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Tébessa: Cap sur Bir El Ater !

par Almi Chabana

Bir El Ater, deuxième agglomération de la wilaya de Tébessa. Côté jardin, Djebel Onk fut un fleuron de l'industrie de transformation, jusqu'à ce que la crise économique vienne affecter le secteur des mines à son tour. Le complexe d'extraction et traitement du phosphate a eu son heure de prospérité, on y débarquait de partout pour travailler. Depuis, Bir El Ater, par la force des choses, sa situation géographique de localité frontalière, à cheval entre le nord et le sud en allant vers le Sahara, tous ces éléments avaient fait, il y a quelques décennies déjà, du fief de Ouled Sidi Abid une plaque tournante de la contrebande tous azimuts. Une réputation surfaite, disent certains. Car le phénomène de la contrebande reste l'apanage de quelques-uns, distribuant les rôles, qui ont fait leur beurre sur le dos des autres, des dizaines de milliers de sans-grade, au vu d'une conjoncture socioéconomique des plus moroses, avaient été traînés dans l'engrenage des activités commerciales illicites, faute de mieux, des circonstances atténuantes pour des jeunes happés par le chômage et la mal-vie. L'étau de quelques affairistes sans vergogne se resserra aussitôt sur des jeunes obnubilés par la tentation de la richesse vite acquise, peu importe les moyens, des miroirs aux alouettes dressées au bord des routes et les victimes se comptaient par centaines. Aujourd'hui Bir El Ater et ses satellites, Oum Ali, Saf Saf Ouesra, plus au sud Negrine et Ferkane vivent au rythme des activités de la contrebande, des communes sans ressources, peu de projets viables. Vrai ou faux, ici la vie des gens est réduite, les perspectives ne sont guère claires. De toute façon, les habitants de la région sud de la wilaya de Tébessa vous disent que les opportunités du boulot «légal» sont peu nombreuses, les concours de recrutement dans le public ou le privé sont réservés à quelques privilégiés, l'émigration vers d'autres villes n'est plus la solution. Bir El Ater, c'est aussi ces problèmes au quotidien, de l'alimentation en eau potable, de défaillance des réseaux d'assainissement dans les cités résidentielles, de l'état dégradé des routes et des retards dans l'attribution des logements. Alors, un moment on a cru aux promesses des pouvoirs publics, de faire de Bir El Ater un pôle minier d'importance, avec les programmes successifs de modernisation et équipement des capacités de production des gisements de phosphate de Djebel Onk, la mise en service du gisement de Blad El Hadba, destiné à approvisionner le futur complexe de transformation du phosphate d'El Aouinet/ Oued Kebarit. Pour ce faire, le projet de la réhabilitation de la voie ferrée Djebel Onk/ Annaba a été lancé. Tout cela présageait la création de milliers d'emplois au profit des jeunes sans travail dont beaucoup sont universitaires. Alors, en attendant que la chance tourne, l'on continue de végéter au gré des circonstances, avec les moyens du bord, du carburant revendu de l'autre côté des frontières, d'autant plus que la monnaie du pays voisin vient compenser les risques encourus, une marge bénéficiaire conséquente encourage les jeunes à recourir à une activité décriée par l'opinion, mais demeure tout de même la seule planche de salut. Les denrées alimentaires, les pièces détachées feront également l'affaire ; tant qu'on a dans le viseur cette belle habitation à construire, cette grosse bagnole à acquérir, pour se vanter devant ses semblables et se venger de la vie. Depuis Bir El ater, tout en postulant au rang de wilaya déléguée, d'après le nouveau découpage administratif à l'horizon, la région tout en entière voit en cette opportunité l'occasion de se débarrasser enfin de certaines pesanteurs, considérées comme un frein à son décollage socioéconomique.