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Mouton de l'Aïd El-Adha: De nouveau le scandale de la viande putréfiée !

par Abdelkrim Zerzouri

C'est le même scandale vécu lors de l'Aïd El-Adha de l'an passé qui se répète, encore, cette année. Plusieurs familles à travers la ville de Constantine, et dans d'autres régions du pays, ont dû jeter une partie ou la carcasse entière du mouton de l'Aïd El-Adha, après avoir constaté l'apparition de tâches verdâtres et bleuâtres sur la viande, d'où se dégage également une odeur fétide, répugnante, à la suite du pourrissement qui a touché la viande. De nombreux morceaux de viande avariée ont été, ainsi, jetés dans les poubelles de la nouvelle ville Ali Mendjeli, Zouaghi, Boussouf, Bentellis et au centre-ville de Constantine. Certains ont livré la carcasse toute entière aux chiens errants, préférant « prendre des omelettes au dîner que de risquer une toxi-infection en mangeant cette viande putréfiée », comme l'a affirmé un père de famille résidant à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Par malheur, les gens jettent cette viande sans demander leur reste. Que peuvent-ils faire ? A qui se plaindre ? « Une enquête nationale a bien été ouverte l'an passé à propos de la putréfaction de la viande du mouton de l'Aïd El-Adha, et pour quel résultat ? Aucun, c'est à peine si on a incriminé les conditions d'hygiène et un taux d'humidité élevé qui serait derrière cette putréfaction de la viande », nous ont déclaré, résignés, des citoyens qui ont perdu la viande du mouton de l'Aïd El-Adha. « Malgré tout, il vaut mieux incinérer cette viande, la remettre à des vétérinaires, et éviter de la jeter dans la nature », s'oppose un vétérinaire à ce comportement qui consiste à jeter la viande pourrie dans les poubelles. Notre interlocuteur, M. Tesla, présidant du bureau de wilaya de la coordination des vétérinaires, reconnaît que les professionnels, eux-mêmes, ne sont pas tombés d'accord sur les causes à l'origine de la putréfaction de la viande du mouton de l'Aïd El Adha. « Certains penchent pour la thèse des conditions d'hygiène, de stockage et de taux d'humidité assez fort qui ont provoqué la putréfaction de la viande, alors que d'autres soutiennent que ce sont les techniques d'engraissement illicites qui sont derrière ce phénomène », avouera-t-il. Non sans souligner que « le marché de la viande de mouton de l'Aïd El-Adha doit être réglementé, et il est impératif d'aller vers une vente, non seulement avec un certificat de garantie, mais également avec une facture de vente afin de purifier ou assainir l'environnement de ce marché qui draine, en l'espace de quelques jours, des centaines de milliards, et où pullulent les maquignons». «Malheureusement, c'est un marché gagné par la pagaille, depuis des décennies, et il n'est pas du tout aisé de le réglementer sans se pencher sérieusement sur ce dossier », reconnaît notre interlocuteur, précisant que l'ampleur de la putréfaction de la viande du mouton de l'Aïd reste insoupçonnée, même si cette année le phénomène semble relativement limité. En tout cas, tout le monde semble d'accord que les cas signalés de la viande putréfiée ont, tous, acheté le mouton de l'Aïd El-Adha dans des points de vente illicites. D'où les forts soupçons de l'utilisation de techniques d'engraissement illégales qui recourent à l'utilisation de médicaments à usage animal (hormones, corticoïdes, antibiotiques?), acquis sur le marché noir.

Les éleveurs ne peuvent pas recourir à ces méthodes d'engraissement illicites, d'ailleurs certains ont remis, cette année, des certificats de garantie aux acheteurs, précise notre vétérinaire, affirmant, dans ce sillage, qu'il est impossible de diagnostiquer « ce mal » qui provoque la putréfaction de la viande avant d'égorger le mouton et l'exposition de la carcasse à l'air ambiant.

Pour rappel, des spécialistes ont vainement réclamé, l'an passé, l'institution d'un Conseil de l'ordre des vétérinaires, qui aura, en collaboration avec l'Autorité vétérinaire nationale, un droit de regard juridico-légal sur tout ce qui se rapporte à la santé des animaux et aux denrées alimentaires d'origine animale, mais aussi et surtout en matière de pharmacovigilance, de traçabilité du médicament et de surveillance sanitaire du cheptel national.