel,
le directeur général de la Protection civile Mustapha Lahbiri,
les autorités civiles et militaires et une foule très nombreuse, venue rendre
hommage aux deux héros. Jeudi soir, Daech
revendiquait l'attentat kamaikaze de Tiaret, avant
l'arrivée vendredi matin d'une délégation de haut rang, dépêchée par la DGSN,
auprès des familles des deux policiers tués. Pendant les deux jours de l'Aïd,
les Tiarétiens vaquaient normalement à leurs
affaires, pas surpris par cette attaque terroriste, même si la vigilance reste
plus que jamais de mise. Vendredi, le ministre de l'Intérieur et des
Collectivités locales Noureddine Bedoui a appelé les
Algériens à la vigilance, et à «soutenir les services de sécurité dans la lutte
contre le terrorisme».