Conçue pour une capacité maximale de 4.000 naissances
par an, l'unité hospitalière Hassiba-Benbouali,
dépendant du CHU de Blida et plus connue sous la dénomination d'hôpital Benboulaïd, du nom du quartier où elle se trouve, a
enregistré 12.927 naissances durant l'année 2016, et déjà au premier semestre
de l'année en cours, le nombre de naissances est arrivé à 6.683. C'est dire la
pression qui est exercée aussi bien sur le personnel que sur les installations
qui n'arrivent plus à soutenir ce rythme infernal. Déjà, lors de notre passage
au sein de cette unité, nous avons appris que durant les dernières 24 heures,
il a été enregistré 48 naissances dont 16 par césarienne, soit une moyenne
d'une naissance chaque demi-heure et près d'une césarienne par heure ! Les raisons de cette forte affluence au niveau de cette structure
spécialisée ?'mère et enfant» nous sont données par son directeur, M. Nazim Kessas : «Nous recevons des patientes de toutes les wilayas
limitrophes et même plus loin, de Laghouat, Djelfa, Médéa, d'Aïn Defla, de Tissemsilt,
de Tipaza et même du sud-ouest de la wilaya d'Alger», et d'ajouter : «Nous ne
refusons aucune parturiente même si nos capacités sont dépassées, nous ajoutons
des lits supplémentaires et nous essayons de réduire la durée de séjour pour
les mamans qui ont accouché normalement afin de permettre aux autres de trouver
des places ». L'unité Hassiba-Benbouali est
composée de trois services : gynécologie obstétrique avec 60 lits, chirurgie
infantile avec 30 lits et pédiatrie avec 60 lits et dispose aussi d'une unité
néo-natale. Elle dispose aussi d'un laboratoire où sont effectuées toutes les
analyses demandées par les médecins, d'un centre d'imagerie médicale et abrite
aussi le SAMU de Blida. Il faut dire aussi que l'encadrement médical de cette
unité est de qualité supérieure puisqu'il est chapeauté par le Pr. Oukid, doyen de la faculté de médecine de l'université de
Blida et de plusieurs spécialistes hautement qualifiés. Des activités
d'intervention, de traitement et de recherche sont aussi effectuées au sein de
cette unité qui bénéficie de l'appui des résidents qui y poursuivent leurs
études. Outre les accouchements et les interventions chirurgicales, près de
20.000 consultations de gynécologie ont été effectuées au courant du 1er
trimestre 2017 dont près de 9.000 pour les seules urgences. Afin de répondre
mieux aux attentes des malades et désengorger l'unité, des consultations
spécialisées ont été ouvertes à Ouled Yaïche (gynécologie), aux Bananiers (pédiatrie) et à la CCI
qui est mitoyenne de l'unité et où 888 interventions ont déjà été effectuées
durant le 1er semestre 2017. Malgré la forte sollicitation dont sont l'objet
les différentes structures de cette unité et le nombre multiplié par trois des
naissances qui sont effectuées, il n'y eut que 7 décès maternels enregistrés
durant toute l'année 2016, deux pour le premier trimestre 2017 et zéro décès
pour le deuxième semestre durant lequel 3.356 accouchements ont été
enregistrés. D'ailleurs, les cas de décès sont souvent le fait des patientes
qui n'observent pas les recommandations médicales et souffrant de maladies
chroniques et de cas qui arrivent à l'hôpital à un stade désespéré. Des
citoyens rencontrés au niveau des différents services nous affirment être venus
de différentes wilayas de la ceinture de Blida et déclarent avoir été dirigés
par les services locaux pour cause de manque de spécialistes en gynécologie ou
de moyens matériels. Un citoyen habitant une wilaya limitrophe de Blida affirme
: « Chez nous, les gardes sont effectuées chaque fois dans une structure de
santé dans des villes différentes, ce qui nous oblige à courir derrière les
médecins qui effectuent la garde, mais comme la wilaya de Blida, grâce au
réseau routier fort étoffé, est plus facile à atteindre, donc nous préférons
venir ici, d'autant plus que nous sommes sûrs de trouver les spécialistes et
l'accueil chaleureux auprès du personnel ». Le directeur de l'unité
hospitalière nous apprend aussi qu'il y a parfois des frictions entre le
personnel et certains patients irascibles mais « nous les gérons de notre mieux
pour éviter l'escalade », précise-t-il. Pour revenir au manque de garde au
niveau de certaines wilayas, il y a lieu de rappeler qu'une instruction du
ministère de la Santé permet aux responsables locaux de faire appel même aux
gynécologues établis à titre privé pour les impliquer dans les gardes au niveau
des structures hospitalières, cela éviterait les déplacements dangereux aussi
bien pour la femme que pour son bébé et décongestionnerait l'unité Hassiba-Benbouali qui pourrait alors répondre mieux aux
parturientes en situation difficile.