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La sénatrice de Paris Leila Aichi au « Le Quotidien d'Oran »: «L'élection d'Emmanuel Macron est un signal par rapport à l'histoire entre les deux pays»

par Propos Recueillis Par Zahir Mehdaoui

C'est la plus jeune sénatrice de France. Leila Aichi est depuis quelques jours en Algérie pour faire campagne auprès des Français résidant en Algérie mais surtout auprès des binationaux qui habitent sa circonscription à Paris. Leila Aichi a été sous les feux de la rampe durant le premier tour des législatives à cause des propos qu'elle aurait tenu sur le Sahara occidental et dont elle est accusée directement par son adversaire, M'Jid El Guerrab, un Franco-Marocain qui a voulu instrumentaliser le conflit à des fins électoralistes.

Dynamique, sereine, joviale, la dame dont les origines sont de Tlemcen, évoque de nombreux sujets dont l'élection de Macron qui a désormais, selon elle, donné un nouveau souffle aux relations avec l'Algérie.

Le Quotidien d'Oran: Vous avez été victime d'une campagne de dénigrement en France mais aussi au Maroc par votre concurrent lors du premier tour des législatives. Est-ce que cela a un rapport avec vos origines algériennes ?

Leila Aichi: J'ai été effectivement victime d'une campagne de dénigrement de la part de mon contradicteur, M'Jid El Guerrab, qui a manipulé, orchestré cette campagne et qui a voulu justement joué sur le fait que j'avais des origines algériennes en pensant me déstabiliser en arguant des éléments faux à mon encontre. L'objectif était de me destituer pour récupérer l'investiture, sachant que sur les 577 circonscriptions il y'a à peu près une dizaine où on a identifié d'autres candidats qui se revendiquent de la «République en marche» (Le nouveau mouvement du président Emmanuel Macron. Ndlr).

C'est dommage, car cela a empêché le débat démocratique sur les enjeux justement de la 9e circonscription qui regroupe, comme vous le savez, 16 pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Il y'a un beau débat autour de ces questions. Aujourd'hui la France a besoin de cette partie du monde et cette partie du monde a besoin aussi de la France, notamment sur les questions de la sécurité.

Je trouve cela triste et lamentable qu'un candidat à la députation ait instrumentalisé de tels arguments à des fins personnelles.

Q.O.: Vous étiez récemment au Maroc dans le cadre de votre campagne pour le second tour des législatives.

Comment s'est déroulée cette visite après tout ce qui a été dit sur vous par votre adversaire sur le Sahara occidental ?

Leila Aichi: Ben écoutez, ça s'est très bien passé. J'ai été reçue par les autorités marocaines des différentes forces politiques de la chambre des représentants et du sénat. Je suis soutenue par les Franco-Marocains ; je suis soutenue par des Français expatriés et par des Français qui vivent au Maroc. Je me permets cette différence car chacun se revendiquant de cette particularité ou de cette différence aime bien avoir cette qualification. J'ai été très bien reçue. Alors évidemment les seules personnes qui sont gênées c'est le clan de M'Jid El Guerrab et ses acolytes.

Il a quelques acolytes, bien évidement. Il a son fief économique et familial à Casablanca. Donc, je le gène et je gêne son réseau et son groupe si je puis dire. Pour le reste j'ai été très bien accueillie.

Q.O.: Vous êtes ici à Alger pour faire bien évidement campagne. Est-ce que vous pensez que les binationaux ont de la sympathie pour le nouveau mouvement du président français « La république en marche ».

Leila Aichi : Si on regarde le résultat des élections présidentielles c'est évident que les binationaux ont plus que de la sympathie. Ils ont adhéré à « La république en marche ». Ils ont adhéré au programme et au projet d'Emmanuel Macron. Ils ont voté en masse pour lui. D'ailleurs il a fait des scores très importants dans cette circonscription.

Q.O.: Vous êtes à Alger depuis plusieurs jours. Comment trouvez-vous l'Algérie et comment voyez-vous les relations entre l'Algérie et la France après l'élection de Macron ?

Leila Aichi: Ecoutez, j'ai eu un accueil chaleureux de la part de mes compatriotes qui vivent ici. Vu les échanges qu'on a pu avoir avec eux, on sent un bien-être, amour pour ce pays. Alors maintenant j'espère qu'effectivement le fait qu'Emmanuel Macron soit aujourd'hui président de la république il y'aura un renforcement des liens encore entre la France et l'Algérie. Emmanuel Macron a impulsé un nouveau souffle pour cette partie du monde, pour le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. C'est un jeune président et une nouvelle génération. Il est dans une nouvelle dynamique à l'égard de ce continent que je trouve extrêmement pertinente et dont les deux rives de la Méditerranée en ont besoin. L'élection d'Emanuel Macron est aussi un signal par rapport à cette histoire qui a été mouvementée et douloureuse entre les deux pays. Aujourd'hui, avec un président comme Emmanuel Macron, on donne un nouveau souffle notamment pour la jeunesse. Je trouve que c'est un bel espoir et je suis d'ailleurs heureuse qu'il soit venu lors de sa campagne électorale en Algérie et aujourd'hui au Maroc. Il donne par cela un signal fort à cette zone importante.

Q.O.: Enfin, dernière question, quelle lecture faites-vous de la visite en premier lieu du Maroc alors que tous les précédents présidents après leur investiture avaient opté d'abord pour Alger ?

Leila Aichi: Je pense que la lecture qu'on peut faire réside dans le fait que comme il est déjà venu lors de sa campagne électorale en Algérie et en Tunisie et qu'il n'a pas fait le Maroc, c'est un moyen aussi pour lui d'aller saluer les autorités marocaines. D'ailleurs la visite est une visite de famille. Elle est extrêmement restreinte pour faire connaissance. Je pense que c'est extrêmement important que le nouveau président vienne au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Après sa visite chez Angela Merkel je pense que c'est un beau signal.