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Service de Médecine légale du CHUO: Deux à trois cas de violences contre ascendants chaque semaine

par J. Boukraâ

  Le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. Jadis qualifiées de crimes de lèse-majesté, les violences sur ascendants sont, désormais, commises sans pudeur et le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur, notamment dans les grandes villes. Le service de la Médecine légale du Centre hospitalo-univestaire d'Oran reçoit, une moyenne, deux à trois victimes, chaque semaine. La plupart des victimes sont âgées de plus de 60 ans. Ces derniers subissent les pires formes de violence et de torture. En dépit des violences subies, l'amour du fils prime.

Les mères battues représentent le taux le plus élevé, mais rares sont celles qui déposent plainte. Sur le total des victimes frappées par leurs enfants, seuls 40% déposent plainte. Le reste use de certificat d'incapacité comme moyen de pression sur leurs enfants pour qu'ils ne récidivent plus. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre.

Les exemples de cette violence au quotidien sont nombreux, Lorsque ce ne sont pas des coups, ce sont des agressions verbales. Selon les affaires traitées, les enfants adoptifs figurent, en bonne place, dans le classement des types d'agresseurs. Beaucoup de garçons, lorsqu'ils découvrent la vérité, sur leur passé, se retournent contre leurs parents adoptifs et adoptent envers eux, un comportement tout autre. Ils les accusent d'être responsables de leur sort. Ainsi, ces enfants deviennent incontrôlables. D'autres, en revanche sont victimes de troubles psychiques et sont des alcooliques ou des toxicomanes et ne peuvent, de ce fait, se contrôler.

Le mauvais traitement infligé aux parents, par leur progéniture, s'avère, aujourd'hui, une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un sujet tabou.

La violence à l'égard des ascendants est même devenue un phénomène récurrent. En tous les cas, ce ne sont pas les statistiques dressées par les services hospitaliers qui contrediront cette amère réalité. La violence contre les ascendants est une pratique punie par la Loi algérienne. En ce sens, l'article 267 du code de procédure pénale stipule que tout individu auteur de coups et blessures volontaires contre ses ascendants est passible d'une peine allant de 5 à 10 ans de prison ferme. Et dans le cas où cette forme de violence répréhensible provoque un quelconque handicap chez la victime, la peine encourue peut s'étendre jusqu'à une vingtaine d'années de prison ferme.

En 2016, le vice-président de la Cour d'Oran, M. Laidi Brahim avait indiqué que le Tribunal d'Oran enregistre 5 à 6 affaires de violence sur ascendants, par semaine, estimant qu'il faut tirer la sonnette d'alarme pour lutter contre ce phénomène.

Dans une intervention, lors des travaux de la dernière journée du Colloque national sur la violence familiale, organisé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, il a souligné que ce phénomène prend des proportions alarmantes, dans la société algérienne musulmane, allant de la violence verbale et corporelle à l'homicide.