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Gouvernement: Yousfi et Benmeradi rappelés, Ouyahia va à l'essentiel

par Yazid Alilat

  Moins de vingt-quatre heures après avoir annoncé le limogeage de Tebboune et la (re) nomination, au poste de Premier ministre, d'Ahmed Ouyahia, auparavant directeur de Cabinet du Président Bouteflika, la présidence de la République a rendu public, jeudi, la liste du nouveau gouvernement, marqué par le départ des ministres de l'Industrie, du Commerce et de l'Habitat. Ils sont remplacés par Youcef Yousfi (Industrie et mines) , Mohamed Benmeradi (Commerce) et Abdelwahid Temmar (wali de Mostaganem). Sans grande surprise, les ministres qui ont été le plus impliqués dans le « charivari » de l'été 2017, avec un blocage des marchandises dans les ports et le gel des domiciliations bancaires, dans le relifting de la politique industrielle, en matière de construction de voitures, sont passés à la trappe.

Le ministère de l'Habitat, un poste confié à un proche de Tebboune, hostile aux opérateurs français du BTP, a été également concerné par le changement de titulaire. Le nouveau Premier ministre n'a, donc, fait qu'un léger lifting dans son équipe gouvernementale, n'opérant que le changement dans trois ministères, ceux qui ont le plus fait parler d'eux sous l'éphémère mandat de Abdelmadjid Tebboune. Ahmed Ouyahia, qui montre ainsi qu'il est porteur d'une mission spéciale dans ces secteurs, a donc rappelé des « anciens », Youcef Yousfi, l'ex-ministre de l'Energie, ancien diplomate et chef de la mission algérienne à New York, a donc repris du service pour s'occuper du ministère de l'Industrie et des Mines. Messaoud Bedda, militant FLN, aurait scellé son sort en s'attaquant directement, dés son arrivée, à « l'importation déguisée » de voitures sous forme de montage en CKD. Bedda avait pratiquement mis à nu la politique industrielle, en matière de montage de voitures, en Algérie, et se préparait à élaborer un autre cahier de charges pour les « constructeurs » de voitures. L'arrivée de Youcef Yousfi, un moment conseiller du président, devrait remettre à plat tout le secteur industriel, avec une priorité: relancer les filières les plus productives, et en particulier une attention au secteur minier. L'autre mission de Yousfi sera de revoir l'état des lieux de certaines entreprises publiques, qui traînent de lourds déficits financiers. Car le Premier ministre n'a jamais caché sa préférence pour le démantèlement, voire la privatisation d'entreprises publiques « boiteuses ». Il aura plus de lest dans sa politique industrielle, et cela rapportera de l'argent au Trésor, à un moment de rétrécissement des recettes pétrolières. Il est clair que Youcef Yousfi devrait, également, remettre de l'ordre dans les importations de voitures, avec probablement un autre tour de vis. Le nouveau ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, qui avait dirigé le ministère de l'Industrie et mené les négociations avec l'ex-Premier ministre Français Jean Pierre Raffarin, pour un partenariat d'exception entre Alger et Paris, notamment dans le secteur industriel, devra, quant à lui, redresser un secteur déboussolé par les directives et contre-directives de la Primature en matière de commerce international. En particulier sur le volet des importations, avec des restrictions qui ont fini par bloquer non seulement les marchandises dans les ports, mais surtout toute l'Economie nationale. La mission de Benmeradi, qui était en stand by, à la présidence comme conseiller, est claire: mettre de l'ordre dans un secteur en pleine débandade. Pour le reste des membres du gouvernement, y compris les ministres des Finances, du Tourisme ou de l'Agriculture, arrivés dans les bagages de Tebboune, aucun changement. Le Premier ministre semble satisfait de leur travail, et il compte donc, avec une équipe gouvernementale, formée pour l'essentiel du temps d'Abdelmalek Sellal, entamer, très vite, ses grands chantiers au devant desquels il y a la recherche des grands équilibres macro-économiques. Ahmed Ouyahia semble pressé, et ne voudrait pas perdre de temps, en formant un nouveau gouvernement. L'agenda étant serré, avec des priorités sociales et économiques incompressibles.

Mais pour l'heure, les délais sont trop serrés, avec la préparation, en urgence, de la rentrée sociale, et surtout, la prochaine réunion de la tripartite, prévue à Ghardaïa, mi-septembre. Le gouvernement devra, également, s'atteler très vite à l'élaboration de la loi de Finances 2018 qui devrait être encore plus austère que celle de 2017.