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Assurance: L'Algérien dépense une moyenne de 4 000 dinars en assurance

par M. Aziza

Contrairement aux années précédentes, la croissance dans le secteur des assurances est tirée aujourd'hui par les branches assurance-vie ou assurances des personnes, notamment en cette conjoncture économique de forte contraction des importations ayant impacté le secteur automobile, en Algérie. Toutefois, l'absence de culture assurantielle chez les Algériens empêche l'épanouissement et le développement des différents segments du secteur. Selon Saïd Haddouche, directeur général chez l'Algérienne-Vie (Algérian Gulf Life Insurance Company, AGLIC), l'Algérien dépense seulement une moyenne de 4 000 da annuellement pour l'assurance. Et d'affirmer qu'un Sri-Lankais fait pratiquement la même dépense qu'un Algérien.

Le taux de pénétration de l'assurance en Algérie, tous segments confondus, est de 0,8 %, un taux largement en-deçà de la moyenne mondiale qui avoisine les 7%. En France, précise notre interlocuteur, le taux de pénétration est de 9,3 %. Autrement dit, le Français dépense 10 % de son revenu en assurance.

M. Hadouche affirme que la demande sur l'assurance vie ou l'assurance des personnes ne cesse d'augmenter, « mais on ne peut parler aujourd'hui, d'engouement », a-t-il reconnu.

Il précise que du point de vue de la demande « on fait tout simplement face à une population qui n'a pas une culture d'assurance parce qu'en Algérie, on continue à croire à la solidarité familiale et communautaire ». Et d'affirmer qu'il y a aussi le poids du religieux et du fatalisme qui est ancré dans l'esprit de certains Algériens.

Du point de vue de l'offre, dit-il, les entreprises d'assurances manquent d'agressivité commerciale. « Elles ne sont pas très offensives, il y a un manque de travail d'information en direction du grand public ». Et d'évoquer en outre, le manque également d'un réseau de distribution adéquat pour ce genre d'assurance. Sachant qu'ailleurs, notamment dans les pays développés, l'assurance-vie est distribuée beaucoup plus par le réseau bancaire que par le réseau traditionnel (compagnie d'assurance). Notre interlocuteur a indiqué dans ce sens qu'en France par exemple, 60 % des produits de l'assurance-vie sont distribués par le secteur bancaire, où des mandats de distribution sont directement octroyés par les compagnies d'assurance aux banques. En Algérie, la réglementation existe mais elle est contraignante, en exigeant l'octroi des mandats de distribution exclusivement à des personnes nominatives au sein de la banque, c'est-à-dire, les mandats doivent être donnés à des souscripteurs personnalisés exerçant au sein de la banque. M. Hadouche plaide, dans ce sens, pour la démocratisation de cette procédure, voire pour le changement de cette réglementation afin de permettre le développement de ce segment d'assurance. Le DG d'AGLIC a affirmé en outre, qu'il y a beaucoup de banques publiques qui ne sont pas sensibilisées sur l'importance de la distribution de l'assurance. Pourtant, les banques peuvent gagner beaucoup notamment en cette période de crise, en vendant des produits d'assurance. Et d'expliquer qu'avec les mêmes moyens et le même personnel, les banques peuvent générer des revenus supplémentaires en vendant des produits d'assurance.

A noter qu'AGLIC est une entreprise d'assurance spécialisée dans l'assurance des personnes. C'est une entreprise qui s'est lancée dans l'aventure depuis déjà une année. Elle est en plein structuration et développement dans le segment assurance-vie et des personnes. La compagnie d'assurance de personne, Caarama filiale de Caar, dont la date de création remontre à 2011, s'en sort bien dans ce segment d'assurance. La compagnie a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards (mds) de DA en 2016 (contre 1,8 md de DA en 2015). Et avec des résultats nets qui dépassent les 100 millions de DA. Son PDG par intérim, Mounir Gharnouti, a affirmé que l'entreprise a enregistré un taux de croissance de 10 % en 2017 par rapport à 2016. Et de préciser que le marché de l'assurance-vie est en plein développement en soulignant que « ce segment assurance-vie tire la croissance du marché des assurances, notamment dans la conjoncture actuelle ».