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Produits débloqués au port: Le retour à la normale prendra du temps

par Mokhtaria Bensaâd

Un déblocage, des améliorations, mais beaucoup reste à faire. C'est l'avis de certains opérateurs économiques après les dernières mesures prises par le gouvernement pour faciliter le dédouanement des marchandises bloquées aux ports. Ces professionnels n'écartent pas, cependant, le scénario des pénuries et la flambée des prix de certains produits sur le marché du fait que les stocks ont été épuisés en attendant le déblocage. La procédure administrative risque d'être longue pour l'approvisionnement.

L'instauration, au mois de juillet dernier, du régime des licences sur certains produits a créé une perturbation dans l'activité des producteurs et importateurs due à un amalgame dans la liste établie des produits interdits à l'importation. Selon les opérateurs économiques, une confusion a été enregistrée entre la matière première et le produits semi-fini, donnant du fil à retorde aux opérateurs. Mais la situation s'est éclaircie légèrement suite à la dernière note publiée le 14 août dernier par l'Association des banques et établissements financiers (Abef) annonçant la libération sans délai des marchandises importées avant l'instauration du régime des licences et l'application de cette nouvelle mesure «aux produits et marchandises dont l'importation a été suspendue suivant les notes 120/MC/SPM du 17/07/2017 et 159/MCSPM du 02/08/2017».

Ce que reprochent actuellement les opérateurs économiques et producteurs au gouvernement c'est la non-implication de ces professionnels dans la prise des décisions qui les concernent directement, disent-t-ils.

Un producteur d'aliments de bétail nous a expliqué que les prix du soja ont augmenté entre 20 et 30% ces derniers jours, alors que sur le marché international, on constate une diminution des prix de ces produits. Une valse que ces producteurs n'arrivent pas à suivre. Selon ce producteur, «en attendant que la situation reprenne son cours normal, nous avons épuisé nos stocks et nous attendons le nouvel arrivage. Cela peut prendre beaucoup de temps». Ce qui explique la flambée des prix sur le marché. A l'exemple du prix du poulet qui a grimpé de 300 à 450 DA, a souligné notre interlocuteur. Ce dernier estime, cependant, que les prix vont vers une stabilisation.

Pour une autre gérante d'une entreprise de fabrication de produits chimiques, une amélioration a été, certes, constatée ces derniers jours puisque même les réceptions au ministère de l'Energie et des Mines pour le dépôt des autorisations d'importation se font désormais tous les jours au lieu d'une fois par mois. Mais ces changements ne sont pas l'indice d'une meilleure gestion du secteur économique, nous dira cette gérante. Elle explique qu' «une liste des produits interdits à l'importation a été établie pour encourager la production locale. Mais, prenons notre cas, nous importons d'Espagne du soufre à 30.000 DA la tonne. Le même produit est vendu par les producteurs locaux à 120.000 DA la tonne. L'acheter à ce prix ne nous arrange pas. Comment faire alors ?» Vu ces contraintes, les opérateurs économiques estiment que toutes ces mesures sont prises sans étude préalable et sans implication des professionnels qui connaissent la réalité du terrain.