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Constantine - Toxicomanie: La FNLDT tire la sonnette d'alarme

par A. M.

Le docteur Mahmoud Benarab, président de la Fédération Nationale de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (FNLDT) et membre de l'APW de Constantine, nous a annoncé, hier, que «quelque chose comme 5 quintaux de cannabis indien sont consommés chaque semaine par nos jeunes dans la wilaya de Constantine !». C'est dire, a-t-il ajouté, que le phénomène de la drogue et de la toxicomanie se développe d'une façon effarante dans le pays. Notre interlocuteur a tenu à spécifier que «c'est un chiffre quasi officiel. Et je suis responsable de ce que je dis». L'organisation, présidée par ce médecin établi à Constantine, qui est implantée dans 38 wilayas du pays et a son siège dans la capitale de l'Est, a été honorée dernièrement par l'inspection régionale de la police de l'Est qui a cité en exemple le travail efficace que mène son organisation dans le domaine de la lutte contre la drogue et la toxicomanie.

Ce dernier nous a expliqué que ce qui est en train de prendre de l'ampleur actuellement au niveau de tout le pays, ce n'est pas le cannabis qui est devenue un peu la «drogue du pauvre», mais c'est bien la cocaine. «Actuellement, a-t-il ajouté, il y a une forte concentration de cocaine dans le pays, qui circule et prend beaucoup d'ampleur, surtout dans la région ouest. Nous recevons chaque semaine des rapports périodiques émanant des associations affiliées à notre organisation qui signalent que la cocaine est devenue maintenant l'apanage de jeunes entrepreneurs qu'on peut qualifier de «nouveaux riches», des sortes de barons de la drogue. Ils sont installés dans cette région et ramassent un argent fou par le trafic de cette substance. Cette catégorie de gens a les moyens de se payer cette drogue. Et 500 grammes de cocaine rapportent l'équivalent de 500 kilos de cannabis. Avec risque en moins car on peut cacher la cocaine partout. Nous n'avons plus affaire à des petits voyous classiques qui se font prendre facilement en flagrant délit de vente ou de consommation, mais à des réseaux bien organisés et disposant de moyens pour mener leur trafic, des gens fortunés qui protègent leurs fournisseurs, les dealers».

La CNLFDT fait un travail discret, avec un programme annuel bien ciblé et continue. «Notre organisation ne peut pas lutter toute seule contre ce phénomène. Mais nous menons une lutte ciblée et orientée en direction des jeunes scolarisés dans les établissements de l'éducation et de la formation professionnelle. Nous agissons aussi en direction des adultes, mais en s'appuyant sur les lieux de culte, les mosquées, avec la collaboration du secteur des affaires religieuses et des imams, en utilisant les moyens que nous possédons pour mener notre travail de sensibilisation : par des conférences, projection de films documentaires et par l'exposition de photos sur le sujet à l'intention des fidèles».

Et selon lui, ces actions se déroulent, sans tapage médiatique, tout au long de l'année. Dans les centres de formation professionnelle particulièrement où la catégorie d'apprenants qui se recrute à ce niveau appartient à celle qui a échoué dans le cycle scolaire, une catégorie fragile et très perfectible et qui est, fatalement, la plus touchée par la drogue et la toxicomanie», termina le docteur Benarab.