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Deux Algériens détenus en Irak libérés

par Mahdi Boukhalfa

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a affirmé hier dimanche que seule la concertation et le dialogue sont à même de permettre le règlement politique et consensuel des conflits dans les pays arabes.

Il a expliqué au cours d'une conférence de presse à l'issue d'une tournée dans plusieurs pays arabes entre fin juillet et début août que cette (tournée) intervenait «dans un contexte de mutations dans le monde arabe, de conflits et de concentrations d'activités terroristes». «Il y a des défis dans le monde arabe, mais on ne veut pas que cela nous soit imposé», a-t-il souligné, car «on doit se concerter sur ces défis» qui menacent la paix et la sécurité dans la région. En outre, il estime que le rôle de la Ligue arabe est justement là «pour régler ce type de défis» imposés à certains pays arabes, et «on doit donc se concerter pour faire face à ces défis».

En plus de la situation en Syrie, en Irak, en Libye, l'intervention militaire d'une coalition de pays du CCG plus le Maroc au Yémen, il y a actuellement la crise ouverte entre Doha et un groupe de pays arabes menés par Riyad qui ont coupé toutes leurs relations diplomatiques et économiques avec le petit Etat du Qatar. M. Messahel a ainsi relevé qu'au cours de cette tournée qui l'a notamment mené à Riyad, Le Caire, Mascate, Doha, Koweït City, Amman, Bagdad et Manama, il a fait part des préoccupations de l'Algérie quant à la tension permanente qui secoue le monde arabe. «Envoyé spécial» du président Bouteflika dans ces pays, M. Messahel a fait état de la vision de l'Algérie sur la nécessité de privilégier les voies politiques et pacifiques afin de venir à bout des conflits qui secouent toute la région et a, surtout, parlé de l'expérience algérienne en matière de déradicalisation. «C'est le sens du message du président Bouteflika à ses pairs arabes», a-t-il précisé. «Il y avait une bonne perception des dirigeants arabes de la vision et l'expérience algériennes sur la gestion de ces conflits liés notamment au terrorisme, sur le dialogue politique et la concertation» comme solutions pacifiques aux crises politiques, insiste M. Messahel. «On a donc expliqué l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme, la déradicalisation et le dialogue national», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie algérienne mentionne les reproches faites à l'Algérie par certains pays arabes pour son approche des crises en Syrie ou en Libye, notamment d'être partis en Syrie. Et, finalement, le temps nous a donné raison» dans notre politique à l'égard de la Syrie. «Il fallait ainsi expliquer (aux pays arabes), l'équidistance de cette politique étrangère de l'Algérie» sur les crises et les conflits internes dans certains pays arabes, ajoute-t-il. «Nous sommes un peuple qui refuse de s'ingérer dans les affaires des autres», rappelle-t-il. Il relèvera qu'au cours de sa tournée, la coopération économique n'a pas été laissée de côté, puisque des commissions mixtes notamment avec l'Irak, le Koweït et la Jordanie ont été réactivées, sinon mises en place. «Les pays du Golfe sont également intéressés par les opportunités économiques qu'offre la Transsaharienne», a par ailleurs relevé M. Messahel, car l'Afrique attire de plus en plus les investisseurs des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

Pour autant, le dossier de la gestion et l'expérience de la lutte contre le terrorisme par l'Algérie aura pratiquement constitué l'essentiel de l'intérêt des pays arabes, a-t-il souligné. «Nous sommes porteurs d'idées, on leur a même ramené un manuel sur la déradicalisation», a-t-il dit en parlant également de l'accueil «chaleureux» réservé à la délégation ministérielle algérienne dans les pays arabes. «Un accueil chaleureux nous a été réservé là où on est passé». Le message de l'Algérie au cours de cette tournée a été, précise M. Messahel, de «renforcer les rangs des pays arabes, une volonté commune pour engager des réformes urgentes de la Ligue arabe, la coopération économique et le développement du tourisme».

Sur la question du maintien du visa pour les Algériens par le Qatar, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que «l'Algérie n'est pas la seule concernée, il y a aussi le Maroc et la Tunisie. Seul le Liban a été exempté», a-t-il dit préférant éviter la question. Revenant sur le dossier de la Ligue arabe, il affirme qu'elle doit être «plus performante et efficace sur les grandes questions de l'heure». «Nous avons de bonnes relations avec tous les pays arabes et l'Iran», affirme encore M. Messahel. «Nous n'avons pris aucune initiative ou tenté une médiation» dans le confit opposant l'Arabie saoudite au Qatar. Pour nous, la solution réside dans «le dialogue politique dans le cadre du CCG».

Par ailleurs, M. Messahel, à une question de Le Quotidien d'Oran sur le sort des prisonniers algériens en Irak, a annoncé que deux Algériens ont été libérés au cours de ces dernières heures et seraient en sécurité à l'ambassade d'Algérie à Bagdad. Ils devraient regagner rapidement le pays. «Lors de mes entretiens avec les responsables irakiens, je leur ai dit que leurs familles et tout un peuple attend qu'ils soient libérés. Je leur ai même dit que je ne quitterai pas Bagdad sans les deux Algériens dans mes bagages. Ils m'ont promis de les libérer, mais qu'il fallait suivre une procédure particulière». Ces deux Algériens avaient été arrêtés par les autorités irakiennes alors qu'ils traversaient le pays. Ils avaient été condamnés à 15 ans de prison pour franchissement illégal des frontières. «Je viens d'apprendre qu'ils ont été libérés», nous a dit le ministre, et qu' «ils sont à l'ambassade». Il y a cependant cinq autres Algériens dans les prisons irakiennes, qui seraient membres de l'Etat islamique (Daech). «Mais, je ne vais pas demander de libérer les cinq Algériens membres de Daech détenus en Irak», nous a expliqué le ministre.

Le nombre des Algériens détenus en Irak serait de 12, mais le nombre exact reste inconnu.