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Décès d'une parturiente et de son bébé à Djelfa: Cinq mandats de dépôt délivrés

par Moncef Wafi

Cinq mis en cause dans l'affaire du décès d'une parturiente à Djelfa ont été placés, jeudi dernier, sous mandat de dépôt par le procureur de la République près du Tribunal de Aïn Oussara, wilaya de Djelfa. Le magistrat a placé en détention provisoire trois sages-femmes employées dans les hôpitaux de Aïn Oussara, Djelfa et Hassi Bahbah, un surveillant médical ainsi que le responsable des gardes de l'hôpital de Hassi Bahbah. Son collègue de Aïn Oussara a été placé sous contrôle judiciaire. Cette décision fait suite à l'enquête diligentée par le parquet suite à la plainte déposée par la famille de la victime, une jeune femme de 23 ans, pour négligence.

Le décès qualifié par la famille de «suspect» a soulevé une vague d'indignation aussi bien sur le plan local que national d'autant plus que la défunte avait été refusée d'accès dans les trois hôpitaux susnommés alors que son état était critique. Elle a fini par accoucher d'un mort-né dans la voiture entre Hassi Bahbah et Aïn Oussara, avant de perdre connaissance à cause de l'hémorragie qui s'en est suivie. A l'hôpital de cette dernière localité, un médecin cubain effectue une hystérectomie de sauvetage pour arrêter l'hémorragie, mais la jeune maman décède le lendemain. Rappelons que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avait annoncé, samedi 29 juillet, dans un communiqué, sa décision de se constituer partie civile dans cette affaire. Le département de Hasbellaoui, sitôt les faits connus, avait dépêché sur place «une commission d'enquête constituée de trois inspecteurs et d'un professeur en gynéco-obstétrique chargés de faire toute la lumière sur tous les aspects administratifs, organisationnels et médicaux de cette affaire». Le ministère de la Santé avait indiqué que les responsables «de négligence et de laisser-aller dans cette affaire» seront «sévèrement sanctionnés à la lumière du rapport définitif» de cette commission d'enquête, indépendamment de l'enquête judiciaire en cours. Une commission qui a travaillé sur la base des constats, des informations et des témoignages recueillis sur les lieux du drame. De son côté, la direction de la santé de la wilaya de Djelfa avait pris des mesures d'urgences en suspendant à titre conservatoire le personnel médical responsable au niveau des trois hôpitaux cités dans la plainte de la famille.

Par ailleurs, et conséquemment à cette décision de la justice, des dizaines d'employés de l'hôpital de Aïn Oussara, dont des médecins et des sages-femmes, ont organisé, hier, un sit-in de solidarité et de protestation exigeant la libération de leur collègue. Ils ont menacé de déposer une démission collective, à partir d'aujourd'hui, si leur doléance n'est pas prise en compte. Ils affirment que la sage-femme n'a fait qu'orienter la victime vers l'hôpital de Hassi Bahbah à cause de l'absence de l'obstétricienne de garde et n'a, à aucun moment, fait preuve de négligence. L'affaire a suscité consternation et colère parmi l'opinion publique alors qu'une délégation du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) s'était rendue, mercredi dernier, dans la wilaya de Djelfa pour s'enquérir des circonstances du décès de la parturiente. Le CNDH rapporte dans son communiqué qu'il «suit avec intérêt» la situation sanitaire dans le pays dans le cadre de sa mission en tant qu'instance constitutionnelle nationale indépendante. La même source d'informations précise que des cas similaires peuvent se produire à travers le pays, indiquant que le CNDH «publiera prochainement, à l'issue de ses visites à travers le territoire national, un rapport sur la situation de la santé en Algérie».