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Plus de 14.000 ha détruits: Brûler une forêt pour faire du charbon !

par Yazid Alilat

Beaucoup parmi les 1.604 feux de forêts enregistrés depuis le 1er juin dernier, détruisant quelque 14 310 hectares de massifs forestiers, sont d'origine criminelle, a annoncé, hier dimanche, le directeur général des Forêts (DGF) Azzedine Sekrane. Rompant un lancinant silence après les terribles incendies qui ravagent encore plusieurs régions du pays, notamment dans les wilayas de Béjaia, Blida, Annaba, Chlef, Aïn Defla, Tizi Ouzou, ou Jijel et Skikda, le DGF a indiqué que ?'du 1er juin au 5 août, les services de la direction des Forêts ont recensé 1 604 incendies étendus sur une surface de 14 310 hectares, dont 4. 848 ha de couvert forestier, 4 656 ha de maquis et 4 806 ha de broussailles». Durant cette période, il y a eu en moyenne 24 incendies par jour, qui ont ravagé 8,92 ha quotidiennement. Pour lutter contre ces incendies, il y a eu 1.682 interventions, dont 800 interventions rapides et 78 autres suite à de fausses alertes. Sur les raisons de ces incendies, dont certains ont fait disparaître des forêts entières dans la wilaya de Bejaia par exemple, il a indiqué que «certains d'entre eux sont d'origine criminelle», affirmant que les personnes responsables seront traduites en justice. M. Sekrane a notamment pointé du doigt les braconniers et autres producteurs clandestins de charbon de bois, la période étant propice avec l'approche de l'Aïd El Kebir. Il a indiqué que la DGF dépose une plainte contre X à chaque fois qu'un incendie se déclare.

Par ailleurs, le DGF a relevé la hausse du nombre d'incendies cette année par rapport à la même période de 2016 où 1 058 incendies avaient détruit 6 725 ha, dont 2 175 ha de surfaces forestières. La DGF a ainsi décidé de mobiliser à partir de cette semaine, des colonnes mobiles au niveau des wilayas non touchées pour renforcer les colonnes déployées dans les régions sinistrées. Par ailleurs, sur la décision du président Bouteflika d'indemniser les victimes des feux de forêts, notamment après ceux du début du mois de juillet dans la wilaya de Tizi Ouzou, il a indiqué que ses services «poursuivent l'opération de recensement et d'investigation, qui en est à sa phase finale». Le versement des indemnités débutera après le 31 octobre prochain, après la fin des enquêtes administratives et la saison estivale, a-t-il dit, avant de préciser, sur le mode d'indemnisation, que «les biens endommagés suite à ces incendies seront remplacés pour les victimes non assurées», alors que les propriétaires assurés percevront normalement leurs indemnités. Dans un précédent communiqué rendu public après la vague d'incendies de forêt des 11 et 12 juillet dernier, la DGF avait relevé que ces incendies ont parcouru 372 hectares de forêts, 594 hectares de maquis et 535 hectares de broussaille, soit une moyenne de 46 foyers par jour et une superficie de 470 hectares par foyer. Entre le 1er juin et le 12 juillet 2017, il a été enregistré 550 foyers ayant parcouru une superficie totale de 2 580 hectares, ajoute la DGF, indiquant que les wilayas les plus touchées par ces feux de forêts sont Bejaia, Tizi-Ouzou, Sétif, Médéa, Skikda. A Maatkas, dans la wilaya de Tizi Ouzou, il y a eu trois morts à la suite de ces feux de forêts, ainsi que la perte de centaines d'oliviers plusieurs fois centenaires. Une véritable catastrophe, qui a amené le président Bouteflika à annoncer une indemnisation pour les familles touchées par ces incendies, en particulier celles ayant perdu leurs plantations et élevages agricoles. Deux partis, le FFS et le RCD, rappelle t-on, avaient dénoncé ?'l'incapacité des pouvoirs publics à faire face rapidement aux situations d'urgence après les incendies qui ont ravagé plusieurs régions du pays''. Le FFS critique notamment l'''incapacité des pouvoirs publics à faire face aux incendies dans le Centre et la Kabylie, faisant plusieurs victimes et des dégâts matériels importants.'' Le RCD, de son côté, relève que ?'les autorités du pays ont brillé par leur absence comme si le drame qui se déroulait sous leurs yeux ne les concernait pas. Malgré la gravité de la situation, aucun dispositif, ni moyens exceptionnels n'ont été déployés?.